Adrion
Les FDES des produits de construction sont au cœur du calcul des émissions globales de CO2 d’un ouvrage. Fournies par les industriels ou par des organisations professionnelles comme l’Union des métalliers, elles gagnent à être connues en attendant d’être exigées.

La prochaine Réglementation environnementale (RE) 2020 introduira des seuils à respecter en matière d’émissions de gaz à effet de serre des bâtiments. L’expérimentation E+C- réalisée ces dernières années a permis l’élaboration des méthodes de calcul et des niveaux d’exigence. Sur cette base, la réglementation est en cours de rédaction et portera sur le cycle de vie (ACV) du bâtiment, déterminée notamment à partir de celles des produits et des équipements qui le composent. Ces dernières sont renseignées respectivement dans les Fiches de déclaration environnementale et sanitaire (FDES), les Profils environnementaux produits (PEP ecopassport) pour les équipements. Hébergées sur la base Inies (www.inies.fr) depuis 2004, elles compilent notamment les quantités de CO2 émises lors de l’approvisionnement en matières premières, du process de fabrication, des transports, de la mise en œuvre, de l’usage et de la fin de vie. Elles prennent en compte également la durée de vie, la contribution du produit à la qualité sanitaire des espaces intérieurs et de l’eau ainsi qu’à la qualité de vie dans le bâtiment.

Les FDES de l’Union des métalliers

L’Union des métalliers a commencé les travaux sur les FDES en 2011 et dispose aujourd’hui de fiches pour différents types de garde-corps (aluminium et acier), les escaliers et les menuiseries métalliques. Il faut savoir qu’il existe des FDES individuelles (lorsqu’un fournisseur généralement industriel propose une fiche pour un type de produit spécifique) et des FDES collectives. L’Union a logiquement opté pour le second modèle puisque cela permet non seulement de réduire les coûts de réalisation des fiches et que cela englobe une palette plus large d’options. En cela elles répondent plus justement à la nature des réalisations des métalliers et à la typologie des entreprises adhérentes qui, individuellement, auraient de grandes difficultés à réaliser elles-mêmes ces fiches. « Les FDES collectives ont un cadre de validité. Nous définissons un produit type, par exemple un garde-corps de 1 × 1 m et fixons un cadre de validité des impacts environnementaux mais avec +/- 40% de tolérance pour pouvoir bénéficier de ces FDES », explique Jonathan Barreau, responsable technique de l’organisation professionnelle. Pour les escaliers, l’Union a fait réaliser une FDES pour les escaliers métalliques droits et une autre pour les escaliers hélicoïdaux. Dans la base Inies (www.inies.fr), le site sur lequel sont répertoriées l’ensemble des FDES, les escaliers sont « rangés » dans la catégorie « structures ». La question des FDES des menuiseries acier est plus délicate. Prêtes mais non publiées, il subsiste une discussion au sujet de la durée de vie des menuiseries qui se doit d’être justifiée. Plusieurs scénarios sont en cours d’étude comme une durée de vie à 50 ans avec remplacement du vitrage au bout de 30 ans par exemple. Cela suppose cependant que les menuiseries disposent de parcloses et que les verres ne soient pas collés à l’intérieur du châssis.

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Valorisation des circuits courts ?

Au-delà de ces discussions d’experts, ce qu’il faut savoir c’est qu’il n’y a pas de bonnes ou de mauvaises FDES, elles apportent nécessairement la preuve d’un impact sur l’environnement qui est plus ou moins élevé. Savoir les lire et les comprendre est aussi une affaire d’experts. Toutefois se familiariser avec elles et visualiser les différents critères énumérés, offre la possibilité de mesurer l’enjeu écologique et aussi économique. Prenons un exemple simple qui aujourd’hui n’en est qu’au stade théorique. Dans la course à la réduction des émissions de CO2 il est capital de prendre en compte l’impact du transport. Aux acteurs de la filière qui souffrent de la concurrence de pays à bas coûts de main d’œuvre, il y a là une piste intéressante qui laisse dire à nombre d’observateurs économiques que ce sera une façon de valoriser le circuit court, voire d’envisager une réindustrialisation de certaines régions françaises. Si, comme le souligne Bertrand Génault, métallier et chef de file du groupe de travail sur le développement durable à l’Union, « personne aujourd’hui dans le bâtiment nous demande de faire un effort sur le bilan carbone », il est probable que demain la donne change. Il y a déjà des cas de CCTP qui mentionnent au moment des appels d’offre une conformité aux FDES de l’Union des métalliers. C’est un premier pas engageant.