Le groupe Wanecque c'est l’histoire d’une ascension fulgurante et d’un jeune dirigeant. La mécanique s’est enrayée au sortir du confinement. Un solide repreneur est désormais associé à l’aventure.

Wanecque repris par Cassous

L’entreprise Wanecque, basée à Mérignac (33) et créée par Romain Wanecque en 2012 âgé alors d’à peine 25 ans, a connu une croissance fulgurante. Il a démarré dans 150 m2, six ans plus tard il occupait 2 000 m2. Ce qui est rapidement devenu un groupe de plusieurs entités (dont une métallerie Inox, une métallerie acier, un thermolaqueur…), a compté jusqu’à 105 salariés pour un chiffre d’affaires de 13 millions d’euros. Romain Wanecque, ingénieur de formation, a de l’ambition et le fait savoir. Il arrache des chantiers de prestige au nez et à la barbe d’entreprises implantées de longue date sur le territoire. Dans les milieux économiques bordelais on n’était pas habitué à de tels profils. Ce jeune veut faire vite et monter haut. Il a l’ambition des start-up que rien n’arrête et pour lesquelles tout est possible à condition de le vouloir. Or, pour grandir vite il faut embaucher vite… « Wanecque a un pouvoir de séduction incroyable », dit un ex-salarié débauché chez un confrère. Certains métalliers locaux en ont gardé une solide rancœur. Il faut dire que chez Wanecque l’ambiance est rock’n’roll : on travaille en musique, un chopper est garé dans le couloir à côté d’un baby-foot, un immense graph d’Iron Man est au mur de l’atelier, l’entreprise annonce plus de 130 000 followers sur les réseaux sociaux… Romain est aussi un homme d’affaires qui flaire les opportunités. Quand il développe l’activité aquatique de loisir avec en tête de gondole les toboggans géants pour piscines, il fait mouche. Le marché est en plein essor et l’image des loisirs aquatiques attire des talents autant que les partenariats et les financements. Pourtant ce schéma idyllique s’est arrêté net.

Effet « Ko Co » et KO technique

En juin dernier, le dirigeant annonce un plan social pour 40 salariés, dans la foulée l’entreprise en mise en redressement judiciaire. La situation était critique depuis au moins deux ans. Que s’est-il passé ? Qu’est-ce qui a enrayé cette mécanique boostée au succès ? Le dirigeant parle « d’effet Ko Co », entendez Kozac et Covid. Kozac est une enseigne spécialisée dans l’escalier de prestige ; sa référence iconique est l’ouvrage du pôle média LVMH à Paris (Métal Flash n° 129 - mai 2018). Romain Wanecque entreprend de racheter Kozac en 2018, or l’affaire tourne mal. Les relations avec le cédant se tendent et virent au conflit qui finit par « coûter 1,5 million d’euros ». Vient ensuite le virus qui met à l’arrêt l’activité. « À la sortie du confinement, la production était au taquet mais pas l’équipe commerciale ni le BE », lâche-t-il amèrement. La trésorerie est à sec et le moral de certains cadres en berne. On passe de 1 million d’euros d’encours d’assurance-crédit fournisseurs à zéro. L’aventure Wanecque semble engagée dans le tourbillon d’un toboggan… Romain contacte alors Henri Cassous, 80 ans, président et fondateur du groupe Cassous. Ce dernier est admiratif du parcours de celui qui pourrait être son petit-fils. Il propose de racheter l’ensemble à la barre du tribunal avec une offre « largement supérieure » aux autres prétendants, à la condition que Romain Wanecque reste dirigeant. Pour Cassous, acteur régional majeur du BTP et de la promotion immobilière, cette acquisition est l’occasion d’ajouter une nouvelle corde à son arc qui comprend déjà 33 filiales. La métallerie garde 52 salariés et dispose désormais de moyens considérables pour se redéployer sur ses marchés et en conquérir de nouveaux.