Paul Pelloux, à gauche et Prémy Jappain, les deux dirigeants.
C’est le genre d’aventure qui donne le sourire. Par les temps actuels, c’est bon à prendre. Ces deux jeunes dirigeants se connaissent depuis l’école. Après le bac, ils ont chacun suivi un parcours opposé pour finalement se retrouver sur un projet commun. L’idée de départ ? Fabriquer des meubles et des cloisons séparatives en cornière et les vendre sur le site Le Bon Coin. L’affaire démarre en 2017 dans un garage familial, sans bureaux, avec des tréteaux, un poste à souder et deux meuleuses… Le créneau est porteur. L’acier brut associé au bois de palette fait un tabac chez les jeunes qui cherchent un mobilier original, un brin décalé et avec une touche écolo. Ça part vite… « C’est là que nous avons eu l’idée du nom de notre entreprise ». Sapar peut aussi signifier « Serrurerie à Paul à Rémy ». Nos deux comparses, Rémy Jappain et Paul Pelloux, ont toute l’énergie et la pointe d’humour (donc de détachement) qu’il faut pour réussir à monter une entreprise. « En quelques mois, nous avons découvert le métier de patron. Nous avons tenu un moment avec le chômage, sans se reverser de salaire. Tout notre argent était investi dans les outils et nous mettions de côté pour acheter un local », se souviennent-ils. En douze mois, les chantiers commençaient à arriver, tout comme la confiance. S’en suivirent assez logiquement les premiers salariés…
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Le chef d'atelier, Zinedine Henda, à gauche, a été le maitre de stage de Paul Pelloux.
La clé pour les recrutements
Le moins que l’on puisse dire, est que l’affaire est partie sur les chapeaux de roues. Cinq ans après les premiers coups de meuleuse dans le garage, Sapar est devenue une PME de vingt salariés (dont six apprentis) qui occupe 600 m2 dont 400 d’atelier dans une petite zone d’activité de l’Essonne, au sud de Paris. Mais où ont-ils trouvé en si peu de temps les salariés ? Alors que tout le monde se plaint de la pénurie de main-d’œuvre, qualifiée de surcroît… « Notre recette pour avoir des jeunes ? C’est qu’on est jeunes ! Nous n’avons pas encore un regard frustré et usé sur le travail. Nous ne sommes pas découragés visiblement. Aussi, comme nous passons beaucoup de temps à l’entreprise, nous préférons nous entourer de gens que nous apprécions », insiste Rémy Jappain qui vient d’avoir 31 ans. Pour les apprentis, Sapar a développé des partenariats avec des CFA, dont celui de Rueil Malmaison (92), par exemple. « Nous n’avons pas eu de mauvaises surprises, tout juste quelques jeunes qui tardaient à se lever le matin… »
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La zone de stockage des ouvrages en attente d'être livrés sur chantier.
L’effet Covid a joué
L’effet Covid a donné un coup de pousse. « Durant cette période marquée par les confinements et le télétravail, il y a eu beaucoup de départs dans les entreprises. Des salariés ont choisi de changer de rythme, voire de métier ou seulement de cadre », raconte Paul Pelloux. C’est le cas, par exemple, de Zinedine Henda, ancien formateur et maître de stage de Paul. Il est aujourd’hui le chef d’atelier. « Je savais à qui j’avais affaire. Il n’a pas eu de mal à me convaincre de le suivre dans cette aventure », lâche-t-il dans un large sourire. On peut aussi citer le cas de Christophe Rodrigues. Cet ancien d’Eiffage est aujourd’hui un des deux conducteurs de travaux de Sapar. Il connaît bien les procédures, les rouages et les habitudes des entreprises générales. Résultat, depuis l’an dernier, Sapar répond avec assurance aux appels d’offres publics et privés et décroche des marchés de menuiserie comme de garde-corps auprès des majors du BTP.
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La poinçonneuse et cisaille semi-automatique HKM 60 est une machine compacte idéale pour ce type d'atelier.
Préférence pour un gammiste acier
Justement, qu’en est-il de la fabrication chez Sapar ? Dans cet atelier qui commence à devenir étroit au vu de la croissance de l’activité, se fabriquent avant tout les menuiseries acier. Et cela essentiellement avec la gamme Unico de Forster. Surtout pour une question d’optimisation de l’espace. « Nous n’avons pas la place nécessaire pour stocker différentes gammes de profils avec leurs joints et leurs accessoires », se désolent les dirigeants. Qu’à cela ne tienne, l’industriel Forster a une belle gamme qui convient quasiment à tous les cas de figure. Par le plus grand des hasards, la famille Reynaers, propriétaire de la marque Forster depuis 2017, habite à quelques kilomètres de chez Sapar. Le relationnel compte aussi beaucoup pour ce jeune duo. Comme lors des recrutements, Rémy et Paul choisissent la plupart de leurs fournisseurs par affinité. C’est même le cas pour les prestataires en thermolaquage et en métallisation qui passent deux fois par semaine à l’entreprise. On fabrique chez Sapar aussi des garde-corps en acier. Quand le marché exige des modèles en aluminium, la PME fait appel à l’industriel Horizal.
Un déménagement en vue
Au chapitre des projets figure un déménagement. Même si les bureaux à l’étage sont spacieux, lumineux et bien aménagés (avec notamment des cloisons et du mobilier faits maison), la place commence à manquer. Les deux dirigeants voient plus grand et plus fonctionnel. Idéalement ils voudraient faire construire un bâtiment qui corresponde pleinement à leurs besoins et leur manière d’envisager l’espace de travail. Le contexte international et les bruits de bottes n’empêchent pas Rémy et Paul de peaufiner leur projet. « On coupe la radio et on bosse. On essaye de ne pas se laisser polluer par l’actualité. Nous ne pouvons pas nous permettre de tergiverser ». Même si les prix grimpent comme jamais ? « On fait avec en essayant d’être rapides et justes ». Avec un chiffre d’affaires qui a doublé durant la période Covid, on comprend facilement pourquoi ces jeunes se montrent confiants, malgré les crises diverses qui les entourent…
Rémy Jappain et Paul Pelloux
Les deux dirigeants de Sapar ont chacun 31 ans et se sont connus sur les bancs de l’école. Rémy Jappain, après le bac, a suivi une formation en finances de marché. Au bout de quatre ans en salle des marchés, il s’est dit « lassé » par cet univers. D’autant que l’affaire Kerviel a, selon lui, « réduit sensiblement l’attractivité de ce métier ». Paul Pelloux, alors que ses parents l’imaginaient faire des études de médecine, a obtenu un bac STI en génie civil. Il a passé sa licence en alternance dans une entreprise de menuiserie métallique et de métallerie en Île-de-France. Il a alors un coup de cœur pour le métal et entraînera son ami dans un projet d’activité dans le secteur.
www.sapar-serrurerie.com
Entreprise : Sapar
Effectifs : 20
Chiffre d’affaires : 2,3 millions d’euros en 2021
Surface couverte : 600 m2
Investissement à venir : Un nouveau bâtiment