La ministre du travail a mis en cause les entreprises qui « ne joueraient pas le jeu » pendant la crise sanitaire. Elles auraient arrêté les chantiers sachant que « l’état payerait ». Le président de la FFB lui a répondu fraîchement.
Le bâtiment durement touché par la crise sanitaire se serait bien passé d’une telle mise en cause par Murielle Penicaut. Le 19 mars au matin sur la chaîne LCI, la ministre du Travail s’en est prise aux entreprises qui selon elle « ne jouent pas le jeu et qui disent finalement l’état paiera, nous ça nous regarde pas, eh bien c’est pas du civisme ». Sous-entendu, les acteurs du bâtiment auraient décidé unilatéralement, sans essayer de mettre en place des conditions de travail sécurisées, d’arrêter les chantiers. Quelques heures après cette accusation Jacques Chanut, président de la FFB, a répondu dans un courrier dont nous publions de larges extraits.
« Aucune de nos entreprises, aucun de nos artisans, ne se sont mis dans une position de tire-au-flanc face à la situation actuelle ! Envisager que certains d’entre eux aient pu le faire pour profiter des éventuelles largesses de l’État en matière de chômage partiel est insultant. Le bâtiment est une profession qui a toujours su répondre présent pour soutenir l’emploi. Nous n’avons pas de leçon à recevoir : nous mesurons parfaitement le sens de l’épreuve. Le mépris affiché à notre égard depuis hier par les pouvoirs publics, dans le contexte que nous traversons, est d’une déloyauté sans nom. Il est aussi sans précédent.
"Preuve de défaitisme"
Comment prétendre que les entreprises « ne joueraient pas le jeu » alors que dès le début de la crise sanitaire, nous avons multiplié les contacts avec le ministère de l’Économie et les partenaires de la Profession, notamment les négociants, pour tenter de maintenir les circuits de production ? Comment prétendre que nous ferions preuve de « défaitisme », alors que jusqu’au bout nous avons été à l’initiative ?
Mais aujourd’hui : la fourniture de matériaux s’interrompt dans de nombreux endroits, les forces de l’ordre enjoignent à nos salariés de quitter les lieux, les clients refusent l’accès aux chantiers et - c’est le plus important au final - nos salariés sont légitimement inquiets pour leur santé. Impossible dans cette situation d’assurer un fonctionnement normal de nos activités. Nombre de nos entreprises ont d’ailleurs été réquisitionnées pour fournir leurs éléments de protection (masques et lunettes) aux hôpitaux de la région et elles l’ont fait avec évidence.
Les entreprises de Bâtiment ne désertent pas le front : elles n’ont pas d’autres choix que de fermer ! De qui se moque-t-on ? ! Ce n’est pas en laissant entendre aujourd’hui que nos compagnons seraient des salariés de second ordre, que nous résoudrons la crise du recrutement une fois cet épisode passé. »