Techmétal à Saint-Hilaire-du-Harcouët (50)

Techmétal à Saint-Hilaire-du-Harcouët (50)

Il y a des images qui marquent une vie. En 1945, le général de Gaulle visita Saint-Hilaire-du-Harcouët (50) rasé à 80 % par les bombardements. C’est un enfant du pays qui lui remit symboliquement les clés de la ville martyre. Ce garçon était Daniel Gaignon, il avait sept ans et un parcours déjà tracé. Il obtint en 1973 le titre de l’un des Meilleurs ouvriers de France (MOF) en métallerie. La même année, il prend avec Gérard Morel la direction de la métallerie-ferronnerie Morel créée en 1950. Celle-ci, installée à deux pas du centre de ce bourg, deviendra ensuite SA Morel-Gaignon. Gilles, le fils de Daniel, entre dans l’entreprise au début des années quatre-vingt-dix. « Le pire moment de l’histoire de l’entreprise », se souvient-il. « Après la première guerre du Golfe entre 1990 et 1991, la construction était quasiment à l’arrêt en France. Il n’y avait pas d’aides de l’État comme cela a été le cas pour la crise sanitaire ». 1996 sera l’année noire. Daniel Gaignon décède à 58 ans laissant son fils aux commandes à seulement 23 ans. « Mon père avait les connaissances techniques et le sens du relationnel, mais il n’était pas gestionnaire ». Le dépôt de bilan est inévitable. Gilles, avec l’aide d’associés et de conseillers, reprend à la barre du tribunal de Commerce la société Morel-Gaignon et créée dans la foulée Techmétal qui démarre avec sept collaborateurs dont quatre intégrés dans un pôle d’actionnaires. La métallerie renaît et les marchés locaux lui assurent un bon volant d’activité. En 2000, c’est l’heure de la diversification dans la menuiserie aluminium (gamme Kawneer) avec la création d’une unité de fabrication de menuiseries alu et en 2004 une croissance externe avec le rachat d’Espace Baies basée à Granville (50).

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Les machines anciennes ont été modernisées avec des commandes numériques.

Des marchés diversifiés

Les marchés pour cette métallerie familiale sont diversifiés dans cette région. La Manche présente la particularité d’avoir près de 350 km de côtes ce qui, en plus de l’activité agricole, engendre une économie du tourisme balnéaire et des résidences secondaires. La rénovation des monuments et des logements y représente un créneau intéressant. Techmétal répond à des appels d’offres publics et privés aussi pour des agencements et de la décoration intérieure, des façades de magasins, des espaces commerciaux… « Nous sommes référencés chez d’importants agenceurs locaux qui nous font bien travailler », note Gilles Gaignon. D’autant que l’acier a le vent en poupe. Techmétal s’est ainsi lancé dans la fabrication de menuiseries acier (gamme Jansen). Côté Espace Baie à Granville, ce sont essentiellement les marchés du résidentiel qui sont visés ainsi que des chantiers avec des constructeurs de maisons individuelles, dont un fabricant de maisons à ossature bois. Les deux dernières années marquées par la crise sanitaire ont été dures. Gilles Gaignon reconnaît une erreur d’appréciation : « Nous aurions dû tout arrêter sur plusieurs mois plutôt que de continuer à fabriquer au ralenti. Lorsque les chantiers ont repris nous avions terminé nos ouvrages or cette avance ne nous a pas servi puisque les autres corps de métiers étaient en retard ». La crise sanitaire en plus de la hausse des prix des matériaux ont affecté la rentabilité. Aujourd’hui l’activité va bien et le dirigeant mise sur les ouvrages en acier, surtout la menuiserie et la métallerie pour l’agencement, pour conforter les résultats financiers. Récemment Techmétal a livré des éléments de façade en Corten sur un chantier d’habitations contemporaines. C’est ce type d’opération qui fait du bien au moral… Reste cependant à trouver le personnel.

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L'atelier aluminium se trouve dans un autre bâtiment en périphérie du village.

Un outil conventionnel

Au niveau des moyens de production, Techmétal est installé dans le bâtiment d’origine pour l’activité métallerie, la menuiserie alu étant dans un autre bâtiment plus récent. Difficile d’y gagner en surface et même d’y entreprendre de gros travaux de rénovation. Alors on fait avec les outils traditionnels que l’on trouve dans la plupart des métalleries (presse plieuse, cisaille, poinçonneuse, perceuse sur colonne…). Au bureau d’études qui occupe deux personnes, une pour l’alu l’autre pour l’acier, les plans sont dessinés avec les logiciels des fournisseurs de profils (Kalucad de Kawneer et JANIsoft de Jansen) ainsi qu’AutoCad et MétalCad de Media Softs. Au-delà des moyens techniques utilisés, la performance tient à l’équipe de production animée par Christophe Gloria, chef d’atelier. En poste depuis quarante ans, il est un pilier de l’entreprise. « J’aime profondément mon métier et je m’efforce de transmettre mon savoir-faire aux jeunes », explique celui qui retarde tous les ans son départ à la retraite. L’entreprise a toujours porté une grande attention à la formation des jeunes et ce malgré les difficultés de recrutement en particulier depuis la fermeture de la dernière section CAP de métallerie de la Manche. Gilles Gaignon utilise tous les outils et solutions possibles pour le recrutement, notamment des opérations de « job dating » initiés par la FFB de la Manche présidée par François Duval, à l’origine de l’initiative « BTP Jobs Normandie ». Cette structure a lancé une formation « métallerie » qui vise les jeunes migrants afghans et syriens présents en Normandie et demandeurs d’une qualification.

Gilles Gaignon

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À 52 ans, Gilles Gaignon a toujours connu cette métallerie familiale. Il est arrivé dans l’entreprise de son père à 22 ans après une formation à l’ESJDB et en a pris les commandes un an plus tard. Celui qui dit volontiers « je sais placer les bonnes personnes au bon endroit mais je ne sais pas souder un cadre » est avant tout un manager. Manifestement cela fonctionne à voir le faible turn-over chez Techmétal. Élu président des métalliers de la Manche il y a trois ans, il s’efforce de réunir les collègues normands à une échelle régionale plutôt que départementale. Quitte à élargir le cercle vers des métiers périphériques à ceux de la métallerie. Il est père de deux enfants, un fils en école de commerce et une fille qui s’oriente vers un métier manuel, la sellerie nautique…

www.technmetal.fr