Fabriquer en acier des ouvrages destinés à être posés à l’extérieur oblige nécessairement d’envisager un traitement de surface avant la peinture. Idéalement aussi avant une galvanisation à chaud. Le sablage, ou plus exactement le grenaillage par des billes métalliques, permet de décaper la surface et de créer une rugosité pour une meilleure accroche de la peinture qu’elle soit liquide ou en poudre thermodurcissable. C’est un phénomène parfaitement connu et maîtrisé. Dans la construction métallique, et même chez quelques métalliers, il est convenu de « sabler » l’acier avant de le travailler, donc avant la phase débit et les assemblages, notamment par soudage. Souder une matière propre créée les conditions pour un cordon de meilleure qualité, avec moins ou pas du tout d’inclusions, moins d’émissions de fumées, sans oublier le confort et le rendement des soudeurs qui sont également augmentés. Les choses tendent à changer cependant. Il est désormais admis qu’il soit plus logique de nettoyer l’ouvrage juste avant son passage en peinture ou en galvanisation. C’est une façon d’enlever toutes les traces de soudures, les restes de calamine, les traces d’huile de coupe ou de toutes sortes d’impuretés qui peuvent apparaître durant la fabrication à l’atelier.
Casser les angles
Détail important : cette opération de grenaillage post-peinture permet surtout de casser les angles vifs sur des pièces découpées au laser ou même au plasma. L’accroche de la peinture y est faible sur ces tranches vives qui forment des zones d’attaque de la corrosion. Elles sont une source potentielle de litiges dont les conséquences financières sont souvent désastreuses. Les récents tests de résistance à la corrosion sur des garde-corps acier menées par l’Union des métalliers ont bien montré la faiblesse de ces éléments de remplissage découpés au laser. N’oublions pas qu’il n’existe pas de garantie décennale pour la tenue de la peinture, elle est « seulement » de deux ans. En moins de deux ans une pièce mal préparée et exposée aux intempéries peut facilement donner des signes de faiblesse et corroder. « Cette tendance du grenaillage sur ouvrages finis se met en place chez certains constructeurs métalliques. Cela implique cependant une nouvelle ligne de grenaillage car la typologie des pièces n’est pas la même », précise Jean Perrin, responsable division grenaillage de Rösler France. Cette entreprise allemande est spécialisée dans la mise au point et l’installation de lignes de grenaillage entièrement ou semi-automatisée.
Automatique ou manuel?
Reste à savoir si investir entre 200 000 et 500 000 euros dans une telle ligne automatisée est judicieux pour une entreprise dont ça n’est pas le cœur de métier. Cette activité peut théoriquement se faire relativement facilement manuellement dans une cabine dédiée. Les métalliers ayant investi dans une ligne de peinture connaissent bien cette étape. « En fait, le grenailleur manuel est un profil difficile à trouver car ce métier est dur. Pas grand monde n’a envie de se mettre dans une cabine avec un scaphandre durant les périodes estivales. La température y dépasse facilement 45 °C… C’est ingrat. Du coup, les salaires sont élevés compte tenu du niveau de qualification qui est lui relativement bas », explique Jean Perrin. Aussi, une ligne de grenaillage peut arriver en complément d’un grenaillage manuel. Il faut savoir qu’aujourd’hui la cabine de sablage manuel est un point de blocage dans le process. Nous avons vu l’exemple dans une importante métallerie de l’Hérault. Celle-ci est équipée d’une découpe laser et de robots de soudure comme de pliage pour des opérations répétitives de fabrication de cadres et de coffrets métalliques. Or, c’est devant la cabine de sablage jet libre que le flux est ralenti. Elle fait goulot d’étranglement avant la ligne de peinture. « Certains prestataires en thermolaquage ont deux cabines de sablage et travaillent en 3 x 8. Quand ils achètent une de nos machines, ils passent près de 60 % des pièces dans la ligne automatique et le reste est terminé ou réalisé à la main. Pour eux, c’est un souci de fluidité de flux et de qualité de finition ».
Prévoir l'espace
À l’heure où un nombre croissant de PME et d’ETI de la métallerie s’interroge sur l’opportunité d’un investissement dans une ligne de thermolaquage, la question de la préparation de surface mérite d’être posée. Surtout quand ces mêmes métalleries développent une activité de sous-traitance de fabrication avec livraison d’un ouvrage prêt à poser. Autant y penser avant d’investir, car une unité automatisée de grenaillage occupe au minimum entre 100 et 500 m2 au sol. C’est bien au-delà d’une cabine de 20 m2 avec son grenailleur. Enfin, rappelons tout de même un principe essentiel : si la conception de la pièce ou de l'ouvrage est truffée de recoins inaccessibles et d'entre-fers, le meilleur des grenaillages ne saura pas empêcher une attaque de la corrosion.