Avec la hausse des prix des métaux les métalliers s'attendent à une hausse des intrusions dans leurs entreprises. © Stanley Security
Avec la hausse des prix des métaux les métalliers s'attendent à une hausse des intrusions dans leurs entreprises.
Avec la pénurie sur les matières premières, les prix s’envolent et les risques de vols augmentent d’autant. Les métaux sont des matières premières convoitées. Il est plus que jamais important de veiller à la sécurité des locaux. L’offre en matériel de surveillance et d’alarme se multiplie.

Comme pour de nombreux professionnels du bâtiment, les métalliers ont toujours dû faire face au vol de leurs principales matières premières, l’aluminium et l’acier. Si l’interdiction du paiement en espèces des métaux ferreux et non-ferreux publiée en 2011 a limité les actes isolés, le vol organisé lui ne semble pas faiblir, les métaux étant revendus hors de nos frontières. Ajoutons à cela l’actuelle flambée des prix qui touche la quasi-totalité des matériaux utilisés dans le bâtiment et la pénurie de matière première qui en découle, et l’on obtient une situation à risque élevé sur le stock des entreprises.

Alarme domestique, la vraie-fausse bonne idée

Pour y parvenir, nombreux sont ceux qui peuvent être tentés d’acheter un kit d’alarme domestique disponible en grande surface de bricolage ou sur les sites marchands. Relativement faciles à installer, ces alarmes se composent d’une centrale, de détecteurs d’ouverture et de mouvements, d’une sirène intérieure et extérieure éventuellement de caméras. Certains dirigeants de TPE et de PMI ont fait l’expérience en adaptant aux besoins de leur entreprise (lieu de stockage, abords...), un système d’alarme initialement conçu pour être installé en intérieur. À ce sujet, les professionnels de la sécurité (Stanley Security, Verisure, Abus, My Connect, Daitem...) tiennent tous le même discours : « On ne protège pas une entreprise comme on le ferait pour une habitation ! ». Pour choisir un dispositif de sécurité performant et adapté, la première chose à faire est de se renseigner auprès de sa compagnie d’assurances.

Intervenir rapidement pour dissuader

Afin de couvrir les entreprises dites « à risques », les assureurs ont leur propre cahier des charges. Celui-ci tient compte de la configuration des lieux, du secteur d’activité, de la zone géographique, du type de biens... À partir de là, il est possible de sécuriser son entreprise pour prévenir toute tentative d’intrusion ou mettre en fuite un cambrioleur. Comme le précise Anthony Gonzales, responsable technique sécurité électronique chez Abus, « pour traiter efficacement une tentative d’intrusion, il faut intervenir dans les dix premières minutes... passé ce délai, les cambrioleurs ont le temps de repartir en ayant accompli leur forfait ». Pour Julien Morenon, directeur régional chez Verisure, « il est important de détecter une intrusion avant qu’elle n’ait lieu. Quand le système se déclenche alors que le ou les intrus sont encore à l’extérieur, cela change clairement l’impact ». Quelle que soit la solution retenue, charge aux experts des différentes sociétés de sécurité de proposer une étude de besoins et techniques (angle de vue des caméras, passage de câble, réseau...). Pour Raphaël Marino, gérant de My Connect « mieux vaut se focaliser sur les besoins premiers, et de construire le projet étape par étape ».

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© Pyc
Il vaut mieux que les intrus trouvent des chutes dans les bennes plutôt qu'ils soient tentés de pénétrer dans les bâtiments de l'entreprise.

Deux visions de la sécurité

Bien qu’elle puisse être demandée par un assureur, la télésurveillance a encore de nombreux détracteurs. En cause une réactivité perfectible, dont les professionnels du secteur se défendent. Ces derniers mettent en avant un arsenal de pointe (caméras, détecteurs de chocs, de mouvements...) qui permet d’analyser et de traiter le déclenchement d’une alarme en moins de 60 secondes. La télésurveillance permet d’effectuer une levée de doute juridique immédiate et surtout sans prendre de risque. Il s’agit d’une procédure obligatoire qui consiste à vérifier par tous les moyens possibles qu’un délit est bien en train d’être commis. Dans le fonctionnement de la télésurveillance, c’est un préalable indispensable à la demande d’intervention des forces de l’ordre.

Pour Sébastien Jaffre, commercial chez Stanley Security, « la levée de doute vidéo est aujourd’hui, le meilleur outil pour analyser et traiter une alarme quand elle remonte au centre de contrôle ». À noter que cette opération est obligatoire pour toutes les personnes physiques ou morales avant de faire appel aux forces de l’ordre (article L.613.6 du code de la sécurité intérieure).

Installation globale pour une sécurité totale

Quel que soit le dispositif retenu, un système de sécurité ne se contente pas de protéger les biens. En intégrant un ou plusieurs détecteurs de fumée ou des caméras thermiques il permet de faire face aux risques d’incendies. De même, la protection des personnes est efficiente. Elle permet de prévenir les secours et d’intervenir rapidement en cas de malaise (perte de verticalité) ou d’agression d’une personne isolée... Il est également possible de géolocaliser un collaborateur, de contrôler le port des EPI, et, en cette période de Covid-19, de contrôler la température d’une personne avant qu’elle n’entre dans les locaux de la société... En revanche, la sécurité des personnes doit être impérativement faite dans le respect de la réglementation générale du respect des données (RGPD) et de la Cnil. D’une manière générale, installer des caméras dans l’enceinte de l’entreprise, en l’occurrence dans l’atelier, est une prise de risque en termes de management d’équipes. Pas certain que les compagnons de la production se laissent ainsi surveiller toute la journée…

Vidéo surveillance ou télésurveillance, il existe de nombreuses solutions pour sécuriser une entreprise. L’investissement peut sembler élevé à l’achat, or il faut savoir que le marché se développe en direction de la location longue durée, comme pour l’automobile.

« Mieux vaut laisser une benne à l’extérieur »

Pour l’entreprise Chauvet à Vouillé (86), fabricant pour le compte des métalliers de toutes sortes d’ouvrages mais surtout de menuiseries acier, le stock a toujours été important. Il faut pouvoir répondre le plus rapidement possible à la demande. De fait, bien avant la hausse exponentielle des prix sur les métaux, cette métallerie de 40 personnes était équipée d’une alarme. Depuis deux ans, ses dirigeants ont investi dans une vidéosurveillance avec des caméras aux quatre coins de cet ensemble couvert de 6 000 m2. L’option a été prise d’une location chez Stanley Security qui revient à environ 200 euros par mois. « Depuis que nous avons ces caméras, nous avons noté une baisse des vols dans les bennes. Ces dispositifs n’empêchent pas les vols, mais dissuadent certains d’aller plus loin », note Angel Prol, codirigeant de Chauvet. Selon lui il est capital pour les entreprises de métallerie de s’équiper d’un dispositif de sécurité, ne serait-ce que pour être mieux remboursé par les assurances. Un conseil ? « Je recommande de laisser toujours une benne de chutes à l’extérieur. La plupart des cambrioleurs s’en contentent et ont déjà le sentiment d’avoir fait le casse du siècle en récupérant pour 200 euros d’Inox ». Le but étant de ne pas les tenter d’aller fracturer une des portes de l’atelier…

Caméras, une installation sous conditions

Installer les caméras d’un système de sécurité dans une entreprise ne se fait pas à la légère. Elle doit obligatoirement être validée par les instances représentatives du personnel ou du moins en accord avec le personnel. S’il est autorisé de filmer les entrées, les sorties et les issues de secours d’un bâtiment, il est interdit de filmer certaines zones comme les toilettes, les douches, les salles de repos, les vestiaires et les locaux syndicaux et de prévenir obligatoirement le personnel avec un affichage adapté. Si, pour filmer une zone de stockage dans un lieu non ouvert au public, aucune déclaration à la Cnil n’est demandée dans le cadre de la loi RGPD, si la caméra filme un poste de travail, celui-ci doit être flouté, tout comme les zones donnant éventuellement sur la voie publique.

Une certification pour la télésurveillance

L’assureur peut exiger que l’entreprise soit sécurisée par un dispositif certifié Apsad (Assemblée plénière de sociétés d’assurances dommages). Non obligatoire, cette certification atteste que les systèmes de sécurité (anti-intrusion, télésurveillance, vidéosurveillance, incendie) répondent bien aux exigences réglementaires et aux normes françaises et européennes.