
Est-ce un plan de sauvegarde de la sidérurgie européenne ? Si personne n’utilise cette expression, la décision de Bruxelles d’imposer des droits de douane et un quota d’importation sur l’acier y ressemble beaucoup. La Commission européenne a en effet décidé le 7 octobre de doubler les droits de douane sur l’acier et d’en réduire de moitié les quantités importées. Cette décision peut être considérée comme audacieuse quand on mesure à quel point le marché européen est ouvert et faiblement protectionniste. Elle intervient alors que les sidérurgistes présents en Europe, avec ArcelorMittal en tête, ont annoncé des réductions drastiques de leurs investissements et des licenciements importants. On parle de centaines de milliers d’emplois qui seraient ainsi sauvés par ces restrictions aux frontières de l’UE.
Les surcapacités chinoises
Il ne fait aucun mystère que c’est la Chine qui est dans le viseur de Bruxelles. Petit rappel du contexte : L’Empire du milieu produit plus de la moitié de l’acier mondial. Le pays se trouve dans une situation de surcapacité en raison de l’affaissement du marché intérieur de la construction et des barrières douanières érigées aux USA par l’administration Trump. Si l’on ajoute à cela les subventions publiques que la Chine applique sur tous les segments de son industrie, on comprend facilement comment l’acier parvient à inonder le marché mondial avec des coûts extrêmement bas (il est question de 500 euros la tonne de bobine laminée à chaud).
La décision européenne devrait donner un peu d’oxygène à l’industrie européenne de l’acier et lui permettre d’engager les mesures de décarbonation promise. Reste à savoir de combien ces barrières douanières vont-elles faire grimper le prix du produit final ?