MetalMade à Saint-Nazaire (44)

MetalMade à Saint-Nazaire (44)

Il y a toujours des avantages et des inconvénients à s’installer dans une région plutôt qu’une autre. À Saint-Nazaire, en Loire-Atlantique, la situation est poussée à l’extrême. Commençons par les avantages. L’activité industrielle autour du chantier naval et de l’usine Airbus (assemblage des pointes avant et fuselages centraux) offre une kyrielle de sous-traitants performants, diversifiés et solidement équipés. Des entreprises qui ont la réactivité inscrite dans leur ADN. Pour une métallerie locale cela veut donc dire qu’il n’est pas urgent de s’équiper en matériel de découpe laser ou d’un plasma par exemple, voire en pliage et en cisaillage et de surcroît en traitement de surface et en peinture. Il y a tout ce qu’il faut sur place. Ce dynamisme a des effets sur le marché de l’immobilier aussi bien collectif qu’individuel. La région attire des profils qualifiés avec un pouvoir d’achat en conséquence et cela génère logiquement une dynamique sur le marché de la restauration, des commerces moyen et haut de gamme, des équipements publics, etc. Autant de créneaux intéressants pour les marchés traités par les métalliers. Qu’en est-il des inconvénients ? Les tensions sur l’emploi, déjà fortes dans le reste de la France, sont ici incomparablement plus élevées. Trouver et garder dans une métallerie un bon soudeur relève de l’exploit. Cela n’a pourtant pas effrayé le trio composé du groupe Lang Construction, de CNI dirigé par Richard Thiriet et du compagnon métallier Cédric David de créer en 2012 l’entreprise MetalMade. L’idée de départ a été d’utiliser le volume d’activité de Lang Construction, entreprise générale TCE, pour amorcer la pompe de cette nouvelle structure. Or, rapidement la PME a gagné ses propres marchés et s’est développée. Cédric David, directeur en charge du développement commercial et technique, actionnaire minoritaire au démarrage est devenu, entre-temps, directeur général et actionnaire majoritaire. Celui qui a été formé et guidé par le Centre des jeunes dirigeants (CJD) envisage, à terme, une évolution dans l’actionnariat… Il est accompagné dans cette démarche par un conseiller financier spécialisé.

© Pyc

Tentation de la métallerie aluminium

Les marchés de MetalMade se situent selon son dirigeant dans une fourchette qui se situe entre « 20 000 et 450 000 euros ». Des escaliers intérieurs et extérieurs en acier, des menuiseries acier (gamme Jansen) et aluminium, des garde-corps en aluminium préfabriqués (compte tenu de la proximité de la mer), des habillages de façades, des claustras et des agencements intérieurs constituent l’essentiel de ses chantiers. L’équipe de pose interne qui, selon les besoins, fait appel à des intérimaires, couvre le département en installation comme en opération de maintenance. Les deux conducteurs de travaux ainsi que le dirigeant ont une grande autonomie notamment pour « sourcer » les ouvrages quand l’entreprise n’est pas en capacité de les fabriquer elle-même. « Par rapport aux donneurs d’ordres, cette capacité de décider ce qui peut être réalisé ailleurs dans les meilleurs délais est un véritable atout. En revanche, cela suppose un temps de formation des équipes plus long », reconnaît Cédric David. Ce dernier a fait le choix de développer la métallerie aluminium, entendez, des ouvrages habituellement en acier, qui sont réalisés à partir de profils et de tôles brutes en aluminium puis soudés au TIG avant termolaquage. Par exemple, les poteaux et le portillon pour un pavillon, un garde-corps ou un brise-soleil… « Il n’y a que des avantages pour nous avec l’aluminium. La proximité de la mer nous oblige à minimiser les risques de corrosion. Si c’est un peu plus long à assembler, l’alu est plus rapide à débiter et à poser », note le dirigeant. Il rappelle cependant aussi qu’il faut « faire attention à la déformation qui est plus importante avec ce matériau très conducteur ».

Un nouveau bâtiment optimisé

Dans ce dispositif de MetalMade, le bâtiment inauguré en avril dernier joue un rôle essentiel. Dessinée avec le concours du cabinet Guillot Architecte, cette construction est habillée d’une tôle nervurée laquée de couleur rouille. Le rythme de la façade est rompu par une entrée vitrée décalée qui ouvre sur un hall lumineux (deux fenêtres de toit se trouvent pile au-dessus) dans lequel le visiteur découvre à gauche une salle de réunion et à droite un escalier métallique dont les trois premières marches sont éclairantes. À l’étage, une passerelle conduit aux différents bureaux. C’est à la fois fonctionnel et créatif. Côté production, on remarque immédiatement l’apport de lumière naturelle qui est augmenté par l’ouverture des deux portes latérales ce qui contribue à une bonne aération et au confort de travail des compagnons. Un pont roulant de 3,2 tonnes assure la distribution sur toute la surface.

© DR
Dans ce restaurant de Saint-Nazaire, la métallerie a réalisé les supports du décor et les garde-corps.

Ce qui est aujourd’hui une mezzanine, pourrait accueillir prochainement le bureau des dessinateurs. Une façon d’augmenter la surface utile sans empiéter sur le foncier. L’attention de l’architecte a porté sur les flux et notamment sur la capacité des camions à pouvoir tourner autour du bâtiment afin de décharger d’un côté et de charger de l’autre. Ce sens giratoire est déterminant pour la réactivité générale de l’entreprise. « La concurrence des confrères métalliers est relativement forte sur la région. Notre clé de réussite repose sur notre capacité à pouvoir fournir et poser vite les ouvrages qui nous sont demandés », conclut Cédric David. La prochaine étape sera de développer l’activité vers le client particulier. Ce sera quasiment un nouveau métier…

Jan Meyer

Cédric David

© Pyc

Originaire de Saint-Nazaire, âgé de 43 ans, ce père de deux filles s’est formé chez les Compagnons du devoir après un bac STI option structures métalliques. Il y a assurément acquis de solides compétences techniques puisqu’il a représenté la métallerie française aux Olympiades des métiers (devenues Worldskills) en 2001 à Séoul, en Corée du Sud. Par la suite, Cédric David a travaillé dans une dizaine d’entreprises de taille et de cultures différentes. « J’ai connu des situations de management et de confort au travail parfois dures. J’y ai appris le métier, mais aussi ce qu’il faudrait éviter à l’avenir si l’on veut être performant et pouvoir garder les bons éléments dans son équipe », lance-t-il sûr de lui. L’expérience dans ces entreprises lui a été nécessaire pour la définition du nouveau site de MetalMade.

www.metalmade.fr