Le nouvel atelier est bien plus spacieux que le précédent. © Pyc
Le nouvel atelier est bien plus spacieux que le précédent.
Cette entreprise familiale est entièrement tournée vers le client particulier. La ville de l’ouest parisien est réputée conservatrice et attachée au patrimoine. Bouguin a su faire perdurer un relationnel de qualité en conjuguant proximité et réactivité.

Bouguin à Versailles (78)

L’emplacement est étonnant. Dans le centre de Versailles, sur une place pavée face à la Cathédrale Saint-Louis et à 300 mètres du fameux château de Louis XIV, c’est une échoppe avec des serrures dans la vitrine. On est bien devant une serrurerie de ville. Or, en s’approchant un peu, on découvre une serrure géante. Bernard Bouguin qui a créé son entreprise en 1968, a fabriqué la plus grosse serrure de sûreté du monde. Elle figure même au Guiness book des records. Imaginez un ouvrage de 1,30 m de long, entièrement en acier dont le pêne est motorisé et dont la clé pèse 22 kg. « Mon père était serrurier-électricien et forgeron, il avait la passion du métier. Cette pièce de 185 kg a représenté plus de 1 000 heures de travail. Il l’a réalisée en 1996 l’année de son départ à la retraite », explique Christophe Bouguin, dirigeant de l’entreprise familiale depuis cette date.

Cette échoppe d’une soixantaine de m2 a longtemps été la boutique et l’atelier. L’entreprise avait aussi cinq autres locaux dans la ville et un atelier de fabrication de métallerie à Fontenay-le-Fleury. Entièrement tournée vers le particulier, cette serrurerie a, dès le départ, intégré l’activité électricité. « Mon père devait fabriquer et installer des candélabres, il a alors pris cette compétence à son compte et nous en mesurons aujourd’hui l’intérêt », explique le dirigeant lui-même titulaire d’un CAP d’électricien.

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L'entreprise veille à toujours avoir des apprentis à former. /Le marché de la menuiserie acier se développe bien.

Des profils de clients qui changent

On pourrait penser qu’à Versailles la clientèle est riche et peu regardante sur la note. « C’est faux, prévient Christophe Bouguin. Nous avons longtemps eu plus de travaux de réparation que de remplacement. Les familles, majoritairement avec enfants, sont attachées à leur patrimoine et les serrures en font partie ». Depuis quelques années, surtout depuis la crise sanitaire, le profil de la clientèle change. Des Parisiens sont venus s’installer dans des appartements plus grands voire des maisons. « Ils nous demandent des travaux importants et souvent plus audacieux ». D’où le développement des menuiseries acier (gamme RP Technik), des cloisons intérieures et des planchers de verre, des escaliers métalliques d’aspect brut… Un petit esprit loft souffle sur cette ville connue pour son conservatisme. Afin d’élargir son champ d’action aussi bien sur le territoire qu’en termes d’activité, l’entreprise a racheté en septembre 2021 LMS, une TPE de pose de menuiseries et de stores. Désormais Bouguin dispose d’une offre complète de sécurisation de l’habitat, ce qui, dans cette région, est un atout.

De nouveaux locaux s’imposaient

Augmenter son offre imposait cependant de regrouper les locaux éparpillés dans la ville sur un site principal avec un atelier plus performant à condition de garder l’échoppe historique pour la vitrine. Quelques jours avant le premier confinement en 2020, ce fut chose faite. Un nouveau bâtiment est trouvé à Saint-Cyr-l’École, une commune proche du château. Mais les déménageurs étaient à l’arrêt forcé pour cause de Covid. « C’est à ce moment que j’ai mesuré l’importance de la solidarité entre chefs d’entreprise. Ils ont été une dizaine à venir avec leurs utilitaires et nous avons tous ensemble fait le déménagement », se souvient ému Christophe Bouguin. Situé dans une ZAC récente il s’agit d’un bâtiment de 700 m2 dont 380 m2 dédiés à l’atelier. Ce bâtiment a été pris en LOA (location avec option d’achat), le déménagement et l’aménagement du nouveau site ont représenté un investissement de près d’un million d’euros. Les bureaux à l’étage comprennent les services organisés par marchés : électricité, serrurerie et métallerie, menuiserie et stores. Ce trio est gagnant. « Nos commerciaux sont tous sur le même plateau et ça crée une émulation entre eux ». La technicité de la métallerie se conjugue parfaitement avec « l’agressivité » commerciale des storistes, l’électricité fait quant à elle le lien dans cette offre globale de sécurité.

Côté outils de production, c’est minimaliste chez Bouguin. Aux études, l’équipe travaille avec MétalCad le logiciel CAO/DAO de Media Softs. À l’atelier, il y a une scie à ruban pour le débit, une perceuse sur colonne, des postes à souder et de l’électroportatif. Quand il faut plier ou cisailler, voire découper au jet d’eau ou au plasma, l’entreprise se tourne vers son sous-traitant AFMDB à Plaisir (78).

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L'échoppe dans le centre-ville de Versailles est devenue une vitrine de l'entreprise.

Un management collectif

Assurément la performance ne vient pas des machines ni même du nouveau bâtiment dont le dirigeant reconnaît qu’il est déjà trop étroit… Le truc chez Bouguin vient du management. « Le dirigeant n’est rien sans son équipe et il doit veiller à faire ramer tout le monde dans le même sens ». Et Christophe Bouguin de poursuivre, « il est hors de question de parler à la première personne chez nous. Nous sommes toujours dans une approche collective aussi bien dans la réussite que dans l’échec. » Le slogan qui dit « Bouguin, parce que ma maison le vaut bien » est un clin d’œil amusé au géant de la cosmétique que tout le monde connaît bien ici. Pour autant, il désigne un état d’esprit dans lequel le client doit être traité avec considération et réactivité. Outre l’effort important consenti pour intégrer des jeunes, le management Bouguin se caractérise aussi par son effectif qui comprend 35 % de femmes, dont une dans l’équipe de métallerie, une en serrurerie et une en électricité. On peut imaginer que cela contribue, au moins en partie, à la qualité de l’accueil et du relationnel avec les clients.

Entreprise : Bouguin SAS

Effectifs : 30

Chiffre d’affaires : 1,8 million d’euros

Surface couverte : 700 m2

Investissement récent : Déménagement dans un nouveau bâtiment.

Christophe Bouguin

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Électricien de formation, il a grandi au milieu de l’atelier de serrurerie de son père. Christophe Bouguin, fraîchement élu président de la FFB des Yvelines, est, par nature, ouvert aux autres métiers de la construction. Amateur de foot et entraîneur d’une équipe de handball, il aime manager et brasser les compétences. « Souvent la clé d’une bonne intégration dans une équipe repose sur la confiance en la personne et le fait de la placer au bon poste. Ce qui vaut dans une équipe de sport, fonctionne en entreprise et vice versa ». Pour son mandat départemental, il a une priorité : pousser les dirigeants à engager des jeunes et à les former. « Il y a des risques dans nos métiers. Embaucher et former des jeunes est un risque largement maîtrisable. En plus il y a potentiellement de grandes joies à la clé ».

www.bouguin.fr