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À deux pas de Metz, cette métallerie a été un temps partie d’une holding familiale. La fille du dirigeant a souhaité en prendre seule la direction. Elle y a imprimé un état d’esprit et un management particuliers. Le climat social et le confort au travail y sont des valeurs essentielles.

Sofib à Norroy- le-Veneur (57)

C’est une histoire de famille comme il en existe beaucoup. Une histoire d’hommes qui créent et développent leur entreprise artisanale jusqu’à en faire, après des années, des PME voire des groupes de PME, solides et bien implantés. Dans ces histoires, les femmes, en l’occurrence les épouses, jouent un rôle essentiel. Mais en retrait. Elles sont dans l’administration et la gestion qui comprend aussi la fonction ressources humaines. La famille Lefèvre, en Meurthe-et-Moselle n’échappe pas à cette logique. Laurent Lefèvre, en 1922 est maréchal-ferrant. Son fils Robert reprend l’entreprise dans laquelle travaille sa femme Lucie. C’est leur fils Gilles qui enclenchera l’extension de l’activité et le développement par la reprise en 1986 d’une entreprise qui deviendra Sofib et la création en 2004 de la filiale au Luxembourg (Lefèvre Lux). Gilles Lefèvre, ancien président départemental des métalliers, a trois enfants dont deux qui sont avec lui dans l’entreprise : Laurent et Émilie. Or, le travail en famille peut engendrer des contraintes, notamment psychologiques. Pas facile pour Émilie de se faire une place entre ces deux hommes, son père et son frère un joueur de rugby de plus de deux mètres… « J’avais besoin d’indépendance et de liberté », explique la diplômée de l’IAE Metz. En d’autres mots, il lui fallait sa « propre entreprise ». Elle cède alors ses parts dans les deux autres filiales du groupe et reprend Sofib en 2019 avec son bâtiment. Émilie est l’unique actionnaire de la holding Michel Steels, son mari Anthony Michel est président de Sofib.

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Des garde-corps et de la menuiserie

Les marchés de cette PME aux portes de Metz se « limitent » à des travaux ne dépassant pas 300 000 à 400 000 euros. De la métallerie classique (garde-corps, escaliers, menuiserie alu et acier, tôlerie…) avec ponctuellement de la sous-traitance pour la métallerie Lefèvre dirigée aujourd’hui par Laurent Lefèvre devenu lui aussi président des métalliers de Meurthe-et-Moselle. Les clients sont des promoteurs publics et privés, des bailleurs sociaux et, quand l’occasion se présente, des clients privés au Luxembourg. « On y réalise des ouvrages plus luxueux qu’en France. Les grands châssis panoramiques, des garde-corps nettement plus travaillés et de l’Inox souvent plein plutôt qu’en tube… », explique la dirigeante. Côté gammes, on fabrique ici avec Jansen et Forster pour la menuiserie acier, Wicona et Reynaers pour les châssis en aluminium. « Il est préférable d’avoir deux fournisseurs pour une famille de produits. Cependant, nos équipes sont sensibles au bon relationnel avec les commerciaux, cela prime souvent sur les qualités intrinsèques du produit », lâche Émilie Michel. Qu’en est-il des moyens de production et du cadre de travail ?

Au moment de la reprise par Lefèvre, ce qui est aujourd’hui Sofib, était une métallerie installée dans une ancienne usine. « C’était un espace de 3 000 m2 pas optimisé dans lequel il faisait chaud l’été et froid l’hiver », se souvient Anthony Michel qui a connu cette époque. Certains hivers la température dans l’atelier était si basse que l’huile se figeait, empêchant le fonctionnement de la presse plieuse…

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Un rectangle en trois zones

Un nouveau bâtiment s’imposait. Il a été livré en 2018 en s’inspirant de ce que Gilles Lefèvre avait préconisé pour sa filiale au Luxembourg. « Un grand rectangle dans lequel nous avons placé trois zones : l’atelier acier, l’atelier aluminium et la tôlerie », précise Anthony Michel. L’atelier de 50 m de long et 25 m de large est lumineux et bien ventilé. En hiver quatre aérothermes assurent le chauffage et l’été les grandes portes industrielles contribuent au rafraîchissement et au renouvellement de l’air. Les machines ont quasiment toutes été reprises de l’ancien atelier. Un pont roulant et le palonnier de l’atelier tôlerie sont neufs. Le confort au travail n’a plus rien à voir. Dans les bureaux aussi c’est le jour et la nuit. Le bureau d’études qui a recours aux logiciels AutoCad et Tekla, dispose d’un espace digne de ce nom avec une vue sur les champs environnants. Une vaste salle de réunion équipée d’un grand écran et de l’équipement pour assurer une visioconférence est située à l’étage. On y reçoit les invités qu’ils soient clients ou candidats au recrutement. C’est là un point essentiel dans le management mis en place par Émilie Michel.

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« Un bâtiment qui nous ressemble »

« Auparavant, nous pouvions mieux faire côté climat de travail. Maintenant nous sommes sereins : ce bâtiment et son aménagement nous ressemblent. On est vrais, on ne veut pas se faire passer pour ce que nous ne sommes pas. Ce cadre nous correspond, c’est le message que nous transmettons à nos publics », insiste la dirigeante. Un élément clé de son management repose sur les « rituels d’animation ». Ce sont des réunions hebdomadaires qui ne « peuvent pas être manquées, sauf urgence extrême ». Ces moments servent à informer et à entendre les bonnes comme les mauvaises nouvelles. Y sont développés les questions de conjoncture (hausse des prix des matières premières…) et les projets à venir. Mais aussi tout ce qui fait le lien dans une PME du bâtiment : les relations humaines, les arrivés et les départs de collaborateurs, l’accueil et la formation des apprentis. « Notre rôle de dirigeant est de mettre de l’huile dans les rouages, de faire en sorte que tout se déroule sans accrocs », note modestement Émilie Michel. Il faut croire que c’est payant. Sofib est crédité d’un 9,3 sur 10 sur la plateforme www.plus-que-pro.fr. Plus de 65 avis certifiés de clients en un an. Dans ces avis la qualité de la fabrication et de la pose compte au moins autant que les relations humaines…

Émilie et Anthony Michel

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Ils se sont connus chez Lefèvre. Elle est la fille du patron et lui était chargé d’affaires. Elle est diplômée en contrôle de gestion, lui a un BTS enveloppe du bâtiment. Quand Émilie décide de reprendre l’entreprise Sofib à la holding familiale, elle y rejoint Anthony qui en a pris la direction opérationnelle quelques années auparavant. Un excellent appui pour suivre entre autres le bureau d’études, la production et les équipes de pose. En cours de route il devient son mari. Ils forment un duo équilibré, complémentaire et heureux…

www.michelsteels.com

Entreprise : Sofib

Effectifs : 22

Chiffre d’affaires : 2,5 millions d’euros

Surface : 1 400 m2 dont 500 m2 bureaux

Projet d’investissement : Logiciel de dessin 3D