Les essais vont bon train chez un fournisseur de matières premières antibactériennes pour peintures. Verra-t-on bientôt des menuiseries et des quincailleries traitées contre le coronavirus ?
Pour nombre d’applications en environnement hospitalier il est recommandé d’utiliser autant que possible des peintures dites antimicrobiennes. Ces peintures en poudres thermodurcissables appelées BioProof chez Adapta ou Sterilcoat AM chez Protech sont chargés en ions d’argent ou de cuivre métaux reconnus pour leur action dans la lutte contre les germes. Ces peintures restent actives même après des lavages répétés sur de longues périodes. Car un tel recouvrement sur les carrosseries des machines de soins ou sur le mobilier ne dispense en rien des phases de nettoyage à intervalles réguliers. Reste à savoir si ce qui fonctionne sur un organisme vivant de quelques microns agit efficacement sur un organisme quasi inerte et infiniment plus petit.
Prudence des fabricants de peinture
Sur ce terrain les fabricants de peinture se montrent prudents. « Nous ne nous engageons absolument pas et nous reposons entièrement sur les résultats des tests effectués par notre fournisseur de matière première BioCote », insiste-t-on chez un des leaders mondiaux qui ne veut même pas être associé au virus. Même discours chez Adapta. « Les procédures de certification sont lourdes et coûteuses. Nous avons fait des essais selon la norme ISO 22196 sur certaines peintures dans différents laboratoires et notre gamme BioProof est commercialisée en France comme revêtement résistant aux micro-organismes. Mais nous n’avons pas encore de validation de tests sur le Sars-CoV 2 (virus de covid-19) ou tout autre virus », reconnaît Mathieu Dutheil. Chez Axalta on se montre encore plus réservé. « Les procédures de validation sont contraignantes et longues. Nous avons des solutions antibactériennes mais nous ne les commercialisons qu’au Royaume Uni et aux USA », explique Julien Marti en charge du réseau Star Coater. Chez le fournisseur de l’additif antimicrobien en revanche la confiance est de mise. BioCote annonce en effet sur son site que les essais effectués avec sa technologie « se sont révélés efficaces avec une réduction de 90 % de la présence du virus sur la surface traitée et cela en deux heures ». La balle est dans le camp des fabricants de peinture. Feront-ils des campagnes d’essais en vue d’une validation sur le coronavirus et d’une commercialisation qui sera nécessairement réservée à des cibles précises et relativement restreintes ?