Uri Hofi, un pionnier de la forge
Nous ne l’avons appris que tardivement, dans l’édition numéro 3 du magazine allemand Hephaïstos. Uri Hofi est mort le 14 mars dernier à l’âge de 88 ans. Quasiment personne en France ni dans la presse ni sur les réseaux sociaux n’a fait écho de cette nouvelle. « Ça en dit long sur l’image et les postures adoptées par le milieu hexagonal de la ferronnerie. Il bousculait les méthodes traditionnelles », résume un des élèves français de ce maître de la forge moderne. Uri Hofi est né en 1935 en Israël. Ingénieur agronome de formation, il a travaillé en Israël et en Afrique sur des projets de développement agricole. C’est en 1984, après sa rencontre avec le maître forgeron tchèque Alfred Habermann, que sa vie bascule vers les métiers du fer. Dans le cadre d’un Kibboutz, il créera sa propre école de forge en captant des enseignements et des savoir-faire de toute l’Europe.
Une méthode spécifique
« Il est devenu une référence mondiale dans l’enseignement de la forge », explique-t-on chez Fer à Modeler, une école d’inspiration Hofi à Méjannes le Clap (30). « Il a développé une méthode spécifique qui s’efforce de s’adapter sans cesse aux contraintes et aux conditions du monde actuel ». De fait, on y apprend à réduire l’effort, à ne pas se blesser, à réduire la consommation d’énergie, à adapter les outils à soi et non l’inverse, à soigner l’ergonomie et viser une meilleure productivité. Travailler avec des foyers plus petits et plus concentrés, se tenir droit face à l’enclume (et pas voûté comme on le voit souvent en France…) avec une enclume réglable en hauteur… Les stagiaires ont tous commencé par fabriquer leurs propres outils. Bien plus qu’une technique, Hofi a enseigné une attitude face au travail. Ceux qui l’ont croisé ont été marqués par cet homme habité d’une véritable conviction. Son credo : « nous devons rendre les jeunes meilleurs, ça ne peut passer que par l’éducation ».