Immeuble Identity One à Rennes (35) : La peau fait identité

À deux pas de la gare LGV de la cité bretonne se dressent trois bâtiments habillés d’une peau métallique. L’un d’eux, l’Identity One, se distinguepar sa résille en métal déployé et une ossature tubulaire qui a été complexe à mettre en œuvre.

Trois bâtiments tertiaires forment l’ensemble Identity en bordure de la ligne LGV et à quelques mètres de la gare de Rennes (35). Ils constituent sur l’îlot Féval une partie d’un futur quartier d’affaires qui occupera une surface de 58 hectares d’ici 2025. L’agence Jean-Paul Viguier & Associés a assuré la coordination de l’ensemble et la réalisation de l’un des bâtiments, l’Identity One. Posé sur un parking, il s’agit d’un édifice en ossature béton (R+11) de 8 900 m2 dont 6 000 m2 de bureaux. Il accueille aussi un cinéma et des commerces. Sa particularité tient essentiellement à sa double peau sur ossature métallique.

Une fonction brise-soleil

Les trois bâtiments de cet ensemble sont habillés d’une peau métallique rapportée sans laquelle ils auraient une « identité » plus ordinaire. « Il y a la volonté de créer un contraste entre la rugosité de ces peaux extérieures et l’aspect lisse des façades côté patio », explique-t-on chez les architectes. Sur Identity One la maîtrise d’œuvre a opté pour une résille de métal déployé en aluminium anodisé. Celle-ci a une vocation évidemment esthétique mais également de protection solaire fixe du moins sur deux orientations. Pour la façade nord, du côté des voies ferrées et vers le centre-ville de Rennes la mission de protection solaire est moins évidente, on est dans une démarche esthétique avec l’idée d’uniformiser l’habillage. En revanche, côté sud (face à la prison des femmes de Rennes) et côté est, cette protection s’avère pertinente. Afin de profiter des apports solaires en hiver et de se protéger contre les surchauffes l’été, les largeurs de lanières du métal déployé ne sont pas les mêmes en haut et en bas des façades. L’entreprise Métal Déployé a conçu et fabriqué 1 500 panneaux triangulaires différents. Il a fallu compter près de 300 heures d’études pour les dessins et la mise au point de ces écartements de maille en fonction de la position du soleil à chaque saison selon la technique dite « bi-lanière ». Cette maille a été boulonnée sur une ossature tubulaire secondaire.
La structure primaire porteuse en acier galvanisé à chaud et sa logistique de pose, ont constitué l’autre prouesse technique.

Des tubes de 244 mm de diamètre

L’ossature primaire qui représente un ensemble de près de 200 tonnes est une structure suspendue qui repose sur le toit du bâtiment. Des portiques métalliques sont scellés sur le toit sur des plots en béton capables de reprendre 50 tonnes de charge en traction. La complexité était d’arriver à stabiliser cet ouvrage au moment d’y accrocher les triangles assemblés au sol. « Les tubes de 244 mm de diamètre sont plus épais en haut (12 mm) qu’en bas (6 mm). vu que c’est suspendu, plus on descend et moins il y a d’efforts à reprendre », explique Jérémy Khalfa, chargé d’affaires pour OMS, le charpentier métallique. Des bièles de 100 mm de diamètre tiennent la structure à distance de la façade. Cela permet d’avoir des coursives accessibles par les occupants tout en assurant le contreventement capable de reprendre les efforts horizontaux liés au vent. La pose en elle-même a été réalisée par un monteur levageur qui s’était déjà distingué sur le stade de l’U Arena de Nanterre (92). Sachant que chaque triangle est différent et que, côté est, il y a un porte-à-faux de 7 m, il fallait être d’une grande précision. D’autant que l’installation a eu lieu entre octobre 2018 et février 2019 dans le froid et sous la pluie. Justement, dans la liste de contraintes à prendre en compte figure le froid. « Il n’y avait pas de contrainte au feu particulière. En revanche, il faut savoir qu’en cas de gel nous avons étudié la peau pour qu’elle supporte deux centimètres de givre sur l’ensemble de la surface, ce sont des charges considérables », souligne Jérémy Khalfa.