C’était une interview sur la salle de concert La Vapeur à Dijon. Nous avons pris l’avis de l’architecte Marie-José Zerbi Barthélémy sur l’évolution de son métier. Morceaux choisis.

« L’immédiateté tue l’innovation »

« Le métier change en bien comme en mal. Mais la rapidité est trop forte. Je ne suis pas contre l’évolution, nous architectes, nous faisons partie de cette évolution. Les architectes se doivent d’être à l’avant-garde. Pour autant, il y a une frustration sur le temps de travail qui nous incombe. Les temps de préparation deviennent ridicules. Sur la salle de concert La Vapeur à Dijon il a fallu faire une proposition en deux mois. C’est inouï. Deux mois pour concevoir un nouveau bâtiment autour d’un bâtiment existant. Il fallait détruire certaines parties, en conserver d’autres, les sélectionner, ce qui est déjà long comme processus. On nous demande quasiment l’impossible. La raison ? La rentabilité".

"Pas de temps pour l’expérimentation"

"Une bonne étude peut faire gagner du temps sur tout le projet. On réduit notre temps d’études et de conception alors que la durée pour la validation par le maître d’ouvrage est de plus en plus longue. Ça devient insupportable. En conception-réalisation c’est pire. On est au stade ou un projet à 15 millions d’euros doit être finalisé en deux mois. La rentabilité ne laisse pas de temps pour l’expérimentation de nouvelles voies, de nouvelles techniques. On va au plus sûr. C’est pareil pour les entreprises. Elles aussi ne prennent pas de risques. Elles vont comme nous dans ce qu’elles savent faire le mieux et le plus rapidement. L’invention passe à la trappe et les BE aussi ne prennent pas le risque. Sur La Vapeur il y a cet auvent repliable réalisé par la métallerie Boudier avec des vérins hydrauliques inspirés des plateaux de camions. C’est devenu exceptionnel d’avoir ce type de connivence avec des entreprises ».