C’est une petite révolution. Les trois précédents présidents de Qualibat, Henri Masson (1989 à 1999), Pierre Chemillier (1999 à 2009) et Alain Maugard (2009 à 2021) étaient ingénieurs Polytechniciens et ENPC (Ponts et chaussées). Depuis juin 2021, c’est un architecte, Gérard Sénior, qui pilote l’organisme de qualification et de certification. Un changement de profil plus que symbolique. Il traduit la volonté des organisations professionnelles (dont l’Union des métalliers) de recentrer Qualibat sur les besoins du terrain. Le nouveau président, conscient des enjeux et des attentes de ses membres adhérents, n’a pas éludé les sujets à l’origine de déceptions.
Métal Flash : Comment interprétez-vous le fait qu’un architecte dirige Qualibat ?
Gérard Sénior : En tant qu’architecte et avec mon mandat de l’Unsfa, j’étais déjà membre du bureau de Qualibat. Je connais la maison. Ceci dit, je vois dans mon élection le signe de l’importance que portent les architectes à la qualification des entreprises. Pour nous, c’est un critère majeur de sélection inscrit dans les CCTP. Aussi je suis un homme de terrain quotidiennement au contact des entreprises. Il y a peut-être eu un sentiment de désamour de la part des entreprises avec une distance inhérente à l’évolution de la qualification et du rapport à Qualibat. Je veillerai à corriger cela. Certaines entreprises ayant un vrai savoir-faire ont pu être décontenancées ces dernières années. La RGE, par exemple, qui s’adresse au grand public a déstabilisé des titulaires de qualifications anciennes. Les Unions de métiers nous aident à faire évoluer les qualifications en fonction de l’évolution des pratiques et nous mettons en place la digitalisation des procédures afin d’accompagner ces changements et faciliter la vie de nos qualifiés.
M F : Certaines ont le sentiment d’être plus « contrôlées » que considérées comme « clientes »...
G S : Nous avons certainement des progrès à faire. En interne il est toujours question d’une « relation client », cela ne fait pas de doute. Mais la réglementation et les référentiels ont rigidifié nos rapports, nous avons moins de marge de manœuvre entre elles et nous, on note plus de distanciations et la digitalisation y a contribué. Cela dit, la digitalisation devra fluidifier nos relations avec les adhérents et nous cherchons à apporter plus de services. L’accès aux normes et aux DTU, par exemple, tout comme l’accès aux bases de données de références notables seront facilités par la digitalisation. À nous de le faire savoir. Nous veillerons aussi à faciliter la prise de contact entre les clients et les entreprises qualifiées via des applications de localisation. Enfin, nous étudions la possibilité d’offrir aux entreprises qualifiées un site internet clé en main qui aura une partie intranet permettant de faciliter les mises à jour et les envois de dossiers de références qui représentent un atout commercial pour elles.
M F : Quelles sont vos autres priorités ?
G S : Il y a un travail à faire avec les maîtres d’ouvrage publics et privés pour intégrer systématiquement et de manière automatique dans leur cahier des charges les qualifications Qualibat. Il faut étudier la faisabilité avec les éditeurs de logiciels afin d’intégrer dans les contractualisations les qualifications nécessaires à la réalisation des ouvrages. Nous allons aussi développer nos partenariats avec les industriels pour la formation des salariés. À moyens termes, nous allons consolider les relations avec les syndics de copropriété et lancer une étude prospective avec les organisations professionnelles sur l’avenir des métiers en prévision des offres globales et comprendre comment Qualibat peut les accompagner.