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Malgré la généralisation de la découpe numérique, laser ou plasma, la cisaille résiste dans les ateliers. La variété des travaux de métallerie laisse une place de choix à ce moyen de coupe économique et techniquement accessible.

Nous aurions pu imaginer que dans les ateliers de métallerie la cisaille serait supplantée par la découpe laser, il n’en est rien. La présence d’une cisaille reste quasiment indispensable pour ses multiples avantages. C’est le moyen de coupe le plus économique et le plus rapide pour débiter des bandes de tôles de toute nuance. Soubassement de portail, tôle de remplissage, trappe, cornière et autres Z pour le bardage d’un bâtiment ne nécessitent pas plus d’usinages. Les usages sont donc encore nombreux et la cisaille reste le meilleur moyen à disposition des compagnons. Dès qu’il s’agit d’une tôle revêtue, et plus spécifiquement prélaquée, l’absence de brûlure rend ce procédé incontournable. La cisaille a donc pleinement sa place dans l’atelier, aussi moderne soit-il.

Le procédé de cisaillage des tôles remonte aux débuts de l’ère industrielle, la guillotine ayant été inventée avant… Dans tous les cas, le principe consiste à avoir deux lames qui se croisent pour séparer la matière. Pour les métaux, l’action prend plusieurs formes, adaptées à chaque contexte. Pour les petits travaux, il existe les cisailles à balancier (comme un massicot) dont la longueur de coupe est généralement d’un mètre pour une épaisseur maximale de 15/10e de mm en acier. Sur les matériaux plus ductiles et de faible épaisseur, on trouve la cisaille rotative, généralement manuelle et destinée aux couvreurs zingueurs. En atelier de métallerie, c’est la cisaille à lames obliques et à entraînement hydraulique qui domine.

Déformer jusqu’à la rupture

Pour bien comprendre la technicité d’une cisaille, il est important de rappeler le principe « scientifique ». En effet, il consiste à déformer la matière à un endroit précis pour en provoquer la rupture. Pour contrôler cette rupture et obtenir un bel aspect, la précision doit être maximale. Le paramètre crucial étant le jeu entre lames. Pour l’acier, il est d’environ 1/15e de millimètre par mm d’épaisseur soit l’équivalent de deux feuilles de papier pour une tôle de 4 mm. La qualité de fabrication et la rigidité de la machine sont donc d’une importance primordiale. Le second aspect est l’angle de la lame. En effet, l’idéal serait qu’elles soient parallèles à la matière, mais les efforts seraient considérables. Pour que la coupe soit progressive, la lame est montée avec un angle en général de 2°, variable sur les machines haut de gamme de 0,5 à 2°. Cet angle, réduit au minimum, évite aux bandes fines de vriller tandis que l’angle maximal réduit l’effort sur tôle épaisse. La rubrique technique du site www.colly-bombled.com résume bien la technique du cisaillage.

Les cisailles guillotines disposent donc de deux réglages liés pour chaque matériau et épaisseur : le jeu et l’angle. Ces réglages sont manuels ou gérés par commande numérique sur les machines plus haut de gamme.

Une architecture alternative se rencontre aussi, la cisaille oscillante ou à balancier selon l’appellation. La lame supérieure ne coulisse pas verticalement comme sur une guillotine mais est fixée sur un support lié au bâti par un axe de rotation à l’arrière de la machine, en descendant, elle décrit un léger arc de cercle, quasiment imperceptible. La construction est plus économique et se retrouve donc sur des machines d’entrée de gamme. Le jeu est bien réglable tandis que l’angle demeure fixe.

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© Colly Bombled / © Colly Bombled
Les supports avant sont indispensables pour les grands formats de tôles. / Le convoyeur à bandes permet de respecter les tôles sensibles comme le pré-laqué. Le tapis avance après chaque coupe en fonction de la largeur de bande.

La cisaille du métallier

L’essentiel du marché de la cisaille est centré sur une machine de 3 m de longueur de coupe pour 6 mm d’épaisseur dans l’acier. Les chaudronneries s’orientent davantage sur une capacité de coupe portée à 12 mm tandis que les plieurs adoptent des machines de 4 m de largeur. Certains constructeurs limitent donc leur catalogue à ces machines. D’autres, proposent une gamme plus étendue comme les cisailles mécaniques. Ces dernières sont limitées en épaisseur mais la cadence de coupe est plus élevée. Elles occupent plutôt les largeurs de 1 à 2,5 m.

Les autres points clés sont la butée arrière, couramment de 700 ou 800 mm. La version 1 000 mm tend à se généraliser, elle est accompagnée d’un support de tôle rétractable. Une commande numérique est aujourd’hui installée en standard, elle est soit développée par le fabriquant soit par des spécialistes comme Delem ou Cybelec.

Les Détails font la différence

Si les caractéristiques générales vont se retrouver chez tous les constructeurs, une grande différence se niche dans les détails et la finition. Sur l’avant de la cisaille, on peut retrouver des billes de roulement, elles permettent de faciliter l’introduction de tôles épaisses. L’équerre est elle aussi indispensable, au moins 1 m avec graduation, comme les supports de tôles. Le petit plus, ce sont des taquets escamotables pour caler la tôle sur l’avant et non sur la butée arrière. Autre détail important, la capacité de la butée à s’approcher des lames pour des coupes de 5 mm ou moins… Les serres-tôles, de préférence revêtus de caoutchouc, doivent être le plus proches possible des lames pour couper des chutes de faible largeur et être en nombre suffisant pour bien plaquer la tôle quelle que soit sa largeur. Souvent en option, un capot escamotable permet de placer des petits flans au plus près des lames, cette option permet de travailler en sécurité, un contact coupant la machine lors de son ouverture. Certaines machines permettent aussi d’introduire une tôle pliée pour la recouper, les erreurs arrivent aussi aux meilleurs !

À l’arrière, la butée étant l’organe de mesure, sa précision doit être au rendez-vous tout en étant rapide pour passer d’une petite à une grande valeur. Une construction robuste est à privilégier avec un guidage de qualité et une vis à billes plutôt que la classique version trapézoïdale. Un système lui permet de s’escamoter pour étendre la possibilité de coupe. Toujours à l’arrière, le support de tôles mérite un minimum de soin dans sa conception afin de rendre les services attendus. Les constructeurs haut de gamme vont plus loin avec un véritable accompagnement de la tôle en phase de cisaillage (ce qui évite de corner le petit bout en fin de coupe) et pour la laisser glisser. Encore plus technique, il existe des systèmes de tri entre les flans utiles pour les chutes.

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© SD / © SD
La trappe latérale permet d’introduire une tôle pliée à cisailler en cas d’erreur. / Le caoutchouc sur les serres tôle est indispensable pour éviter de laisser des marques.

Généralisation de la CN

Si les fondamentaux de la cisaille n’ont pas évolué, les commandes numériques à écrans tactiles se sont généralisées ces dernières années. Cette interface permet avant tout de gérer la longueur de coupe mais aussi d’intervenir sur les réglages de jeu et d’angle de coupe. Ceci réduit les erreurs de manipulation. Pour les travaux de débit répétitifs, elle permet de programmer des séquences de cisaillage avec plusieurs formats afin de valoriser au mieux chaque tôle. D’autres fonctions sont également utiles au quotidien comme le retrait automatique de la butée lors de la coupe (évite aux bandes étroites de rester coincées) ou encore de compter les coupes. Pour gagner du temps, il est possible de déterminer une longueur de coupe ce qui évite à la cisaille de descendre complètement.

Ergonomie et sécurité en développement

Face à l’offre concurrente, les constructeurs français interrogés se démarquent en agissant sur différents leviers. La marque et sa notoriété procurent au parc machine une plus forte valeur qui est déterminante pendant toute la vie de l’équipement que ce soit pour la disponibilité des pièces et sa revente sur le marché de l’occasion. Les normes de sécurité exigeantes sont appliquées à la lettre. Par ailleurs, ces constructeurs n’hésitent pas à personnaliser la machine pour répondre à un besoin du client. C’est la force de la proximité. La société Jean-Perrot est connue pour son approche des solutions sur mesure et améliorant l’ergonomie du poste de travail. Citons ainsi les solutions de convoyage à tapis roulant avec retour vers l’avant ou encore la barrière immatérielle à l’avant de la machine permettant de placer les tôles précisément et en toute sécurité sans capotage.

La cisaille n’a pas dit son dernier mot, largement présente dans les ateliers, elle va encore subsister longtemps avec probablement encore des innovations qui pourraient porter sur la réduction de la consommation énergétique, l’intégration dans un système automatique ou robotique dans l’objectif d’améliorer encore l’ergonomie et la productivité.

L’occasion : une alternative

Que ce soit un premier équipement avec un budget serré ou un achat combiné avec une plieuse, s’orienter vers un matériel d’occasion peut être une solution, à condition de prendre quelques précautions. Guillaume Didelon, dirigeant de Didelon Machines Outils : « Le vendeur est tenu de vendre une machine en conformité, le cas échéant, sa responsabilité peut être engagée en cas d’accident ». C’est ainsi que les revendeurs de machines d’occasion comme Didelon, France machine outils et d’autres sont tenus de proposer des machines dont tous les systèmes de sécurité sont opérationnels, ce qui n’est pas forcément le cas en achat direct. Ces professionnels de l’occasion vont préparer une machine en parc avec vos critères, il est ainsi possible d’ajouter des accessoires et de refaire une armoire électrique complète. « Les clients exigent d’avoir une machine comme neuve », précise Guillaume Didelon. « La difficulté aujourd’hui est d’acheter des machines de qualité sur lesquelles le coût de la préparation sera rentable et dont le fabricant dispose toujours des pièces. Nous appliquons une garantie de trois à six mois, de quoi rassurer l’investisseur ».