L'ouvrant manuel ou motorisé est un atout reconnu en matière de confort. Il n'est pas toujours facile à combiner avec un store extérieur. © Reynaers
L'ouvrant manuel ou motorisé est un atout reconnu en matière de confort. Il n'est pas toujours facile à combiner avec un store extérieur.
Bien que faible dans leur activité, la protection solaire sur toitures vitrées est un débouché légitime pour les métalliers. Ils savent proposer des solutions pertinentes face au risque de surchauffe des bâtiments. À condition de maîtriser les automatismes et de prendre en charge la maintenance.

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© Pyc
Un volet roulant dans un guidage métallique est un solide rempart aux effets du soleil, reste l'esthétique...

Selon leur orientation par rapport au soleil, les verrières et les toitures vitrées des vérandas sont des sources non négligeables de confort thermique et lumineux. Mais elles peuvent aussi devenir un enfer… Face au risque de surchauffe des bureaux et des habitations en période estivale, elles méritent une attention particulière. Dès lors que les métalliers sont en charge de la conception et de la pose de ces ouvrages, les protections solaires constituent un débouché naturel pour eux. « Le store fait partie de leur métier », confirme Vladimir Luzhbin-Asseev, responsable technique du Groupement Actibaie. « Même si certains marchés peuvent leur échapper, comme les grands projets de rénovation ou de construction neuve en tertiaire. Les protections solaires y sont intégrées au lot « façade », et les façadiers passent alors par les storistes. »

Des ensembliers de la verrière

Pour autant, les métalliers ont plusieurs atouts à faire valoir pour se positionner sur ce segment, chez les particuliers comme dans le tertiaire. Ils sont en mesure de jouer un rôle d’intégrateur de produits de marques différentes, à la manière d’un ensemblier, afin de répondre à la demande d’un maître d’œuvre ou d’un client final. Il incombe à l’entreprise de trouver un compromis entre transmission lumineuse et limitation de l’effet de serre inhérent à toute verrière et plus particulièrement celles exposées au sud et sud-ouest. Ce qui implique de faire des choix. Foucault Sarl à Lillers (62), mène actuellement plusieurs chantiers sur ce créneau. « Sur la rénovation d’un loft, nous étions partis sur des vitrages à contrôle solaire, détaille Jérôme Foucault, gérant de l’Aluminier agréé Technal. Au final, le client a préféré une plus grande transmission lumineuse. Nous sommes revenus à du vitrage avec 80 % de transmission lumineuse et un store extérieur mobile sur la verrière. » Sur ce type d’opérations, l’entreprise dit ne pas être en concurrence avec les storistes : « Ils n’osent pas se positionner sur des chantiers nécessitant de poser une protection sur une verrière, parce qu’ils ne sont pas forcément rompus à la fixation des systèmes, affirme Jérôme Foucault. Alors que dans notre département - le Nord – ce type de prestations nous échoit assez régulièrement. » Et d’évoquer une autre référence récente – l’extension d’un restaurant - consistant à réaliser une verrière de six mètres sur douze, composée cette fois de vitrages dotés d’un facteur de transmission solaire de 71 %, équipée d’un store pouvant déborder du droit de la façade d’environ 30 cm à la manière d’un auvent, grâce à des coulisses, afin d’ombrager la terrasse. « Le client craignait à la fois que les gens soient éblouis sous la verrière et aient trop chaud en terrasse, complète Jérôme Foucault. La solution que nous lui avons proposée lui permet d’assurer le coup des deux côtés… »

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© Pyc
Un store toile motorisé en partie haute et basse et guidé par des câbles permet de réaliser des habillages à la fois esthétiques et efficaces.

La valeur ajoutée des métalleries ? être capable de concevoir et de réaliser des solutions à façon, tant chez le particulier que sur les appels d’offres. Leur avantage compétitif par rapport aux storistes ? Des compétences multicasquette. « Le storiste ne peut pas être métallier, mais le métallier peut être storiste, c’est une certitude, assène David Nicolau, codirigeant de NDA Fermeture à Semoy (45), aussi bien métallerie que storiste. Il n’aura pas forcément toutes les compétences requises en matière d’assemblage : il ne maîtrise pas forcément la soudure, pour créer des pattes de fixation pour un coffre, ni le taraudage non plus. »

Un éventail de solutions

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Le verre électrochrome posé par les Ateliers Rambault à Mirebeau (86) dans une salle de lecture donne assurément satisfaction aux usagers.

Pour une verrière, plusieurs choix techniques sont possibles. À commencer par le vitrage dit « à contrôle solaire » (type Planistar Sun de Saint-Gobain, par exemple) doté d’une couche qui renvoie une part plus ou moins importante des rayons du soleil. Mais il n’y a pas de vitrage idéal qui maximiserait les apports de chaleur gratuite l’hiver tout en empêchant les déperditions du chauffage et qui repousserait les apports solaires en été. C’est nécessairement une affaire de compromis. L’avantage est le faible entretient et l’absence de contrainte de prise au vent. Il en est de même pour les verres électrochromes de type Sageglass de Saint-Gobain, ou encore Suncooldynamic de Pilkington, qui s’assombrissent automatiquement ou sur commande. L’idéal est une combinaison entre le verre et la protection solaire extérieure mobile. Le produit phare est la toile motorisée guidée dans des coulisses à 100 mm au-dessus du verre. Certains fabricants proposent des systèmes à coffre compact, avec des dimensions de toile pouvant couvrir jusqu’à 30 m2. Plusieurs types de toiles sont possibles : microperforées, en PVC précontraint de type Soltis ou acrylique comme sur les stores bannes. Pour les toits de véranda il est possible d’envisager un volet roulant motorisé. Ce n’est pas la solution la plus esthétique, mais elle fiable et résiste bien aux intempéries. Les stores intérieurs, type velums, peuvent aussi jouer un rôle à condition qu’il y ait une évacuation par le haut de l’air chaud piégé entre la toile et le verre.

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© Franciaflex
Le velum apporte du confort à condition de prévoir une évacuation de l'air chaud en partie haute de la toiture vitrée.

L’enjeu de l’automatisation

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Vladimir Luzhbin-Asseev, Actibaie, "Le store fait partie du métiers des métalliers".

Mais qui dit protections solaires sur verrières dit motorisation, programmation, voire domotique. Ce qui implique de posséder également des compétences en électricité « courants faibles ». Ne serait-ce que pour effectuer les raccordements électriques des occultations et plus rarement, pour raccorder les vitrages dynamiques de type électrochrome. A minima, une formation ad hoc dispensée par les fournisseurs de stores motorisés - et potentiellement domotisés - peut s’avérer suffisante, pour peu que les compagnons jouissent au préalable des prérequis nécessaires en matière de câblage. « Bien connaître les produits, c’est un bon début », confirme Vladimir Luzhbin-Asseev. Poser des produits automatisés est à la portée des métalliers, moyennant une habilitation BR - formation de quelques jours donnant le droit d’intervenir sur des courants faibles. « Parmi les savoir-faire requis, il faut une formation technique sur les motorisations, sur l’électricité, la domotique, enchérit David Nicolau. Autrement, pour poser une verrière, la formation dispensée par le fabricant suffit la plupart du temps. Ces derniers mettent à disposition leurs propres sites de formation. Ils peuvent même délivrer les habilitations électriques nécessaires. » Un propos que Christophe Merlin, gérant de la métallerie Huguet Creiche Confort+ à Ingre (45), tend à tempérer, pointant notamment la question de la maintenance des équipements. Selon lui, des compétences solides en motorisation s’imposent : « J’ai toujours cherché à recruter des électrotechniciens ; pas des électriciens, mais des poseurs qui maîtrisent les automatismes. Ce n’est pas simple ; maîtriser les automatismes requiert des bases en électricité, et une formation « produit » n’est pas suffisante, notamment en maintenance. Ce qui m’amène à recruter des profils aguerris en maintenance des automatismes, de niveau BTS. » Un profil rare sur le marché du travail.

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Principe du verre électrochrome.

Se rapprocher des BE thermiques ?

Si les entreprises de métallerie peuvent tirer leur épingle du jeu, c’est aussi grâce à la relation privilégiée qu’elles établissent avec les architectes. Elles peuvent jouer un rôle de prescripteur, comme en témoigne Jérôme Foucault : « Nous sommes apporteurs de solutions pour les architectes qui nous sollicitent sur des avant-projets, et fréquemment, lorsque nous leur préconisons des protections solaires qu’ils ne connaissent pas, ils finissent par les adopter pour des opérations ultérieures. » De quoi prédire un rôle important des métalliers dans la perspective de la RE 2020, censée mettre l’emphase sur la gestion des apports solaires, à la fois thermiques et lumineux, mais aussi sur l’impact carbone des éléments de construction. Le Groupement Actibaie fait du confort d’été son cheval de bataille et milite pour l’utilisation systématique de protections solaires dans le neuf. Son responsable technique, Vladimir Luzhbin-Asseev donne le détail des actions menées auprès des adhérents : « Afin de mieux les sensibiliser, nous avons publié plusieurs documents et avons mis sur pied une formation intitulée « Smart Solar Shading Advisor », destinée à nos adhérents - entreprises, mais aussi technico-commerciaux et bureaux d’études. »

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Le fabricant Franciaflex propose une combinaison entre un store banne en toiture et des stores à enroulement sur les parois verticales.

L’enjeu de la réglementation consiste à trouver un équilibre entre performance énergétique, confort d’été et impact carbone des constructions. Logiquement, le recours aux protections solaires devrait s’en trouver rehaussé, puisque damant le pion à la climatisation. Cela se vérifie-t-il sur le terrain pour autant ? Pas franchement, à en croire Christophe Merlin : « J’ai cru comprendre que la protection solaire devrait être « boostée » [par la RE 2020], mais j’attends toujours ! Certes la climatisation ne va pas dans le sens d’une réduction de l’empreinte carbone des constructions, il faut donc compenser avec une meilleure isolation du bâti, ainsi que des protections solaires. Mais j’ai l’impression que pour l’heure, cela reste de la théorie. Je pense néanmoins que la RE 2020 sera à terme un relais de croissance pour les protections solaires, mais à ce jour, le solaire n’est pas une dimension suffisamment bien traitée à mon sens. ».

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© Pyc
L'entretien sur une toiture vitrée détermine le bon fonctionnement des stores extérieurs.

Ce n’est peut-être qu’une question de temps, au gré de l’entrée en vigueur de la RE 2020, qui devrait rebattre les cartes en matière de conception, comme le suggère Vladimir Luzhbin-Asseev : « Dans le cadre de la mise en œuvre de la RE 2020, les BE thermique et environnement devraient prendre l’ascendant sur les architectes, qui auront une moins grande marge de manœuvre… même si ces derniers auront toujours leur mot à dire ! ». Ce qui laisse augurer une autre forme de remise en question de la part des métalliers : s’ils entretiennent une relation privilégiée avec les architectes, sans doute leur faudra-t-il en faire de même avec les thermiciens.

Des repères et des réflexes à avoir

  •  Connaître l’orientation et l’exposition au vent avant de préconiser une solution technique.
  •  L’accessibilité à la toiture et à la verrière détermine le choix de la solution.
  •  Avoir un minimum de compétences en automatismes.
  •  Privilégier autant que possible la ventilation par un ouvrant en partie haute.
  •  Dès que possible, privilégier une protection solaire extérieure mobile.
  •  Garder un œil sur le vitrage actif électrochrome.
  •  Ne pas sous-estimer l’importance de la maintenance sur les solutions mobiles.
  •  Se rapprocher du Groupement Actibaie.