© Pyc
La métallerie française reste attachée à ses tréteaux. Sans vouloir imaginer la fin de cet équipement qui reste utile, regardons ce que pourrait apporter la table. À trous ou à rainures, elle peut changer l’organisation et la façon de travailler.

À voir les atouts de la table à souder, nous serions tentés de clamer haut et fort : « tous à table ! ». Ne nous emballons pas, les tréteaux ont encore leur place dans l’atelier de métallerie. Ne serait-ce que pour une raison d’acceptabilité par les salariés. Certains compagnons, pas forcément les plus anciens, préféreront toujours un bon duo de tréteaux. Lorsqu’il est en bon état et posé sur un sol propre et de niveau, il fait très bien le job et cela pour un tarif imbattable. Les employeurs y sont sensibles… Mais voilà, il est bon de bousculer les habitudes, de sortir des schémas classiques et accessoirement, de faire un peu de rangement dans l’atelier. L’arrivée d’une table dite « à brider » offre l’occasion de créer dans une TPE aussi bien que dans une ETI une transformation aussi bien de l’organisation que des méthodes de travail. Il y a des gains de productivité et de qualité à capter, sans compter le confort au travail qui est ici nettement meilleur. Voici cinq choses à savoir sur cet étonnant « meuble » métallique.

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1 ce n’est pas un établi !

Une table à souder est non seulement un marbre, mais aussi une pièce de précision. Quelles que soient la marque et la technique utilisée (à trous, à plaques rainurées ou autre) il s’agit d’un ensemble usiné ou découpé au 10e de mm près. Cela suppose d’en prendre soin. Pas question de passer des coups de meuleuses comme on le ferait sur une paire de tréteaux, pas question non plus d’y redresser une pièce au marteau ou ne serait-ce que d’y jeter brutalement des éléments de charpente. On ne fait pas non plus son amorce de soudage sur la table. Mieux vaut fixer un bout de tôle dans un coin pour ça.

2 Ça peut remplacer un gabarit pivotant

Pour ceux qui hésitent entre une table à brider et un gabarit de soudage mobile pivotant de type Creaswiss ou le luxueux (et encombrant) modèle de Jansen, il faut savoir que la table fixe a de solides arguments. Avec les outils de serrage qui se placent ultra rapidement, il est extrêmement facile de créer un gabarit dès lors que l’on a des séries identiques de menuiseries ou de garde-corps à réaliser. Certes il faudra retourner la pièce à la main, mais la table restera de toute manière plus polyvalente qu’un gabarit pivotant qui est d’ailleurs plutôt réservé à la fabrication de menuiseries acier.

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© JPS

3 C’est un gros investissement

Évidemment qu’une table est plus chère qu’une paire de tréteaux. Pour nombre de métalliers le prix de ce matériel est un frein. Cela vaut notamment pour les fabricants germaniques (Siegmund, Demmeler, Förster Welding…) chez lesquels le plus petit modèle démarre à 4 000 euros avec une poignée de broches de serrage. Depuis peu est apparue une concurrence polonaise (GPPH) qui « casse les prix » sur Internet. Dans un autre registre il y a le fabricant français JPS (voir encadré) dont les prix des tables et des accessoires sont entre 25 et 30 % moins élevés que ceux des fabricants d’outre-Rhin. Il a développé son propre système dont le prix de revient est plus bas. Dans tous les cas, c’est un produit qui impose de réfléchir à ses besoins actuels et futurs avant d’investir. Comme le résume assez bien Julien Bonnet, métallier youtubeur et dirigeant de Technium, « ça ne sert à rien d’avoir une Ferrari pour rouler dans un parking sous-terrain ».

4 Traitement de surface et marketing

Ces tables peuvent, selon le fabricant et la gamme, être proposées avec des traitements spécifiques telles que la nitruration plasma. Il s’agit d’un durcissement de la surface qui rend la table moins sensible aux rayures et aux chocs. L’effet anti-grattons généralement mis en avant dans la communication n’est pas évident sauf à constater que le gratton s’accrochera plus sur une surface rayée. Si l’on veut impérativement éviter les grattons il faut opter pour une table en fonte grise pour souder l’acier ou une table en alliage alu-cuivre pour souder l’Inox. Bien régler son poste et le débit de gaz permet de réduire les projections…

5 Un vecteur d’attractivité

Ça ne fait pas de doute, une table a meilleure allure qu’une paire de tréteaux qui a connu trois générations de compagnons… Les chefs d’entreprise qui hésitent sur un tel investissement doivent aussi s’interroger sur l’allure générale de leur atelier et son attractivité. Un jeune métallier devant une table à souder avec la collection d’accessoires à brider, fera sans doute une autre tête s’il devait repasser sur des tréteaux…

JPS, un fabricant français bien inspiré

Jérôme Peyrouton est chaudronnier soudeur, il a monté son entreprise JPS en 2013 à Cérons (33). Entouré de vignobles il fabrique toutes sortes d’ouvrages en Inox pour les chais de la région. En 2018 il décide de s’équiper en tables à souder. Le prix des produits du marché lui paraît excessif. Il décide alors de créer sa propre table avec un système de fixation rapide qu’il fait breveter. La table fait 6 mm d’épaisseur (contre 12 à 15 mm pour les fabricants allemands) pour pouvoir être découpée au laser. Les outils de bridage se bloquent simplement par un effet de baïonnette sans billes poussées par un ressort. Une table plus fine mais aussi plus renforcée : pour une table de 2 x 1 m il y a dix plaques de renfort de 150 mm. Résultat, les ventes de JPS décollent et l’entreprise s’est concentrée sur la fabrication de tables. L’entreprise française dispose de cinq formats de tables de la plus petite de 500 mm x 1 000 mm, à la plus grande 2 500 x 1 250 mm.

JPS, un fabricant français bien inspiré

Jérôme Peyrouton est chaudronnier soudeur, il a monté son entreprise JPS en 2013 à Cérons (33). Entouré de vignobles il fabrique toutes sortes d’ouvrages en Inox pour les chais de la région. En 2018 il décide de s’équiper en tables à souder. Le prix des produits du marché lui paraît excessif. Il décide alors de créer sa propre table avec un système de fixation rapide qu’il fait breveter. La table fait 6 mm d’épaisseur (contre 12 à 15 mm pour les fabricants allemands) pour pouvoir être découpée au laser. Les outils de bridage se bloquent simplement par un effet de baïonnette sans billes poussées par un ressort. Une table plus fine mais aussi plus renforcée : pour une table de 2 x 1 m il y a dix plaques de renfort de 150 mm. Résultat, les ventes de JPS décollent et l’entreprise s’est concentrée sur la fabrication de tables. L’entreprise française dispose de cinq formats de tables de la plus petite de 500 mm x 1 000 mm, la plus grande 2 500 x 1 250 mm.