Greffe métallique pour une tour emblématique
Le quartier de La Part-Dieu à Lyon est caractéristique de l’urbanisme et de l’architecture des années soixante-dix. Il s’agissait ici de créer un grand quartier tertiaire, un peu sur le modèle de ce qui a été fait à l’ouest de Paris, dans le quartier de La Défense. Le principe consiste en un ensemble de bureaux avec plusieurs édifices phares reposant sur une dalle qui permettrait de créer deux niveaux l’un pour les flux motorisés et les parkings et l’autre pour les circulations piétonnes et les vélos. L’ennui, c’est qu’à Lyon, ça n’a jamais véritablement fonctionné. L’idée a été évoquée par certains, au début des années 2000, de raser le tout pour repartir de zéro. Or, c’est plutôt un mix entre réhabilitation de l’existant et construction neuve qui sera retenu. La Tour Silex 2 en est l’éclatante illustration.
© Boegly Grazia
La singularité du patrimoine
« Réinventer Lyon Part-Dieu ne signifie pas repartir de zéro, mais s’appuyer sur la singularité et la force du patrimoine existant pour développer un projet urbain contemporain.?Le projet Silex2 s’inscrit pleinement dans cette optique en proposant la restructuration d’un immeuble existant : la tour EDF, située au cœur du quartier de la Part-Dieu et faisant partie du patrimoine immobilier du quartier (label « Patrimoine Part-Dieu »). Cette tour réalisée en 1977 par les architectes Jean Zumbrunnen, Charles Delfante et René Provost, témoigne de la virtuosité des architectes dans l’emploi du béton armé », explique-t-on chez Arte Charpentier, les architectes de la mutation de l’ex Tour EDF en Tour Silex 2. Ces derniers se sont associés à l’agence Mà Architectes dans ce projet qui représente 32 000 m2 de bureaux et pas moins de 1 700 m2 de terrasses et de patios accessibles. La nouvelle tour culmine à 130 m de hauteur.
L’idée a été non seulement de conserver la structure de la tour existante mais de la remettre en valeur. L’ancienne tour EDF est un bâtiment de 23 étages qui est posé sur un pied étroit en béton armé « et ses consoles post-contraintes forment une taille de guêpe qui en fait l’un des objets remarquables du patrimoine architectural » de ce quartier. L’ossature béton est non seulement ravivée mais elle devient l’appui de la greffe que les architectes ont imaginé en ossature acier. Celle-ci signe véritablement l’identité de Silex 2.
© Boegly Grazia
Zone à risque sismique
La conception d’une construction neuve accolée à une tour existante située dans une zone à risque sismique a soulevé des problématiques complexes liées au comportement dynamique différencié de ces deux structures sous l’effet de séisme ou de vent. Initialement, la maîtrise d’œuvre avait conçu ces deux constructions structurellement indépendantes et suffisamment espacées pour permettre leurs déplacements différenciés. Lors de ses études, l’entreprise a proposé de brider les mouvements horizontaux liés au séisme et au vent par le couplage de l’extension à l’existant. L’élaboration de nombreux modèles de calculs a validé cette option et éliminé le risque de dégradation de la structure de l’existant. La tour existante, construite en béton armé avec un pied en béton brut, est écrêtée de trois niveaux reconstruits en acier avec deux niveaux de plus. L’extension est réalisée en charpente acier sans noyau. Elle s’appuie ponctuellement au 21e etage sur la tour existante pour résister aux séismes et efforts du vent tout en préservant l’indépendance structurelle des deux tours.
(Source : Arte Charpentier)
Maîtrise d’ouvrage : Covivio
Maîtrise d’œuvre : Mà Architectes et Arte Charpentier
BE Structure : Terrell Group
Entreprise de construction :Eiffage Construction
Charpente métallique : SMB
Façadier : Goyer