Ceux qui ont déjà vu une métallerie au Japon ne seront pas dépaysés. La région parisienne a deux points communs avec l’archipel nippon : la rareté du foncier et le manque de main-d’œuvre. Ça donne quoi chez CM Mezache à Lagny-sur-Marne ? Cette entreprise créée en 2002 par Salem Mezache, conjugue un espace de 350 m2 (bientôt 450 m2) avec un équipement de haut niveau technique. Comme au Japon où l’on est passé maître en optimisation de l’espace, en réduction des déchets et en suppression de déplacements inutiles, chez CM Mezache il n’y a pas un mètre carré gâché.
Tables à souder et centre d’usinage
L’atelier est au rez-de-chaussée de cet entrepôt et les bureaux (environ 30 m2) sont à l’étage. Peu d’éclairage naturel et pas de flux traversant : la matière première entre par la même porte par laquelle sortent les ouvrages finis. L’ensemble est propre et bien rangé. Ce qui frappe le visiteur c’est l’équipement. À gauche, dès l’entrée se trouve une table de soudage Jansen, le haut de gamme du genre. Un marbre rotatif motorisé d’une précision élevée. En face, une table à trous de la marque allemande Demmeler, là encore un marbre pour travailler de niveau et brider impeccablement les ouvrages avant de souder. Dans le fond on aperçoit la Combi distribuée par JC Colombo. Une plieuse – cisaille, la machine deux-en-un idéale pour les ateliers exigus. Dans une deuxième partie de l’atelier, à droite en passant une porte, on découvre une table plasma de fabrication française JD Cut de 3 000 × 1 500 mm. Une machine accessible et suffisamment précise pour réaliser des pièces de menuiserie telles que les gâches de crémones, par exemple. À côté de la table, à une distance de 2 m, une fraise-scie à deux têtes de Fom Industrie, un matériel classique et éprouvé.
Enfin, dans le fond à gauche, se trouve la pièce maîtresse : un centre d’usinage 3 axes vertical de chez Abcd Machinery (photo ci-dessus). Une machine qui permet de réaliser avec précision et avec un bon rendement tous les usinages nécessaires : perçages et taraudages dans les profils de menuiserie acier, les tubes et les plats. Salem
Mezache, l’a acheté en Italie, directement chez le fabricant. Pour ce dirigeant, avoir de bonnes machines et savoir s’équiper passe aussi par une certaine habileté à l’achat…
Côté conception, CM Mezache utilise plusieurs outils dont Topsolid, SketchUp, DesignCad et AutoCad. « Je regrette l’époque de Cesiom, l’éditeur de Cesi2D qui a hélas disparu. C’était un logiciel bien pensé pour les métalliers ».
Salem Mezache
Né il y a 54 ans en Kabylie d’un père algérien et d’une mère française, Salem Mezache, n’a pas été un élève enthousiaste. Arrivé adolescent en France il est orienté vers un Lycée d’enseignement professionnel (LEP). Il y découvre la métallerie. « J’ai appris mes cours avec application et sérieux ». C’est en suivant ensuite l’enseignement au Centre des métiers d’arts de Périgny dans le Val-de-Marne qu’il révèle une passion pour le métier. C’est dans cet établissement soutenu par le ferronnier Bataillard, que le jeune Salem apprend les courants artistiques et la ferronnerie d’art. Cela explique sans doute son goût pour les beaux ouvrages. Des réalisations uniques et dans lesquels le savoir-faire des compagnons trouve toujours pleinement sa place.
Clientèle haut de gamme et sportive
Qu’en est-il des marchés et des clients ? « Nous travaillons pour des syndics, des entreprises générales, des marchés publics et pour des particuliers via des décorateurs et pour des chantiers plutôt haut de gamme ». Des jardins d’hiver dans l’esprit XIXe siècle, des extensions et des verrières complexes, des escaliers sous toutes les formes et évidemment des menuiseries acier. Client Jansen de longue date, d’autant que le point de vente Prolians est à 200 m, Salem Mezache reconnaît cependant qu’il « modifie autant que possible les profils des gammistes ». Peut-on parler de personnalisation ? « Notre métier doit veiller à alimenter une certaine diversité et à ne pas nous laisser imposer les modèles des gammistes. Avec les outils dont nous disposons, nous parvenons à retravailler les profils de gamme et à changer leur esthétique pour en faire des solutions uniques ». Récemment un chantier a été livré pour un bâtiment Art Déco à Paris. Les menuiseries acier ont été remplacées par des châssis sur base de profils Otto Stumm, un gammiste suisse qui a relancé des profils dans l’esprit des gammes UT des années cinquante. Là aussi, CM Mezache se permet de retravailler le profil de manière à faire des châssis spécifiques. Pour la métallisation et le thermolaquage, il y a Technic’Epoxy à une quinzaine de kilomètres.
Autre marché : les équipements sportifs. Cette métallerie est en effet étroitement associée dans la réalisation d’équipements pour l’Insep, l’Institut national du sport, de l’expertise et de la performance, notamment des parcours d’entraînement à partir de structures métalliques spécifiques.
Un des partis pris chez CM Mezache est de réaliser des ouvrages qui puissent être démontés, réutilisés, entretenus pour une longue durée de vie. Le dirigeant est résolument engagé dans une démarche de développement durable, convaincu qu’il faille travailler autrement pour générer moins de déchets (pas d’emballage plastique, peu de chutes…) et convaincre les clients d’investir pour le long terme, dans des solutions à faible impact sur l’environnement. En fait, il s’agit d’une métallerie pleinement dans l’air du temps…
Entreprise : CM Mezache
Effectifs : 7
Chiffre d’affaires : 500 000 euros
Surface couverte : 350 m2
Investissements à venir : Extension atelier, recrutement, bras de soudage robotisé