L’organisation de cette métallerie normande n’est pas banale. En effet, Lesueur est un groupe de quatre sociétés, quatre entités distinctes, chapotées par une holding. La raison est simple : « J’ai créé mon entreprise en 1986. Or, moins de dix ans plus tard, j’ai frôlé la liquidation suite à la crise de la première guerre du Golfe. J’en ai tiré un enseignement vital : ne pas mettre tous les œufs dans le même panier », explique Philippe Lesueur, actuel dirigeant de cette structure d’une trentaine de salariés qui a démarré sur la base d’une métallerie classique. Les quatre entités couvrent intervient sur deux départements, l’Eure et la Seine-Maritime, chacune un métier spécifique et l’affichent dans leur marque : Lesueur Métallerie, Lesueur Serrurerie, Lesueur Pliage, Lesueur Protection. Les marchés sont majoritairement constitués de clients particuliers, de syndics de copropriété et de bailleurs sociaux. Lesueur Métallerie agit aussi en construction neuve, tant pour des commerces, des industriels que pour des logements collectifs.
Pyc
Quatre sociétés sous un toit
Pour une PME est-ce raisonnable d’avoir quatre entités sur un même site ? « Au départ, lorsque nous avions décidé cette organisation, on nous disait que ça ne faisait pas de sens. Aujourd’hui, personne n’imagine revenir en arrière », note le dirigeant. Les quatre sociétés « font bloc et sont complémentaires ». Chaque société a ses salariés, ses moyens de production (la serrurerie ne produit rien en dehors des clés), ses véhicules et ses propres surfaces de bureaux. Quand Lesueur Protection a besoin d’habillages tôlés pour ses portes blindées, elle demande un devis à Lesueur Pliage, par exemple. Le personnel n’est pas nécessairement polyvalent, là n’est pas l’intérêt. Le but est de ne pas faire chavirer l’ensemble quand un seul des métiers est en difficulté. Aussi, quand la construction neuve est en berne, l’activité maintenance et entretien monte en puissance. Un effet de balancier bien connu par les entreprises du BTP. « Notre but est cependant de pousser chacune des entités à son maximum », insiste de son côté Mickaël Lesueur, fils aîné de Philippe et conducteur de travaux pour la métallerie. Lesueur Pliage doit s’efforcer de décrocher des marchés auprès des confrères métalliers de la région et même auprès d’autres corps de métier. Pas question d’être seulement le sous-traitant interne. Pour les clients finaux il est intéressant d’avoir à faire à quatre savoir-faires complémentaires (l’alarme ou la fermeture, la serrurerie ou la métallerie).
Des moyens et des hommes
Côté moyens matériels, Lesueur est dans une situation contrastée. Le bâtiment principal de Louviers date du début du XXe siècle. La charpente en bois de chêne et la dalle en légère pente témoignent de l’époque où dans ce hangar l’on transformait des pommes pour en faire du Calva… Côté machines Lesueur est parfaitement à jour. Pour optimiser le débit des profils de menuiserie acier, la métallerie vient de faire l’acquisition d’une scie à lame verticale de chez Kasto. Un bijou de précision qui fait gagner du temps lors de l’assemblage des profils au poste de soudure. Il en est de même pour la nouvelle plieuse Amada qui répond à l’exigence de précision, de rapidité et de facilité de réglage que l’on attendait dans l’entité pliage. Les véhicules utilitaires qui sont aussi des vecteurs d’image sont en parfait état tout comme le camion nacelle petit porteur de 22 m de hauteur. Être réactif et autonome est une des clés de la réussite dans les métiers de service. L’autre clé repose évidemment sur les compétences.
Une escalier réalisé pour un client de la région.
Savoir attirer et garder les compétences
La moyenne d’âge est relativement basse dans l’entreprise. Ça n’a pas toujours été le cas. Aujourd’hui, Lesueur s’efforce d’accueillir tous les ans entre dix et quinze collégiens en stage découverte de 3e. « Tous les ans des jeunes choisissent un de nos métiers après être passés dans l’entreprise. Nous mettons les moyens pour les attirer, ils ne viennent pas tout seuls », soutient Mickaël Lesueur. Former en interne est aussi une voie. Sur les trente salariés, cinq ont été formés de A à Z chez Lesueur. « Il y a forcément aussi des échecs, mais une fois sur trois ou quatre nous voyons chez le jeune l’envie d’apprendre et d’aller plus loin. Ces personnalités, il faut savoir les repérer, les suivre et idéalement les garder », souligne le dirigeant.
La recette de Lesueur tient dans un savant mélange entre bon sens familial et commercial. On peut y ajouter la conscience d’une responsabilité économique et éthique au niveau local. Ce positionnement semble avoir porté ses fruits jusqu’à présent.
Philippe et Mickaël Lesueur
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Philippe, 58 ans, a passé son CAP en 1978. Il crée son entreprise en 1986. À cette époque, il était loin d’imaginer qu’un jour il travaillerait avec un de ses enfants. Cela fait dix-huit ans que son fils aîné, Mickaël 36 ans, diplômé ESJDB, l’a rejoint. Une collaboration qui se déroule en harmonie et avec une écoute mutuelle remarquable. Celui qui, un temps, voulait devenir architecte, est aujourd’hui conducteur de travaux pour l’activité métallerie et protection. Féru de dessin, Mickaël a souvent l’occasion de tracer à la main les projets des clients, que ce soit un portail, un escalier personnalisé ou un meuble pour une vitrine. Lesueur est résolument une affaire de famille. Les épouses respectives travaillent aussi dans l’entreprise. Autre engagement commun : l’action syndicale. Philippe est délégué régional de l’Union des métalliers pour la Normandie et membre du conseil d’administration. Il a été président des métalliers de l’Eure, une fonction qu’occupe désormais Mickaël depuis moins d’un an.
www.metallerie-eure-serrurerie-protection-27-76.com
Entreprise : Groupe Lesueur
Effectifs : 30 salariés
Chiffre d’affaires : 3 millions d’euros
Surface couverte : 1 500 m2 dont 600 m2 atelier
Investissements récents : Plieuse Amada 3 m, Scie à lame verticale Kasto