À mi-chemin entre auvent et cloison, cet élément mobile fait office d’enseigne et de signal. En plein cœur historique de la ville de Strasbourg, il offre un regard innovant et pertinent sur ce que peut être un ouvrage de métallerie aujourd’hui.

Le Ciap (Centre d’interprétation de l’architecture et du patrimoine) est un lieu culturel ouvert au public et dont la vocation est essentiellement pédagogique. Appelé « 5e lieu », cet espace de 600 m2 sur deux niveaux propose des expositions et des parcours interactifs sur les sujets de l’urbanisme et de l’architecture. Après ceux de Châlons-en-Champagne et de Mulhouse, celui de Strasbourg est ainsi le troisième Ciap dans la région Grand Est. Inauguré le 4 décembre 2019, le 5e Lieu est installé au cœur de la capitale alsacienne, place du Château, à côté du Musée de l’Œuvre Notre Dame, du Palais Rohan et face à la cathédrale et au Lycée Fustel de Coulanges. Dans cet environnement patrimonial prestigieux se pose la question de savoir comment arriver à attirer l’attention des visiteurs. Le recours à l’enseigne lumineuse est évidemment proscrit tout comme une banderole ou autre affiche géante. Le bâtiment du Ciap, l’ancienne école de santé militaire, est classé. Ça n’aurait d’ailleurs pas été raccord avec l’esprit et la mission du lieu qui est justement de sensibiliser à la qualité architecturale et patrimoniale. Les architectes de l’agence Nunc ont eu une idée aussi originale que brillante : une marquise mobile !
Il faut imaginer une sorte de demi-boîte métallique, à mi-chemin entre auvent et cloison qui, au moment de l’ouverture aux visiteurs, sort du bâtiment et empiète d’environ 2 m sur la voie publique.

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Un ouvrage coulissant

Le soir, à la fermeture, l’ensemble retourne dans le porche et la porte en bois d’origine qu’il fallait conserver en l’état, se referme. Cette « boîte » est une manière de capter l’attention des passants, voire de leur forcer un peu le pas pour qu’ils entrent dans le Ciap. Face à la cathédrale, la concurrence est telle, qu’il fallait bien sortir du lot pour se faire remarquer. La fabrication de cet ouvrage mobile et motorisé a été confiée à l’entreprise Laugel & Renouard basée à Sainte-Marguerite (88). « Nous avons réalisé une structure porteuse fixée à l’intérieur du porche. Cette marquise motorisée coulisse via des galets sur deux rails équipés d’un dispositif d’antisoulévement », explique Damien Mamet,
directeur général de la métallerie. La toiture de la marquise est en légère pente pour l’écoulement des eaux de pluie et, compte tenu du porte-à-faux, il a fallu l’équilibrer habilement afin que l’ensemble se déplace sans mouvements de bascule. « À cause du porte-à-faux non négligeable, nous avons conçu un ouvrage plus léger que celui envisagé au départ. Les architectes avaient pensé à du Corten qui est plus contraignant et surtout trois fois plus lourd ». Le métallier a recommandé des tôles de parement de 20/10e en aluminium thermolaqué aspect rouille (Interpon D 1036 sablé d’Akzo Nobel) qui sont collées sur la structure tubulaire.
Dessiné à partir du logiciel Topsolid, ce projet a été stimulant pour toute l’équipe de Laugel & Renouard. « Des projets comme celui-là, j’en voudrais tous les jours, ça change des garde-corps au kilomètre », lâche Luc Bonnet, le dessinateur. Ce dernier a pu, avec Topsolid, proposer une cinématique sur écran, c’est-à-dire une simulation du fonctionnement de cet ensemble. Une manière presque ludique de valoriser le travail des métalliers.

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