Ryms à Loire Authion (49)
Tout commence au début des années quatre-vingt. La métallerie Ryms voit le jour quasiment au moment où Joanna Zwolicki, la dirigeante actuelle, débarque en France de sa Pologne natale. Ses parents ont dû fuir le pays pour des raisons politiques. Son père, Stanislaw Zwolicki, ayant participé au mouvement syndical ouvrier déclencheur de l’effondrement de l’URSS une décennie plus tard. À cette époque, Ryms est une métallerie qui occupe sept salariés avec une fabrication de menuiserie aluminium et une activité de négoce en quincaillerie.
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Joanna Zwolicki, dirigeante et Yoan Jarry, chef d'atelier.
De son côté, Joanna Zwolicki aura connu le parcours des migrants. Il a commencé par un séjour en foyer Sonacotra à Nantes. Elle apprend le français, décroche le bac à 18 ans. La famille n’a pas les moyens pour l’orienter vers les grandes écoles. Qu’à cela ne tienne. Ce sera un BTS de communication et relations publiques. Sa carrière démarre en 1992 chez Dirickx, l’inventeur de la clôture moderne. Elle y restera jusqu’en 2017. « J’ai travaillé avec Jacques Dirickx sur le développement des marchés à l’export et les pays d'Europe centrale en particulier. J’y ai monté des partenariats avec des fournisseurs de ferronnerie pour permettre aux installateurs locaux d’avoir une offre mixte entre de la clôture industrielle et des ouvrages traditionnels en accord avec la culture locale. C’est là que j’ai pris goût aux beaux ouvrages et la restauration des bâtiments anciens. Pour une personne déracinée et issue d'un pays martyrisé par les guerres successives, le patrimoine devient un ancrage. Je sentais le besoin de participer à la préservation de ce patrimoine », se souvient-elle. Décision est prise d’acquérir une PME dans le secteur, de préférence dans le métal qui lui est déjà familier. Plutôt que de créer, Joanna souhaitait « une reprise en vue d’une pérennisation ». L’affaire est conclue en 2019 avec Ryms.
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Il y a toujours un ou deux apprentis dans l'atelier de cette PME.
Une nouvelle orientation
La reprise de cette PME s’est faite sans l’accompagnement du cédant et aussi quelques tensions… Rapidement l’équipe a été consolidée et accompagnée. Pour celle qui cherchait une structure « avec de l’humain et de l’art », il y avait de quoi faire. À commencer par cesser l’activité menuiserie aluminium. Ce sera de l’acier avec deux axes principaux : la métallerie et la ferronnerie d’art. « Pas question cependant de se concentrer uniquement sur l’ancien. J’ai besoin de sentir l’alliance entre tradition et modernité ». Le nouveau positionnement s’accompagne de nouvelles terminologies : on ne parle pas chez Ryms de « quincaillerie » mais d’accessoires pour l’ouvrant… C’est plus respectueux et un brin plus féminin sans doute. Dans l’atelier de 500 m2, la forge est allumée toute la journée. Il y a toujours une pièce à mettre au feu, ne serait-ce que pour lui donner un aspect bruni et martelé. On y fabrique des rampes, des escaliers, des habillages pour de l’agencement, des pièces décoratives et d’autres qui assurent la fermeture (espagnolettes, targettes, crochets, loquets…). Nécessairement cette orientation d’activité implique deux types de clientèle : pour les projets de métallerie ce sont les architectes décorateurs, les ACMH et les maîtres d’ouvrage privés (hôtels et restaurants, par exemple) qui sont visés. Ryms conçoit, fabrique et assure la pose. Pour les accessoires de fermeture qui sont distribués sous la marque Fermanoir, il s’agit d’une commercialisation en « B to B ». Entendez la vente aux entreprises phares du secteur de la rénovation du patrimoine. Le catalogue des pièces est visible sur le site www.fermanoir.com. Ce dernier est un support efficace au développement des commandes au niveau national ainsi qu'à l’étranger. L’a dirigeante souhaite également renforcer la prescription de l'agencement en local auprès des particuliers et des professionnels de l'hôtellerie et du tertiaire.
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Les espagnolettes sont parmi les produits phares à destination des entreprises spécialisées dans la restauration du patrimoine. /Les escaliers de style figurent aussi dans les références.
Une réorganisation en cours
Se placer sur de nouveaux marchés avec de nouvelles typologies de clientèle a supposé, outre l'équilibre des compétences à l'atelier, de renforcer les équipes administratives de l'entreprise ainsi que les process. « Il nous faut trouver le juste équilibre des effectifs entre production, conception et gestion des chantiers pour actionner notre intelligence collective », explique la dirigeante. « Nous devons nous améliorer dans l’accompagnement des équipes tertiaires qui sont plus facilement en perte de repères dans le contexte actuel ». François Bridier, qui occupe le poste de chargé d'affaires, est un ancien de la menuiserie bois. « La connaissance du bois est un atout auprès des donneurs d’ordres exigeants auxquels nous avons affaire ». Un poste d’acheteur est créé, pas nécessairement pour obtenir les meilleurs prix, les volumes restant faibles, mais pour avoir une garantie d’approvisionnement en matière et trouver la sous-traitance adéquate.
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La forge est allumée toute la journée car il y a toujours un travail de ferronnerie à faire.
Parmi les idées développées pour améliorer la communication interne, il y a la « journée détente de cohésion ». Au programme de la dernière édition figuraient la découverte pédagogique des vignobles de la région et un "escape game" dans les sentiers du Saumurois en voiture ancienne. « C’est une occasion conviviale de réunir les équipes, sans esprit de compétition ». Une manière d’intégrer rapidement les nouvelles recrues. « Le succès d’une entreprise passe par l’épanouissement des membres de l'équipe qui la compose », nous dit-on. Le suc avant la fin de l’année vers un bâtiment plus grand et mieux agencé devrait contribuer à augmenter encore cette « qualité de vie » au travail.
Joanna Zwolicki
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Arrivée en 1983 à l’âge de onze ans de Pologne, Joanna Zwolicki a rapidement pris goût à la culture et à l’histoire française. Après plusieurs années passées chez le fabricant de clôtures Dirickx, le besoin d’agir dans le secteur de restauration du patrimoine ancien est devenu une évidence pour cette passionnée d’art. En 2019, elle reprend une entreprise de sept personnes. Avec un sens aiguisé de la communication et de l’image de marque, la dirigeante a su placer Ryms sur des marchés exigeants mais porteurs et stimulants sur le plan intellectuel. Sa grande satisfaction ? « Vivre une belle expérience collective et avoir la chance de voir éclore les talents ».
www.ryms-le-fer.fr
Entreprise
Ryms
Effectifs
13
Chiffre d’affaires
900 000 euros
Surface couverte
700 m2
Investissement à venir
Déménagement dans un nouveau bâtiment.