
Pour les membres du SCMF, l’engagement va dans le sens d’une réindustrialisation décarbonée et ancrée dans les territoires. Mais les paroles devront rapidement être suivies d’actes, préviennent les professionnels du secteur.
L’épreuve de la concurrence étrangère
Illustration concrète de cette alerte : le chantier d’envergure de l’usine de recyclage de batteries portée par Orano à Dunkerque, en partenariat avec le groupe chinois XTC. Un projet hautement symbolique, stratégique pour la souveraineté industrielle française… et représentant un volume exceptionnel de 35 000 tonnes de charpentes métalliques à livrer en deux ans. Pourtant, les industriels du SCMF redoutent que ce marché emblématique échappe aux entreprises françaises. Des signaux convergents font craindre que la totalité de la réalisation soit confiée à des sous-traitants étrangers, reléguant les acteurs nationaux au second plan.
De lourdes conséquences
Hervé Gastaud, délégué général du SCMF, alerte : « Une telle perspective ne manquerait pas, si elle se confirmait, d’avoir des conséquences économiques et sociales majeures pour la filière : perte de savoir-faire, destruction d’emplois, affaiblissement de la chaîne de valeur. » Il rappelle également que ce scénario pourrait se répéter sur d’autres projets majeurs à venir, comme les futures tranches de réacteurs EPR2 ou encore les infrastructures des JO d’hiver 2030.
La "Team France" de la CM
Conscientes de ne pouvoir répondre seules à l’ensemble du projet dunkerquois, plusieurs entreprises françaises membres du SCMF envisagent de s’unir au sein d’une "Team France" de la construction métallique. Objectif : proposer une réponse collective à cet appel d’offres. Une méthode que le syndicat entend reproduire pour tous les grands projets structurants à venir. « À l’heure où la France ambitionne de renforcer sa compétitivité industrielle à l’horizon 2030, ce chantier représente une opportunité considérable », souligne Hervé Gastaud.
Un savoir-faire à préserver
Pour le SCMF, les entreprises françaises du secteur possèdent un patrimoine technique et industriel d’exception. « De la Tour Eiffel au viaduc de Millau, elles revendiquent un savoir-faire pluricentenaire, une maîtrise de la conception comme de la mise en œuvre, et un investissement constant dans l’innovation », insiste Hervé Gastaud. À travers son programme "France métallique", la filière multiplie les efforts en matière de recherche, développement et modernisation des outils de production. Le syndicat appelle donc à une mobilisation des pouvoirs publics pour garantir que les promesses présidentielles ne restent pas lettre morte. Plus qu’un appel à l’aide, c’est un plaidoyer pour une industrie française forte, compétitive… et souveraine.