Faire basculer son parc de véhicules vers des motorisations alternatives est une préoccupation forte du BTP. La fin du moteur thermique en 2035 et la mise en place des ZFE a poussé la FFB à engager un travail d’information.

Comment répondre aux zones à faibles émissions ?

Les interrogations sont nombreuses pour les artisans et entrepreneurs de la construction au sujet des « véhicules propres » et des zones à faibles émissions (ZFE). La FFB Auvergne Rhône-Alpes, la Fédération BTP Isère et BTP Rhône & Métropole ont organisé « Les Journées de la Mobilité » les 28 juin et 6 juillet à Grenoble (38) et Villeurbanne (69). Ces rencontres visaient à présenter aux dirigeants une offre de véhicules légers, utilitaires et poids lourds aux motorisations électrique, gaz et hydrogène. Une exposition de modèles et une conférence étaient proposées sur les deux évènements. C’était aussi l’occasion de dresser un état des lieux. Le secteur du bâtiment qui est prêt à investir pour diminuer son empreinte environnementale se heurte toutefois à trois freins : le coût, le temps et l’offre.

« Un monde à deux vitesses »

Au regard du calendrier resserré, l’offre de véhicules actuelle n’est pas suffisante pour répondre aux besoins. « Nous avons participé aux discussions concernant les ZFE et faisons valoir nos métiers et nos impératifs » précise Bertrand Converso, président de la Fédération BTP Isère. « Il faut que l’on puisse avoir une offre concrète des constructeurs et des opérateurs de distribution d’énergies. On peut déplorer qu’au niveau mondial, les constructeurs avancent à leur vitesse. Malgré l’annonce de la fin des moteurs thermiques en Europe en 2035, nous sommes dans un monde à deux vitesses. Les constructeurs avancent à la leur, et nous avons tendance à courir derrière ». Engins de chantiers, camions avec grues… « les nouveaux modes de carburations tels que le gaz et l’électrique n’ont pas encore suffisamment de recul sur ce type de véhicules et même pas d’offre pour certains », alerte Bertrand Converso.

Les trésoreries en souffrance

Si la question de l’offre et de l’autonomie inquiète les entreprises, le coût est également un frein important. En effet, ces véhicules coûtent « 15 à 20 % plus chers que les véhicules diesel ou essence actuels ». De plus, se pose également la question de l’énergie. « J’aime à rappeler que l’an dernier, on payait le gaz 0,80 € le kilo, alors qu’aujourd’hui le prix affiché est de 2,20 € », note le dirigeant. Si des aides financières à l’achat sont aujourd’hui proposées par les métropoles de Grenoble et de Lyon ainsi que par la Région Auvergne Rhône-Alpes, « elles ne sont pas suffisantes au regard des investissements », indique Olivier Aubert, président de la Commission environnement & innovation de la FFB AURA. « Nous sommes dans une période où les trésoreries souffrent, du fait de la crise des matériaux et de l’énergie. Cet effort supplémentaire n’est pas tenable aujourd’hui pour les entreprises et artisans. Tout va se jouer dans l’accompagnement. Il est aussi essentiel que le développement des infrastructures s’accélère dans les territoires ».

L’impact de la mobilité sur l’organisation

Le passage aux motorisations alternatives n’est pas neutre. Il impacte aussi largement organisation de l’entreprise et des chantiers au quotidien. « Il est aussi important de rappeler que ces nouvelles mobilités auront un impact sur l’organisation de l’entreprise et du travail », souligne Éric Bouvard, président de la section Équipement Technique à BTP Rhône & Métropole. « Autonomie, temps de ravitaillement… le modèle d’organisation du travail et du chantier sera amené à être repensé ». Face à ces difficultés et pour s’adapter au mieux à ces changements majeurs, les entreprises ont besoin de temps et d’accompagnement : dérogations, élargissement et hausse des aides financières…

(Source : FFB)