C’est une jeune PME pleine d’élan spécialisée en menuiserie aluminium. Malgré le choc de la pandémie, elle a su garder le cap et poursuivre sa croissance. Le dirigeant de Bressalu se sait sur la bonne voie.

C’est le genre d’histoire qui pourrait susciter des vocations chez les jeunes en faveur de l’entreprenariat. Florian Sauchay était salarié chez MTM, une métallerie de l’Ain en pleine croissance. Sa position d’adjoint de Christophe Thiry n’était pas compromise, bien au contraire. Et pourtant, en 2016, le jeune homme de 29 ans à l’époque, s’est lancé dans l’aventure. Sur une intuition et armé des sept ans d’expérience dans la métallerie, il crée l’entreprise Bressalu. Sans grands moyens mais avec une poignée de contacts commerciaux en poche et une volonté de fer. Il réussit à convaincre un cousin en recherche d’un contrat en alternance à le rejoindre. Ils sont deux puis trois. Aujourd’hui, cette structure spécialisée dans la fabrication de menuiseries aluminium emploie dix personnes. La moyenne d’âge y est de trente ans. Même la crise sanitaire, qui l’a privé de deux mois d’activité, n’arrive pas entamer l’optimisme du dirigeant.

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© Pyc
L'imprimante 3D sert a fabriquer des caches de profils et des habillages avec le logo de l'entreprise. / Le palonnier peut être mis à disposition des clients.

Une ligne de conduite

« J’ai créé l’entreprise en partant du constat qu’il y avait un manque sur la région. Chez MTM nous achetions de la menuiserie aluminium par divers canaux. Il n’y avait pas toujours le service attendu, rarement la proximité et souvent des dépassements de délais », résume Florian Sauchay. Celui qui a toujours eu dans l’idée de devenir « son propre patron » a bâti un raisonnement implacable : nombre de métiers dans le bâtiment ont besoin d’avoir ponctuellement ou régulièrement des menuiseries aluminium. Or, les métalliers, les storistes, les maçons, les menuisiers bois ou les constructeurs de maisons individuelles en bois (MIB) sont tous sensibles à trois arguments : la qualité, la réactivité et la proximité. « J’ai la capacité à me mettre à la place du client car je l’ai été durant des années. Nous savons que les délais dans le bâtiment sont serrés et qu’il faut être juste du premier coup ». La proximité est considérée comme un atout commercial : une demande de prix est traitée en 48 heures. Le showroom dédié à la marque Schüco et qui fait office d’accueil est un lieu de convivialité, là encore pour renforcer la proximité. On n’y vient pas spécialement pour découvrir une gamme, mais pour échanger autour d’un café, parler de projets en cours ou à venir. Éventuellement on y précise quelques détails techniques. Adepte de la transparence, Florian a souhaité que du showroom les clients puissent voir l’atelier et ses compagnons au travail.

L’atelier et ses particularités

Au premier coup d’œil cet atelier de près de 800 m2 peut sembler classique. Le stock de profils signe l’entrée. A gauche se trouve le débit avec une scie à deux têtes (Fom Industrie) et à droite se suivent trois postes de travail. Un peu plus loin et moins banal est posé un centre d’usinage. Cette machine à trois axes et de 3 m de long sert non seulement à réaliser rapidement tous les usinages de serrures, mais aussi les demandes spéciales pour des grilles de ventilation, par exemple. Chaque poste de travail dispose de sa servante (Würth) doté de tout l’outillage nécessaire (électroportatif Bosch) ainsi que des consommables ce qui évite les déplacements inutiles. Le dirigeant est sensible à la méthode 5S… Évidemment, chaque poste dispose aussi de son arrivée en air comprimé. Dans une seconde partie de l’atelier, séparée par une porte rapide enroulable, se trouvent la zone de préparation des livraisons et la tôlerie. Deux machines françaises, une plieuse et une cisaille de Descombes Préciméca occupent une part importante de la zone. « Ce sont des machines qui renforcent notre capacité à rendre service », précise Florian. Entendez, que Bressalu réalise les panneaux de soubassement, les habillages de façade, les bavettes, les couvertines, les bandeaux de toiture voire les crédences en Inox pour les menuisiers cuisinistes. « Ce sont souvent de petits travaux qui, si nous les sous-traitions, nous feraient perdre l’avantage de la réactivité ». L’idée n’est pas de multiplier les offres et les solutions à l’infini mais bien de servir le plus justement les clients autour de la menuiserie.
La formule semble payer. Car le succès est au rendez-vous. La pandémie a souligné l’importance du choix stratégique engagé par Florian qui s’inscrit dans une logique de circuit court, de développement économique local et de partenariats.

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Le showroom aux couleurs de Schüco sert surtout d'espace de convivialité.

Circuit court et partenariats

Justement sur ce point, Bressalu peut compter sur le soutien fort de son fournisseur allemand Schüco. Ce dernier avait longtemps été représenté sur l’Ain par l’entreprise Ray (liquidée en 2013) qui avait en trente ans véritablement développé le marché aluminium dans la région et fait rayonner la marque à la couronne. « Je cherchais à m’adosser à une marque valorisante et Schüco cherchait un partenaire pour reprendre pied à Bourg-en-Bresse. Les choses se sont donc bien goupillées. Aujourd’hui je ne regrette pas ce choix. Je suis reconnaissant de l’accompagnement de Bernard Clerc et Hervé Houde qui ont toujours été présents et bienveillants envers moi », rappelle le dirigeant. Parmi les projets à court terme, Bressalu cherche à augmenter sa capacité à stocker les ouvrages des clients. Là encore du service et toujours le service.

Florian Sauchay

Ce père de trois enfants qui vient d’avoir 34 ans, vit son rêve : être son propre patron. Originaire de l’Ain, fils d’un père employé de banque et d’une mère travaillant dans l’aide à la personne, il était bon élève à l’école. De lui-même il a opté pour l’apprentissage, « pressé de travailler ». Un BTS de maintenance industrielle en poche il vise un Master en école de commerce ce qui le conduit à croiser la métallerie MTM. Il restera sept ans. « J’y ai découvert le métier et ses besoins ». Il n’en faudra pas plus à Florian pour voler de ses propres ailes. Tout semble lui réussir. Un défaut ? « J’ai apparemment la faiblesse de ne pas savoir dire non aux attentes des clients. Faut que je fasse attention car ça peut nous bloquer. Mais comment dire non quand on démarre une entreprise ? »