Qui dans le BTP ne connaît pas Altrad ? Ce groupe fondé par Mohed Altrad il y a près de quarante ans, est devenu un acteur mondial de l’échafaudage et du service à l’industrie. Il a depuis l’an dernier un nouveau siège social dans l’Hérault. C’est une TPE de métallerie qui a fabriqué et posé une étonnante verrière mobile pour ce bâtiment.

Comment un dirigeant d’une entreprise artisanale pourrait-il espérer décrocher un marché pareil ? ST Métal à Fabrègues (34) est une TPE de huit personnes qui a été créée en 2013 par Thomas Sanchez, 33 ans. Les chances de réaliser une verrière mobile de près de 2,5 tonnes sur le toit du siège social d’une multinationale étaient minces. C’était sans compter sur le talent et les qualités humaines de ce jeune montpelliérain. En 2018, il rencontre Mohed Altrad, emblématique patron du groupe éponyme. Ce dernier lui confie la réalisation d’une marquise et d’une porte en fer forgé pour sa résidence principale. Il était en compétition avec des cadors de la profession. Le courant est bien passé entre les deux hommes et il en a été de même avec Alain Gillet, l’architecte en charge de la réalisation du nouveau siège social d’Altrad. Assez naturellement ST Métal s’est attelé à cet ouvrage atypique : une verrière coulissante placée au-dessus du patio dans le hall d’accueil du site.

L’objet est finalement comparable à un mur-rideau de près de 30 m2 qui coulisse sur deux rails.

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Un mur-rideau coulissant

L’idée de l’architecte a été d’offrir la possibilité d’une ouverture totale quand la météo le permet et cela aussi bien de jour comme de nuit lors d’événements festifs, par exemple. C’est un toit ouvrant en somme, télécommandé par le personnel à l’accueil. La partie mobile est constituée de quatre modules verriers de 1,27 x 5,30 m chacun en verre feuilleté autonettoyant et de contrôle solaire. Ils sont fixés sur une structure métallique et des profils acier issus de la gamme série froide de mur-rideau de Jansen. Cet ensemble qui a une pente de 5 % et qui pèse tout de même 1 534 kg est mis en mouvement par deux moteurs du fabricant Came situés à droite et à gauche de ce « vantail ». Ces derniers entraînent le bloc par une crémaillère qui a été soudée sur le châssis. « La complexité du projet était de suivre le souhait du client qui voulait le moins de renforts visibles possibles afin d’augmenter la finesse de l’ouvrage et avoir un surplus de lumière. Nous avons alors calculé l’assemblage de la soudure du mur-rideau sur les poutres pour avoir des verres de 5 m de long tout en ayant une pente minimale. Aussi, le profil de mur-rideau de Jansen nous a permis de gérer parfaitement la jonction entre les deux verres », souligne Thomas Sanchez.

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Contrainte de l’étanchéité à l’air

Il faut savoir que le bureau de contrôle Veritas a exigé qu’il y ait une étanchéité aussi bien à l’eau qu’à l’air. Cette contrainte sur l’air a obligé ST Métal à se montrer inventif : « Nous avons imaginé une rehausse intérieure de type barre de seuil avec un système de joint balai en compression ». Les rails sont quant à eux constitués de ronds étirés en acier inoxydable sur lesquels coulissent des galets dédiés aux fortes charges. Là encore il a fallu se montrer astucieux. En effet, les métalliers ont remarqué que l’entraînement des deux moteurs de 2,5 tonnes chacun n’était pas forcément synchrone : « Nous avons usiné des guides dans les galets afin d’y créer un petit jeu pour qu’au moment où les deux moteurs viennent à ne pas tirer la verrière en même temps, ces guides reprennent le jeu créé par les moteurs pour assurer le bon fonctionnement », insiste le dirigeant. L’assemblage s’est fait entièrement sur le toit. Il y avait largement la place pour travailler confortablement. Le maçon a gruté chacun des éléments de la structure, jusqu’au verre avec un palonnier à ventouses.

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Un montage sur toiture

« À ce stade nous avons été impressionnés par la courbure qu’avaient les verres pourtant épais au moment du levage », note Thomas Sanchez. Heureusement il n’y a pas eu la moindre casse dans cette étape délicate dans laquelle il faut pouvoir se caler au millimètre près afin d’être parfaitement d’équerre. C’est là un des principaux enseignements du chantier pour cette jeune métallerie : le fait que le verre ait une telle flexion et qu’il soit finalement plus délicat de poser un mur-rideau en mode horizontal que vertical.

Maître d’ouvrage : Altrad Participation

Maître d’œuvre : Alain Gillet Architecte

Miroiterie : SLPV Groupe Riou Glass

Métallerie : ST Métal

ST Métal, une TPE ultra-équipée

Cette structure de huit personnes créée par Thomas Sanchez en 2013 a une forte propension à l’investissement machines. Après avoir testé une table de découpe plasma, le dirigeant a choisi d’acquérir une machine de découpe laser de tôles et de tubes qui est installée depuis décembre dernier. Il a également acheté une nouvelle plieuse numérique de 4 m en plus d’une cisaille. Enfin, et c’est le plus surprenant, ST Métal s’est récemment doté de sa propre ligne de thermolaquage… Pour gagner en réactivité ? Même pas. « C’est surtout pour pouvoir faire ce que nous voulons. Dépasser les capacités de base, aller au-delà du banal. Nous savons aller au-delà de nos limites, or, les prestataires en peinture ne sont souvent pas enclins à sortir de leur zone de confort », constate Thomas Sanchez.