C’est devenu le mot d’ordre général : il faut décarboner l’activité ! Et de préférence tout de suite… Au risque de flirter avec l’excès de langage et l’absurde.

Sommes-nous tous décarbonés?

La température grimpe. Même les plus sceptiques sur les causes du dérèglement climatique sont obligés de s’essuyer le front sous l’effet de la chaleur. Il paraît impossible de maintenir la hausse des températures sous le seuil des 2 °C. Dans ce contexte aux conséquences dramatiques pour l’humanité, certains secteurs jouent leur va-tout. Passons sur l’automobile qui s’est fourvoyée dans l’hybride et s’imagine un monde radieux grâce au véhicule électrique. Restons dans le secteur de la construction. Prenons le bois, par exemple. Il se présente en premier « défenseur de l’environnement », rien que ça. Rappelons qu’il n’est qu’un capteur de CO2 qui tôt ou tard sera relâché dans l’environnement. Il a bien fallu couper ces arbres, les transformer et les transporter parfois très loin... Qu’en est-il du verre ? Récemment un industriel a annoncé « un verre zéro carbone ». Uniquement à base de calcin.

Croire au miracle !

C’est miraculeux ! Or, ce verre à recycler il a bien fallu le collecter et le transporter, en camion… Aussi la filière béton annonce avec aplomb la mise au point « de ciments décarbonés », quelle audace… Les acteurs du métal quant à eux sont muets, ou presque. Ils font profils bas, s’imaginant dans un monde à part puisque par nature, le matériau est recyclable et recyclé. Plutôt que de faire la course à celui qui décarbone le plus, il est urgent d’agir ensemble pour réduire l’empreinte globale de la construction. Une ossature béton restera pour longtemps un formidable support d’extensions verticales et horizontales avec du bois, du métal et du verre. Le réemploi de matériaux comme la non-démolition des constructions viables doivent imprégner profondément l’esprit des acteurs du BTP. Tout le reste n’est que communication et effet d’annonce.

Photo : © Amir Arabshahi Unsplash