Une ancienne usine de production et d’embouteillage de spiritueux a été transformée en espace de coworking dans les étages avec, à terme, un commerce alimentaire en rez-de-chaussée. Les ouvrages de métallerie y apportent la sécurité et la performance. Les menuiseries minces reprennent l’esthétique des châssis d’origine.

On ne compte plus les exemples de reconversions d’anciens sites industriels en espaces contemporains de vie et de travail. Lorsque ces constructions, souvent métalliques, portent une belle signature architecturale et qu’ils sont idéalement localisés, alors les principaux ingrédients sont réunis pour engager des travaux. Le site industriel Marie Brizard à Bordeaux (33) répond à ces deux critères. Le bâtiment central, dégagé des constructions attenantes qui s’étaient greffées au cours des décennies, est un édifice en ossature métallique rivetée à chaud et pierre en façade avec de larges baies et une verrière de 400 m2 au-dessus d’un atrium. Autant dire un joyau de l’architecture industrielle du milieu du XIXe siècle. L’emplacement, dans le centre de la capitale girondine, est l’assurance d’un amortissement relativement rapide de l’investissement.

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La construction en toiture a été habillée d’un bardage métallique pour gagner en élégance. / Les tuiles de verre avant restauration. / Vue du toit avec la construction avec habillages miroir qui abrite la gaine d’ascenseur.

Un terrain pour les métalliers

La Halle Marie Brizard est typiquement le terrain de jeu des métalliers ayant développé un savoir-faire dans la menuiserie acier. Plus particulièrement ceux ayant l’expérience des profils minces qui reprennent l’esthétique des menuiseries en fer T et cornières propre à cette période de la première révolution industrielle. À l’époque, il s’agissait de maximiser les apports de lumière naturelle dans ces lieux de travail. Pas question pour les architectes d’aujourd’hui de déroger à cette règle plus que jamais d’actualité en ces temps d’économie d’énergie.
Sur les quatre côtés du bâtiment se trouvent des baies de 2,5 × 4,5 m. Sur deux d’entre eux, qui sont visibles du public par la rue, l’agence Luc Arsène-Henry et Alain Triaud a préconisé le profil Janisol Arte du gammiste suisse Jansen. Une gamme de profils acier à rupture thermique affichant une face vue d’à peine 25 mm pour les châssis fixes. La façade moins visible du public a été traitée avec la gamme Janisol, toujours en acier à rupture thermique et plus économique. Au total il y a eu quarante châssis ouvrants avec impostes qui ont été fabriqués et posés par la métallerie C2B basée à Tarnos (40). Sur ces châssis le métallier a soudé à intervalles réguliers des Té pour reprendre l’esthétique des petits bois d’origine.

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Vues sur l’atrium après restauration. / Les châssis acier de la gamme Janisol Arte reprennent l’esthétique des menuiseries d’origine en cornière.

Verrière d’intérieur en cornière

Outre ces superbes menuiseries, la métallerie C2B dirigée par Fabien Fourcade a restauré la verrière qui inonde de lumière du jour l’atrium. Ce dernier est recouvert d’une charpente métallique composée de quatre fermes treillis portant dans le sens transversal et une poutre treillis longitudinale faisant contreventement. Cette charpente à deux pans est couverte de tuiles en verre ce qui fait que la verrière d’intérieur n’a pas d’impératifs d’étanchéité. « Pour le chantier, nous avons mis un platelage sur l’ossature métallique existante, avec des lignes de vie sur toute la superficie de près de 400 m2. Nous avons remplacé les anciens verres armés par des verres feuilletés. Nous passons de 6 à 8 mm d’épaisseur avec un 44-2. Ça ne fait pas une grosse différence en poids. Le vieux mastic a lui été remplacé par un joint noir. Les cornières ont été nettoyées et conservées car elles ne montraient aucun signe de fatigue », raconte Christophe Barreyre chargé d’affaires menuiserie acier chez C2B.
Dans cet atrium, se distinguent dans les étages, les espaces vitrés dont les cloisons séparatives ont été réalisées à partir de cornière de 4 mm d’épaisseur. « C’était une volonté de la maîtrise d’œuvre de conserver cette esthétique. Nous avons percé et taraudé les cornières, les verres ont été fixés, à l’ancienne, avec des parcloses en acier », précise Christophe Barreyre. Plus de 1 400 m de cornières y ont été utilisées. Certaines cloisons de plus de 5 m de hauteur ont été rigidifiées avec un plat de 100 × 12 mm.
À l’extérieur, en toiture, ont été posés des garde-corps avec tôle perforée pour certains et verre feuilleté pour d’autres. Une construction métallique avec parement miroir a été réalisée pour abriter la gaine ascenseur.
« Cette intervention représente une étape indispensable, cohérente et intentionnelle pour la préservation de la structure métallique et la valorisation du volume intérieur. Cette approche est issue des études techniques et conceptuelles, qui nous ont permis de présenter ce projet qui ne soit pas un vestige de façades, mais la reconversion d’un bâtiment industriel confortant, pour les nouvelles destinations, l’originalité de ses dispositions intérieures, la qualité des matériaux et des mises en œuvre d’époque, et pérennisant une dimension patrimoniale historique reconnue », résume Juliette Faugère, architecte.

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Coupe du profil Janisol Arte de Jansen.

Maître d’ouvrage : Belin Promotion
Maître d’œuvre : Luc Arsène-Henry et Alain Triaud Architectes
Métallerie : C2B
Coût total : 4 millions d’euros
Lot métallerie : 900 000 euros