Le festival des musiques extrêmes de Clisson : Hellfest ou le métal hurlant !

Du son à fond et de la bière à flot. Le festival Hellfest est un hommage sublime au métal, à la musique comme à la matière. Les artisans de ce qui peut être qualifié de plus grande réussite événementielle de la dernière décennie sont aussi des mordus d’acier brut. Nous sommes allés nous frotter à cet univers qui n’a de rugueux que l’apparence.

Les musiques extrêmes, ça vous parle ? Pour se faire une idée du style heavy metal version XXIe siècle, tapez Slipknot ou Soulfly sur votre moteur de recherche. C’est redoutablement sonore et nourri de films sanguinolents, de zombies et de symboles antireligieux. Pour les plus anciens, il y a Deep Purple, Alice Cooper et Motorhead qui semblent toujours dans la course. Tout du moins ils ont participé avec succès au Hellfest, le plus colossal des festivals d’Europe. Pour certains, cette musique est l’expression du mal absolu, le signe d’une décadence totale de notre civilisation. Par chance, justement pour notre civilisation, l’immense majorité de nos concitoyens sait faire le distinguo entre expression artistique et incantations maléfiques de cerveaux malades. À commencer par la population de
Clisson. Ce petit bourg au sud de Nantes accueille depuis 2006, et durant trois jours, un festival exceptionnel par sa capacité à drainer un public de tous âges venant du monde entier.

Anne Sophie Teillard

En bande et en famille

Au Hellfest on y va en bande comme en famille, déguisé ou en tenue de ville mais toujours avec la bonne humeur. Ici, pas de cars de CRS pour drainer la foule comme lors des matchs de foot. Le Hellfest est une fête bon enfant, sans coups de poing, tout juste quelques gueules de bois… Hellfest, un parc d’attractions de vrais métalleux et de faux durs ? Le festival voit défiler tout ce que la scène rock métal peut générer comme excès kitsch et déjantés sans lâcher son sens de la dérision. Une qualité devenue rare, pas seulement dans le monde artistique…
Initié par un duo de copains dans les années 2000, Benjamin Bardbaud et Yoann Le Nevé, cette affaire est aujourd’hui une organisation rodée qui occupe une quinzaine de salariés à l’année et représente un budget de plus de 20 millions d’euros. Les travaux engagés chaque année peuvent s’élever à 2 millions d’euros en vue de la création d’une nouvelle scène ou de l’amélioration de l’existant. L’idée est de surprendre à chaque fois ce public d’habitués. Ne pas s’endormir sur ses lauriers semble être la règle. Ceci étant, la musique du Hellfest n’est pas idéale pour s’endormir et ça nous
va bien…