Pourquoi Qualisteelcoat peine à s’imposer
Quand, en 2007, est créé le label international de qualité Qualisteelcoat, les ambitions étaient élevées. L’idée était de s’inspirer pour la peinture sur acier de ce qui a été fait pour le laquage de l’aluminium avec le label Qualicoat. Celui-ci s’est imposé en moins d’une décennie chez les donneurs d’ordres (architectes, bureaux d’études…) comme étant un référentiel de qualité assurant une garantie de bonne tenue de la teinte, en particulier sur les profilés de gammistes aluminium. Ces derniers, des industriels de taille nationale voire internationale, ont intégré le thermolaquage dans leur chaîne de production puisque les profilés aluminium sont majoritairement vendus déjà laqués. Ils avaient intérêt à soutenir et à valoriser un label dont ils sont eux-mêmes détenteurs. Leur force de frappe en communication a assuré la notoriété de Qualicoat auprès des prescripteurs. Pour l’acier, et notamment les profils de gammes, la situation est évidemment différente. Les PME de la métallerie achètent une matière première brute ou traitée sendzimir, débitent et assemblent puis font faire chez un prestataire le plus proche possible de leur atelier le traitement de surface et la peinture.
De quoi s’agit-il ?
Géré en France par l’association Afta.P, Qualisteelcoat vise « la lutte contre la corrosion et la durabilité de la finition des peintures sur acier ». Il définit les bonnes pratiques de mise en peinture en respect des normes en vigueur, en peintures liquide ou poudre, sur l’acier brut ou revêtu de zinc. « Il s’agit d’un label européen qui s’appuie sur des directives techniques et la validation d’un sous-traitant après un audit ainsi que des systèmes de peinture référencés par les fabricants », insiste Damien Larger, expert auprès de l’Afta.P. À ce jour une dizaine de fournisseurs de peintures sont référencés après validation de leurs poudres. Le prestataire labellisé QSC est quant à lui contrôlé et audité tous les deux ans et sur son diplôme figurent les systèmes homologués et utilisés par l’entreprise. La clé du système étant la maîtrise par le labellisé du système à appliquer selon le type d’environnement (corrosivité faible à très élevée, voir tableau). Le bon traitement adapté aux contraintes de l’exposition, c’est du bon sens en somme…
Faible engouement des thermolaqueurs
Or, le bon sens ne suffit pas à susciter l’adhésion. En 2012, l’Afta.P comptait 12 labélisés. Dix ans plus tard, elles sont 24 PME en France à avoir rejoint « ce club » sur les 1 400 thermolaqueurs (intégrés + sous-traitants) que compte le pays. L’association reconnaît que « le rythme n’est pas bon ». Qu’il faudrait passer « de deux ou trois, à dix labélisés par an ». Un travail de communication est entrepris par l’Afta.P vers les métalliers sachant que le label QSC concerne avant tout les applications du bâtiment. Les fabricants de poudre comme les gammistes acier ne semblent pas extrêmement mobilisés sur le sujet. Sophian Kallel, directeur des ventes internationales chez RP Technik, reconnaît que les gammistes ne se sentent pas mobilisés car ils n’interviennent pas directement dans le processus de thermolaquage. « Comme nous laissons le choix au client de son traitement de surface, nous n’avons pas forcément une forte implication. Nous en parlons entre gammistes, mais ça n’est pas une habitude de prescrire le label ». Une des raisons de cet état de fait tient sans doute au faible nombre de litiges sur la corrosion ou la dégradation de la peinture sur les menuiseries acier. Ces dernières ont justement connu un bel essor au début des années 2000 grâce au thermolaquage et aux applicateurs qui ont fait des progrès notables en termes de qualité. « Les défauts de thermolaquage sont rares. Les litiges concernent plus souvent les défauts de drainages ou alors il y a eu un percement sur chantier qui a endommagé la couche de peinture », note Sophian Kallel. Dans quelques cas cependant il arrive que le thermolaqueur n’ait pas eu la bonne information sur l’exposition de l’ouvrage. Du côté des fabricants de peinture il y a un intérêt quand il s’agit de qualifier les poudres, mais l’intérêt est bien moindre pour soutenir la qualification des applicateurs. Axalta, par exemple, promeut sa propre certification qualité Star Coater « Certified » comme levier pour une garantie de dix sur l’anticorrosion et la tenue des teintes et des brillances.
Gagner en méthodologie
La faible récurrence des litiges n’enlève cependant en rien la nécessité d’adopter des règles techniques rigoureuses. Car, un des mérites d’un label de qualité est justement de fixer une méthodologie. Avec le développement des découpes laser, par exemple, qui entraînent des arêtes vives, les métalliers doivent faire face à une augmentation du risque de corrosion sur leurs ouvrages. D’autant plus que les délais dans le bâtiment se raccourcissent et qu’il est capital d’adopter d’entrée la bonne protection. Qualisteelcoat offre l’avantage de faire gagner du temps dans un domaine où le métallier ne sera que rarement expert.
Photo : © Omni Métal