© Denis Paillard
La chapelle est dans un style néogothique peu courant en France.
La chapelle de l’Université catholique de Lille a été entièrement restaurée. Construite dans l’entre-deux-guerres dans un style néogothique, elle se distingue notamment par la variété de ses vitraux. Ces derniers ont fait l’objet d’une remise en éclat particulière.

Démarrés en 1911 les travaux de sa construction selon les plans de l’architecte Jean-Baptiste Maillard se sont achevés en 1922. Cette chapelle est le cœur de l’Université catholique de Lille. Il s’agit de l’unique édifice religieux français de style néogothique présentant des influences anglo-saxonnes. Le bâtiment de 928 m2 est constitué de briques roses rehaussées de pierres blanches en forme de croix latine percée de deux rangées de baies superposées. Bien qu’ayant connu durant ce siècle plusieurs aménagements, son état général n’était plus satisfaisant : des matériaux et la toiture se dégradaient, les vitraux étaient insuffisamment protégés et l’accessibilité devait être mise en conformité. En 2013 fut alors décidée sa rénovation intégrale. Les travaux qui se sont achevés en février 2021, s’inscrivent dans un important programme de réhabilitation du patrimoine architectural de l’Université. Celui-ci s’est notamment illustré ces dernières années par le réaménagement du campus St Raphaël, la modernisation du bâtiment de la faculté de médecine et de maïeutique, l’inauguration du Rizomm, bâtiments démonstrateurs de la démarche de transition écologique et énergétique, ou encore la transformation du Palais Rameau en ferme urbaine.

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© Denis Paillard / © Denis Paillard
Le marbre au sol est issu du don d'une banque.

Réfection et développement durable

La dernière tranche des travaux représentant un budget de 3,6 millions d’euros (financé à 90 % par des donations et du mécénat) avait démarré en 2019. Cette phase comprenait la réfection de la toiture et des menuiseries extérieures ; la pose de double vitrage, un point complexe afin de préserver le rendu des vitraux ; l’intégration d’un système de chauffage par le sol dans une dalle entièrement refaite et posée sur micropieux. De plus, le dallage de la nef et du chœur a pu être complètement refait grâce au don, par le CIC Nord-Ouest, de 1 600 m2 de plaques de marbre blanc de Carrare, autrefois utilisées pour recouvrir la façade du siège de la Banque. Elles apportent au lieu une touche de noblesse avec un calepinage plus contemporain. Enfin, les éclairages ont été conçus pour mettre en valeur les éléments architecturaux tout en s’adaptant aux activités cultuelles et culturelles.

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© Denis Pailard
Les nouveaux châssis vitrés ont été chevillés dans la pierre après une restauration soigneuse de la feuillure.

Vitraux et contre-cadre

C’est l’entreprise de métallerie BDS basée à Bois-Grenier (59) qui a réalisé les 47 châssis destinés à la protection et à la mise en valeur des vitraux de la chapelle. Ces derniers étaient logés à l’origine dans des cadres en cornière sans protection particulière ni du côté extérieur ni du côté intérieur. Les cadres en ogive étaient placés dans la feuillure en pierre et simplement jointés avec un mortier. Cette technique a tenu quasiment un siècle… par miracle. Les métalliers de BDS ont proposé au maître d’œuvre la réalisation de châssis fixes chevillés dans la pierre. Des menuiseries fabriquées à partir de profils cintrés de la gamme froide Fineline de RP Technik avec un double vitrage feuilleté. Sur ces châssis ont été soudées des paumelles permettant d’accueillir un contre-cadre qui reçoit quant à lui les vitraux restaurés par le vitrailliste Pierre Brouard. Cette solution permet à la fois d’augmenter la protection des vitraux, une meilleure isolation thermique et phonique tout en offrant la possibilité, deux fois par an, de nettoyer la face intérieure du verre sans impacter le vitrail. « Parmi les principales contraintes pour nous il y avait la prise de cote. Car aucun châssis n’est identique et la qualité de la pierre pouvait être variable d’une ogive à l’autre. Ces dimensions variables sont une donnée à ne pas sous-estimer lors du chiffrage », se souvient Frédéric Caux, conducteur de travaux chez BDS. « Nous avons appris à nous méfier de la pierre naturelle sur ce type de chantier en monuments anciens. Certaines se sont littéralement descellées lors de la dépose des cadres d’origine ». La prise des cotes a été effectuée avec un géomètre. Aussi la collaboration fut étroite entre la métallerie et le vitrailliste. Celui-ci, après avoir nettoyé et réparé les vitraux, les a réinstallés avec minutie dans chacun des contre-cadres, quasiment à la fin du chantier pour ne pas prendre de risque de casse.

Maître d’ouvrage : Université catholique de Lille

Maître d’œuvre : Florian Valeri, architecte

Maître d’œuvre d’exécution : Moduo Nord, Valentin Lietard

OPC : Christophe Duquesne

Métallerie :  BDS

Cintrage des châssis : Cintrage Île-de-France

Vitrailliste : Atelier Vitrail Pierre Brouard

Profils acier : Fineline - RP Technik