Maintenant que l’œuvre de Christo est remballée, on sait que derrière se trouvait un délicat travail de construction métallique.

Le monde entier a eu les yeux rivés sur l’Arc de Triomphe à Paris entre le 18 septembre et le 3 octobre. Le temps d’un emballage-déballage l’attention internationale se sera portée de façon exceptionnelle sur ce monument napoléonien construit entre 1806 et 1836 selon les plans de l’architecte Jean-François Chalgrin. 36 ans après avoir emballé le Pont Neuf, l’artiste d’origine bulgare Christo (1935-2020) signe une œuvre qu’il avait déjà imaginé en 1961 : l’Arc de Triomphe Wrapped. Le monument aura été emballé d’une toile synthétique recouverte d’une fine couche d’aluminium pour permettre de capter et de restituer la lumière environnante. Or, pour empêcher les 25 000 m2 de toile d’être en contact direct avec les sculptures en bas-relief ce qui aurait engendré des dégradations, il a fallu concevoir une ossature métallique qui épouse parfaitement les formes en relief de l’édifice. À l’origine, il avait été question d’installer un échafaudage géant, or ça aurait donné une grosse boîte sans les détails de formes du monument parisien.

Au total 2 450 pièces

Comme il y a 36 ans sur le Pont Neuf, c’est l’entreprise Les Charpentiers de Paris basée à Bagneux (92) qui a été mandaté pour ce lot métal. Les compagnons y ont réfléchi durant trois ans en collaboration avec Canamétal à Niort (79) sur la façon de concevoir, de fabriquer et de poser cette structure en plusieurs éléments. Rien que la partie sous la voûte pèse la bagatelle de 12 tonnes. Au total, ce sont 312 tonnes d’acier qui ont été mises en œuvre pour protéger les sculptures en pierre. Dans le lot se trouvent aussi 130 tonnes de lest fourni par ArcelorMittal. Pour Canamétal ce chantier a représenté une mobilisation d’une trentaine de métalliers sur 6 400 heures pour fabriquer à Niort pas moins de 2 450 pièces. Ces éléments de structures tubulaires ont été chevillés dans la pierre de l’Arc de Triomphe puis, au démontage, les trous ont été soigneusement rebouchés sous l’œil vigilant de l’architecte en chef des Monuments historiques. Pour la petite histoire, on notera que le chef d’équipe des Charpentiers de Paris, Johnny Eira, avait une fierté particulière d’avoir œuvré sur ce chantier. En effet, son père figurait dans l’équipe qui a emballé le pont neuf, en 1985.