Cette métallerie familiale alsacienne a changé de direction en 2018. La transition a été salutaire. Cette enseigne de renom se développe à grande vitesse et connaît une nouvelle jeunesse.

L’entreprise Heitz résume un pan de l’histoire de la métallerie. Créée en 1947 à quelques kilomètres de Strasbourg, Monsieur Heitz père avait démarré seul dans un corps de ferme. On était à la campagne, le serrurier y réparait à la forge des outils agricoles, entre autres. Dans les années soixante, l’activité se tourne vers le bâtiment. Quand il a fallu donner un nom à l’ancien chemin de terre devenu une voie asphaltée, il était logique de la baptiser « Rue des serruriers ». Marcel, le fils, a repris la serrurerie en 1969. C’est lui qui intègre l’aluminium (gamme Hueck qui est toujours fournisseur) et enclenche une vitesse supérieure dans l’agrandissement de l’atelier, l’équipement de production et plus tard celui de la conception. Heitz devient un des acteurs majeurs du métier en Alsace. Marcel Heitz, 85 ans, avait développé l’Inox et des chantiers majeurs comme la Banque Fédérative du Wacken à Strasbourg font encore aujourd’hui sa fierté. Ses fils ont été un temps à la tête de l’entreprise mais la transmission familiale n’est pas forcément « un long fleuve tranquille ». Vincent quittera la métallerie alors que dans les années 2010 des difficultés surgissent. Jean-Noël lancera la reprise avec rigueur et énergie, cependant, pour des motivations personnelles, il a préféré transmettre les commandes à un repreneur. L’arrivée en 2018 d’Anthony Dejean a donné un nouvel élan à la PME alsacienne. Celle-ci garde son esprit familial d’autant que Jean-Noël Heitz reste dans l’équipe comme chargé d’affaires et que les relations du repreneur avec Marcel et son épouse Solange, sont excellentes.

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Depuis 2018 Heitz est passé de quatre à six postes de travail en métallerie. / L’ancien atelier ne permet pas de modifier radicalement les flux de fabrication. / L’entreprise est équipée en pliage et cisaillage 4 m.

Croissance forte en un an

Anthony Dejean, ancien codirigeant de Sobrima, a vite mesuré le potentiel de cette structure qui, lors de la reprise, comptait 35 salariés. La menuiserie aluminium d’un côté, dans un bâtiment à part et la métallerie de l’autre avec plus de monde et plus de machines. Heitz est présent sur le marché du particulier comme sur celui des marchés publics et privés dans le secteur du logement notamment. Une des spécialités est celle des points de vente Lidl. « Nous sommes parvenus à être compétitifs sur ces opérations », souligne Anthony Dejean. La concurrence alsacienne qu’en est-il ? Elle a été décimée malgré une conjoncture favorable et une agglomération strasbourgeoise dynamique. Des métalliers reconnus ont été liquidés faute de repreneurs et d’avoir su s’adapter à la baisse des prix. De fait, elles ne sont pas nombreuses les entreprises de la taille de Heitz. Car, depuis l’arrivée d’Anthony Dejean, la PME est montée à 50 salariés. Le chiffre d’affaires est passé de 3,7 à 6,3 millions d’euros. L’ancien cadre d’Alstom a transformé l’organisation. Par exemple, en production acier, une personne a été désigné pour faire le débit. « Il connaît bien ses machines, il sait les régler et les entretenir comme personne. En plus il aime son métier ». Logique que la performance augmente. Les postes de travail sont passés de quatre à six, deux chefs d’atelier ont été recrutés, un pour l’acier et un pour l’aluminium. Il n’y avait pas de commerciaux dans l’organisation précédente, aujourd’hui Heitz compte quatre chargés d’affaires et un commercial. Cependant, l’organisation bute sur la configuration des locaux. L’ensemble est biscornu, la menace d’un accident du travail plane en permanence. Pas de flux logique, pas ou peu d’espace de montage à blanc, pas de pont roulant… Bref, un atelier à l’ancienne comme il en existe encore des milliers.

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Cabine de peinture pour gagner en réactivité. / Les magasins Lidl sont devenus une spécialité pour Heitz.

Un nouveau site de 3 600 m2

Pour gagner en performance c’est-à-dire en réactivité, qualité et coûts maîtrisés il n’y avait qu’une seule option : changer de site. Le nouveau dirigeant a décidé d’investir 2,5 millions d’euros dans la construction d’un bâtiment industriel de 3 000 m2 d’ateliers (2/3 pour l’acier et 1/3 pour l’alu) et 560 m2 de bureaux. Le site est un terrain d’un hectare sur la commune de Holtzheim. Heitz disposera d’un ensemble moderne (agence Carré A architectes) avec deux ponts roulants, une hauteur de 9 m, des bureaux parfaitement adaptés aux attentes des équipes. L’essentiel des machines suivront le déménagement preuve, là encore, que ces équipements, même anciens pour certains, répondent encore aux besoins une fois placés dans une organisation logique et efficace.
Les travaux commenceront en octobre, la mise en route est prévue pour aout 2021.

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Marcel, Jean-Noël et Solange Heitz avec Anthony Dejean, le repreneur.

Anthony Dejean

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À 44 ans, cet ancien cadre d’Alstom, ex-codirigeant de la métallerie Sobrima, vit un rêve. Ce fils de coffreur béton originaire de Turquie est titulaire d’un BTS ATI. Au-delà de l’esprit entrepreneurial, ce père de trois enfants, est sensible à « l’aventure humaine ». Il explique : « une grande partie de notre progression considérable en 2019 est liée à la bonne cohésion de groupe que nous avons su mettre en place. Chacun a donné le maximum ». Avec la mise en route du nouveau site en 2021, il est fort probable que l’équation implication/productivité fasse encore grimper le résultat.

www.serrurerieheitz.fr