La tendance semble favorable aux charpentiers métalliques. Malgré une concurrence accrue du bois et le manque chronique de main-d’œuvre qualifiée.

Dans un contexte économique tendu, la construction métallique semble s’en sortir mieux que prévu. À l’occasion de son traditionnel point presse, le Syndicat de la construction métallique (SCMF) a annoncé une croissance de 3,5 % de son activité en 2023 par rapport à 2022. Son président Roger Briand a insisté sur le fait que cette tendance encourageante « assure aux constructeurs métalliques tricolores de faire face à leurs investissements tant en matière de personnel que de modernisation de leurs outils industriels ». Faut-il encore trouver la main-d’œuvre, car sur ce secteur comme sur quasiment tous les métiers de la construction, les candidats sont rares et ce, à tous les échelons. La situation pourrait devenir délicate pour les prochaines années sachant que le besoin en bureau d’études comme en pose et démontage va nécessiter des compétences nouvelles. Le réemploi figure bien au tableau des enjeux déterminants pour la filière. « Nous venons de déposer la première recommandation professionnelle concernant le réemploi de matériaux structurels en acier, un document rédigé par le Centre technique industriel de la construction métallique (CTICM), qui est le bureau de recherche de la profession. » Et le président du SCMF de poursuivre : « Nous n’avons pas attendu la RE2020, la loi AGEC ou la REP pour nous engager dans une démarche d’économie responsable. Parallèlement, aujourd’hui, le développement des aciers bas carbone et demain celui à zéro émission de CO2 grâce à l’énergie verte placent l’acier au premier plan. Les bilans carbone de nos bâtiments se veulent ainsi très compétitifs, ils répondent, d’ores et déjà aux enjeux environnementaux à venir. »

Discorde sur le financement de la REP

Si le réemploi des structures métalliques en est à ses balbutiements, la production d’acier bas carbone est bien lancée. Reste à revoir, du moins pour la France, quelle sera la perception du matériau face à son « concurrent » le bois. Le sujet de la discorde porte sur les modalités de financement de la REP PMCB (produits et matériaux de construction du bâtiment). Selon le communiqué du SCMF, Roger Briand déplore que l’administration souhaite faire porter, à l’ensemble des acteurs des autres produits et matériaux de construction (hormis le béton), une partie des coûts correspondants aux traitements de ces bois en fin de vie. Au président d’insister : « Les acteurs de la filière métallique refusent une telle option. Depuis plus d’un siècle, les produits et matériaux de la construction métallique sont largement recyclés, atteignant aujourd’hui un niveau d’excellence avec plus de 90 % de taux de recyclage (taux reconnu dans le cahier des charges des éco-organismes). Au regard de l’investissement accompli par notre filière, il va sans dire que nous considérons comme une double peine de devoir financer le verdissement d’activités d’autres secteurs, alors que le métal est déjà 100 % circulaire ». Il faudra bien un jour révéler le parcours des ossatures en lamellés-collés et autres composites à base de bois une fois démontés et stockés. Si une partie est transformée en panneaux de particules peu écologiques, une autre part semble finir en déchetterie… Pour autant, si les matériaux biosourcés ont grignoté le marché de l’acier dans les surélévations, les extensions et dans la construction des hangars, la profession sait aussi en profiter. « Tout n’est jamais 100 % à base de bois, il faut très souvent de l’acier pour des raisons de renforts et de tenue mécanique. Le bâtiment file vers plus de mixité entre les matériaux ça nous va bien », commente Roger Briand. Or, qui dit mixité dit nouvelles qualifications et compétences. Ce sujet risque donc d’être encore pour longtemps à l’ordre du jour des urgences…