
Emmanuel de Laage, président du SCMF et Hervé Gastaud, délégué général du syndicat des constructeurs métalliques français.
Le président Emmanuel Macron a réaffirmé, lors de son allocution télévisée du 13 mai, sa volonté de « protéger notre acier ». Un signal bien accueilli par les acteurs français de la construction métallique, réunis au sein du Syndicat de la Construction Métallique de France (SCMF). Ils y voyaient un engagement en phase avec les ambitions de réindustrialisation décarbonée et de développement des territoires. Ces entreprises se disent prêtes à se mobiliser pour « contribuer à de grands projets stratégiques », à l’image de l’usine de recyclage de batteries prévue à Dunkerque. Porté par Orano, en partenariat avec le chinois XTC, ce chantier représente 35 000 tonnes de charpentes métalliques à livrer en deux ans.
Des conséquences majeures pour la filière
Mais l’inquiétude grandit : selon des informations recueillies par le SCMF, l’intégralité du marché pourrait être confiée à des sous-traitants étrangers, au détriment des acteurs français. « Si ce scénario se confirmait, il aurait des conséquences économiques et sociales majeures pour la filière : perte de savoir-faire, suppression d’emplois », alerte Hervé Gastaud, délégué général du syndicat. Et d’avertir : « Ce risque pourrait se reproduire à plus long terme, notamment pour la construction des futures tranches EPR2 ou les infrastructures des Jeux Olympiques d’hiver de 2030 ». Pour le SCMF, ce projet s’inscrit pourtant dans la stratégie nationale de compétitivité industrielle à horizon 2030, soutenue par le plan France Relance. Les charpentiers et constructeurs métalliques estiment qu’il constitue une opportunité unique de valoriser l’expertise française dans un contexte de compétition internationale accrue.
Création d’une « Team France »
Conscients de ne pas pouvoir assumer seuls l’ensemble du chantier, plusieurs entreprises françaises du secteur envisagent de s’allier au sein d’une « Team France » pour répondre à une partie de l’appel d’offres. Une démarche que le syndicat entend répliquer à l’avenir, afin de peser sur chaque grand projet structurant. « La dynamique est là. Nos entreprises veulent démontrer leur savoir-faire, hérité de plusieurs siècles, qui s’exprime aussi bien dans des ouvrages iconiques comme la tour Eiffel ou le viaduc de Millau que dans des projets plus modestes », insiste Hervé Gastaud. Le secteur rappelle par ailleurs ses investissements de longue date en recherche et développement, notamment à travers le programme “France métallique”, destiné à moderniser les outils et méthodes de production.