Les réseaux sociaux ont poussé les entreprises à affiner leur communication. Le consultant Mathieu Wanner a des conseils un brin décalés le sujet.

Métal Flash : Comment vous définissez-vous ?

Mathieu Wanner : Je suis un gars du bâtiment doublé d’un marketeur. Dans les formations du bâtiment on ne parle pas ou que très peu de marketing. C’était en 1999-2000. Aujourd’hui la situation a changé. J’ai créé mon entreprise en 2013, et je me définis comme un « conseiller en image de marque dédiée au BTP ».

M F : Auparavant les entreprises attendaient que l’on vienne à elles. Désormais elles doivent chercher le client. C’est ça qui a changé en 20 ans ?

M W : Non pas forcément. Elles continuent globalement à attendre d’être contactées et ça n’est pas un problème en soi. Dans les années 2000 on disait « il faut absolument avoir un site internet autrement on disparaît ». Un site Web peut rassurer les clients, c’est une vitrine nécessaire. Mais il n’est que rarement un apporteur d’affaires. Or, l’on découvre que la clientèle traditionnelle ne suffit plus. Qu’il faut aller à la recherche de nouveaux contacts. Facebook a cette possibilité de trouver de nouveaux profils pour son réseau. Aujourd’hui 80 % des dirigeants ont un compte sur cette plateforme.

M F : Quelles sont les deux plateformes qui boostent chez les artisans ?

M W : Au début on pense à ses copains et sa famille alors on choisit Facebook. Ensuite on découvre que ça devient aussi un outil de réseautage. LinkedIn est réservé aux relations purement professionnelles. Mais entre les deux il y a une complémentarité. S’il fallait comparer avec les réunions dans la vraie vie, je dirai que Facebook c’est l’apéro après la réunion de professionnelle… On peut y être en relation de travail mais sur un mode plus détendu. On note que les jeunes de 20 à 25 ans reviennent sur Facebook après avoir été sur Snapchat et Instagram. C’est transgénérationnel et incontournable par ses multiples fonctionnalités.

M F : Les réseaux sociaux ont-ils fondamentalement changé la communication des entreprises ?

M W : Je ne crois pas. Ce qui marche toujours aujourd’hui c’est le « bouche-à-oreille ». Désormais c’est de « l’e-bouche à oreille », comme le « e-marketing ». Les artisans sont aujourd’hui plus à l’aise avec les réseaux sociaux car c’est un outil qui ressemble à leur manière de faire. C’est du pur relationnel. L’artisan, une fois qu’il a montré deux ou trois références, il attire l’attention. Mais fondamentalement les artisans qui font un peu de buzz ce sont ceux qui restent eux-mêmes, qui sont humains et qui montrent de l’humain. Par exemple, des équipes souriantes en train de travailler sur un ouvrage étonnat. L’idée est de partager sa joie avec son cercle d’amis, de compagnons, de clients et, disons-le, de prospects.

M F : Quels sont les pièges à éviter ?

M W : Il y en a un en particulier : Ne pas vouloir faire des réseaux sociaux un outil purement commercial. Les affaires viennent ou pas, mais après coup… Il faut faire attention à ne pas être direct dans le message : « nous faisons ci ou ça ». Ne pas parler que de ses performances ou de ses outils de production. Il y a une histoire, une « story », à raconter. La dimension humaine en toute humilité fonctionne bien. On veut de la vie. La digitalisation n’a de sens qu’avec un appui de valeur humaine. Évitons aussi de confier l’alimentation du compte au seul stagiaire qui s’en va au bout d’un mois… avec les codes.

M F : La différence ne vient-elle pas aussi de la personnalité de celle ou celui qui détient le compte…

M W : En effet, nous sommes passés d’un marketing autour de l’entreprise et du produit a du « personal branding ». C’est absolument déterminant comme mutation ; d’autant que nous sommes vraiment dans un univers dominé par l’image. Pour une PME cela signifie que le chef d’entreprise est partie intégrante de la marque. C’est le « marketing de soi », c’est la technique des Youtubeurs. Ils ne vendent pas une marque mais leur image. Nous devrions tous veiller à soigner notre image sur le Net… Nous n’avons pas une deuxième chance pour faire une première bonne impression.

M F : La jeune génération n’a-t-elle pas accéléré le phénomène dans les entreprises ?

M W : Oui indiscutablement. C’est la jeune génération qui pousse les réseaux sociaux dans le bâtiment. Elle arrive avec les outils de son adolescence. La mutation est en cours et rapide grâce à eux. Les dirigeants confient le faire savoir à des jeunes. C’est fou et réjouissant.

M F : Avez-vous un message à transmettre aux dirigeants ?

M W : Devenez le copain compétent autour de vous. Sans faire de fanfaronnades, sans exagération, soyez juste vous-même. Enfin, n’allez pas professionnellement sur les réseaux sociaux si vous n’avez pas de quoi les alimenter ou si vous n’avez pas le temps de les alimenter régulièrement. Tomber sur une page avec quelques abonnés et une dernière publication d’il y a plusieurs mois, est « un mauvais signe » pour l’internaute qui ne demande qu’à être rassuré avant d’investir dans des travaux.