Le climat actuel est propice à une hausse de la sécurisation pare-balles. Les moyens balistiques utilisés par les agresseurs ont évolué. Les normes d’essais européennes pour la validation des ouvrages peinent à tenir compte de la réalité du terrain.

Le pare-balles est une « niche ». Or, le contexte actuel entraîne une hausse des demandes de devis. Aussi on observe du mouvement sur le secteur. Le gammiste Schüco a racheté Sälzer spécialiste des châssis anti-explosion et pare-balles. Il propose des solutions prêtes-à-poser fabriquées et testées dans un laboratoire d’essais allemand. Aussi l’arrivée en France d’un nouveau laboratoire d’essais accrédité Cofrac est un signe. Le Cedrem installé dans le Loir-et-Cher vient sur le terrain du BNE (Banc national d’épreuve) basé à Saint-Étienne. La clé de ce marché est le PV d’essai conforme à une ou plusieurs normes (EN 1522 et 1523 pour l’ouvrage complet, EN 1063 pour vitrage seul). Le laboratoire qui valide ou invalide l’essai tient donc un rôle essentiel dans la dynamique du marché.

Qui sont les clients

Traditionnellement c’est « l’écosystème de la défense », les fournisseurs autour de la DGA qui sont les principaux clients suivis par la Police et la Gendarmerie souvent en panne de budget. Ensuite, les sites industriels classés Seveso avec leurs postes de garde et de replis. On peut également citer les tours de contrôle des aéroports, les consulats, les conseils d’administration des grands groupes, certaines enseignes de luxe, des administrations et certains particuliers... Depuis peu, des lieux de culte et des écoles sont susceptibles de devenir des cibles à équiper. Reste à savoir si les protections sont suffisantes par rapport à la puissance de feu des terroristes. Depuis la fin de la guerre civile en ex-Yougoslavie une quantité considérable de fusils d’assaut a atterri en Europe de l’Ouest.

Intérêts divergents

Pour qualifier et certifier, les labos d’essais se réfèrent à la normalisation européenne. Mais le terrain évolue plus vite que la norme. Sous-entendu, les balles tirées par les assaillants ne correspondent pas nécessairement, à celles référencées pour les essais. Par exemple, les munitions des Kalachnikov, ne sont pas prises en compte. Changer la norme suppose un accord européen entre quatre types d’intervenants au CEN (Comité européen de normalisation) : les fournisseurs de systèmes complets, les fournisseurs de matière première (verre, acier…), les laboratoires et des représentants de l’État. Leurs intérêts ne sont pas convergents. Autre problème : il arrive que la disponibilité des munitions fasse défaut ou que, d’un lot à un autre, pour une même munition, il y ait des écarts de performance. Un expert de la balistique déplore « les écarts d’appréciation entre laboratoires ». Selon lui, il faudrait non seulement « arriver à fournir à tous les laboratoires rigoureusement les mêmes munitions pour les essais mais aussi veiller à ce que les organismes accréditeurs appliquent strictement la même méthodologie ». Ainsi, les laboratoires allemands seraient connus pour être « relativement souples » sur certains points. Tant que l’on reste dans des ouvrages extrêmement épais, le risque est faible de voir une balle traverser une paroi. Or, la tendance va vers des menuiseries plus fines, plus légères avec des combinaisons de verre et de polycarbonate et des masses vues d’acier plus faibles. La chimie des matériaux évolue comme la dureté des métaux, il semble naturel que la normalisation, les essais, les laboratoires et les organismes accréditeurs évoluent aussi.