Il parle d’une voix douce pour dire des vérités avec lesquels le BTP n’est pas toujours à l’aise. Jean-Philippe Vassal qui codirige l’agence Lacaton & Vassal, est un solide adversaire des démolisseurs. Il plaide pour une valorisation autant que c’est possible de l’existant. À l’occasion d’une soirée organisée le 5 décembre à Paris par le gammiste aluminium Technal, l’associé d’Anne Lacaton est revenu sur les grandes lignes de son engagement des trente dernières années. Beaucoup de lumière et moins de chauffage grâce aux grandes baies, plus de confort dans les logements notamment sociaux en dépensant moins, des balcons rapportés et une isolation extérieure sans que l’on ait eu besoin de déplacer les occupants… « La France a démoli plus de 200 000 logements en quinze ans alors que l’on peine à loger les populations », rappelle le lauréat du prix Pritzker 2021.
Du bon sens qui froisse
L’un des projets les plus emblématiques de cette agence est sans doute la transformation de la tour Bois Le Prêtre à Paris en 2011. Une rénovation énergétique avec apport de balcons en site occupé d’une centaine de logements pour un coût moitié moins élevé que s’il avait fallu démolir et construire du neuf. Chez Jean-Philippe Vassal, le terme de réemploi n’est pas une affaire de composants, mais du bâtiment dans son ensemble. Il parle de "réusage avant recyclage". Ce bon sens qui, en ces temps de pénurie de moyens et de besoins de logements, devrait être généralisé dans l’acte de construire, n’est pas toujours du goût des élus, des entreprises de construction et de certains confrères architectes. Pour les métalliers en tout cas, cette approche durable au service de tous, offre de superbes opportunités.