Lasne C’est au moment de monter à blanc une verrière de 15 m de long que l’on mesure l’importance d’avoir de la place dans un atelier.
L’entreprise Lasne est à l’image de la ville de Blois : un beau patrimoine et la nécessité de se réinventer une destinée. Parlons d’histoire justement. Les racines de cette métallerie remontent à 1880 quand un certain Monsieur Serreau, serrurier de métier, s’installe dans le centre de Blois. À l’époque il dispose d’un atelier de 75 m2 surmonté d’un appartement. Forcément on y travaillait essentiellement à la forge. En 1924, l’atelier est vendu à André Legourd. Ce dernier dirigera ce site jusqu’en 1964 avec une dizaine d’employés jusqu’à ce qu’il vende à son tour à Maurice Lasne, père de l’actuel dirigeant. C’est en 1972 que la métallerie Lasne s’installe sur la nouvelle zone industrielle, au nord de Blois. Maurice Lasne démarre avec 1 000 m2 puis, dix ans plus tard, il doublera la surface. L’activité est alors tournée vers la petite charpente et les ouvrages de métallerie. Les commandes de la SNCF affluent pour notamment des ponts de TGV, des quais de déchargement et toutes sortes d’ouvrages métalliques de forte section. Une cabine de grenaillage-métallisation et une zone de peinture avaient alors été installées dans le fond de l’atelier qui a compté 45 ouvriers à son apogée. Lorsque Denis Lasne rachète l’entreprise à son père en 1996, il développe l’activité de chaudronnerie et la menuiserie aluminium (gammes Elmaduc, Reynaers et Schüco).
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Un parc machines stupéfiant
De l’époque du père, Denis Lasne a hérité d’une surface de travail considérable. Au regard des sept salariés actuels on peut en effet dire que les 2 000 m2 de bureaux et d’atelier représentent une vaste surface. Or, il faut considérer que l’équipement et les machines occupent à eux seuls un tiers de l’espace. De fait, c’est presque un musée d’outils en bon état de marche que l’on peut découvrir chez Lasne. Que ce soit les deux tours, les poinçonneuses, les rouleuses, les cintreuses de forte section ou les presses, plusieurs machines sont des « monuments ». Elles continuent de rendre de bons services et Denis Lasne a même acquis des machines anciennes car « elles font un formidable travail et sont d’une fiabilité à toute épreuve ». Cela n’empêche pas le dirigeant d’acquérir aussi du matériel neuf comme cette presse plieuse Amada de 4 m/220 tonnes ou cette rouleuse de tôle de 4 m de longueur. Les ponts roulants alimentent les postes de travail et facilitent le montage à blanc des grands ouvrages. Car l’atelier, qui est donc spacieux, est idéal pour le montage d’ouvrages comme la grande véranda acier fabriquée pour le Relais Trois Châteaux à Cour-Cherverny (41). Il s’agit d’un ouvrage en profilés acier (gamme Unico de Forster) de 15 000 × 7 000 mm qui est une pièce maîtresse du dispositif d’accueil de séminaire de cet établissement hôtelier haut de gamme à une dizaine de kilomètres de Blois.
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Le tournant de la menuiserie acier
Aujourd’hui Lasne n’a plus le même volant d’activité qu’il y a quinze ou vingt ans. Les industries locales ont fermé et les grands projets de la SNCF font partie du passé. Il reste des travaux pour les bailleurs sociaux dans les logements collectifs mais cela n’est pas suffisant pour être à l’abri. La région s’appuie sur un de ses atouts majeurs : le tourisme. Aux portes de la Sologne et de la route des châteaux de la Loire, Blois profite d’une localisation enviable par rapport à d’autres régions de France. « Le patrimoine ancien de qualité est abondant. Les investisseurs ne manquent pas pour
développer l’offre hôtelière. Aussi, il existe de nombreux ouvrages de métallerie à réaliser pour ces projets de rénovation et d’extension », souligne le dirigeant. Lassé par la chute des prix, il a choisi de ne plus fabriquer de menuiseries en aluminium et de se renforcer plutôt sur l’acier. L’appui des gammistes tels que Forster et RP Technik est précieux pour s’engager durablement dans cette voie de la menuiserie acier. En interne, il peut compter sur Christophe Boutard responsable du suivi des chantiers et de la réalisation des plans (logiciels TurboCad et SolidWorks). Lasnes peut également compter sur un des meilleurs prestataires en peinture et thermolaquage de la région, à savoir Sonopol à Vendôme pour garantir une tenue dans le temps des menuiseries. « La menuiserie acier représente déjà 30 % de notre chiffre d’affaires. Ce qui nous motive dans ce marché c’est aussi de travailler sur de beaux ouvrages », explique celui qui ne cache pas son attirance pour les vieilles pierres et les monuments historiques.
Après des décennies durant lesquelles Lasne devait, selon les mots de son dirigeant « subir le travail, tant il y en avait », il s’agit de changer de braquet pour faire connaître son nouveau positionnement. Beaucoup reste à faire, notamment en matière de communication, mais l’essentiel est là. Le savoir-faire et la compétence sont intacts.
Entreprise : Lasne SAS
Effectifs : 7 salariés
Chiffre d’affaires : 1,04 million d’euros
Surface couverte : 2 000 m2
Investissement récent : Presse plieuse 4 m Amada
Denis Lasne
À 52 ans, il est dirigeant de la métallerie depuis 1996 après l’avoir racheté à son père Maurice. Ce dernier reste propriétaire des murs. Bon élève mais peu assidu, Denis a été interne au Lycée des métiers de Felletin dans la Creuse. « C’est une belle vitrine des métiers du bâtiment, j’ai failli choisir la voie des tailleurs de pierre qui me plaît beaucoup également ». Denis Lasne est entré dans l’entreprise familiale à 22 ans après avoir passé les CAP et BEP de Chaudronnerie à Châteauroux puis le bac Pro à Argenteuil. Plus à l’aise à étudier un projet avec ses collaborateurs qu’à arpenter les terrains de golf ou les chasses en Sologne, Denis Lasne sait pourtant qu’il doit augmenter sa visibilité. L’enjeu est d’être repéré des décideurs des projets de tourisme et du patrimoine.
