Il était le dernier taillandier de France. Bernard Solon a consacré sa vie à la fabrication d’outils tranchants dans sa forge à Orléans.

Bernard Solon, un trésor s’est éteint

Au Japon il aurait été sans le moindre doute auréolé du statut de « Trésor national vivant ». Bernard Solon était bien un « gardien de biens culturels intangibles ». Cet Orléanais était le dernier taillandier de France, à savoir un « forgeron spécialisé dans la fabrication d’outils à taillants, des outils tranchants ». Rien que les noms de ces outils nous transportent déjà dans un monde oublié chargé de poésie : serfouette, herminette, fendoir, plane, binette, crouet et piochon… Des outils de jardinage notamment qui répondent à des fonctions précises et auxquels ce forgeron atypique accordait « quelque chose d’humain ».

Un millier d’outils par an

Ce petit homme souriant et aux yeux pétillants avait reçu en 2005 le Prix de la Fondation Liliane Bettencourt pour l’Intelligence de la main. Peu à l’aise dans son costume, il avait stupéfié l’auditoire venu l’applaudir en racontant sa passion pour son travail. « Autrefois, je forgeais près d’un millier d’outils par an. Maintenant que je suis en semi-retraite, ma moyenne tourne autour de 150 à 200 outils », disait-il à 74 ans. Celui qui avait démarré son activité dans les pas de son grand-père en janvier 1965, aura consacré toute sa vie à son métier. Il s’est éteint le 23 juillet dernier à l’âge de 91 ans.

Photo : Yannick Dussans