Nous avons appris avec tristesse le décès le 7 avril de Michel Javey des suites d’une infection à la Covid-19. Le fondateur de l’entreprise spécialisée dans la fermeture avait 75 ans.

Il ne fallait pas se fier aux apparences avec Michel Javey. Ce petit homme à l’allure trapue et à l’accent franc comtois caractéristique, avait une détermination qui semblait inébranlable. Il faut remonter à la fin des années quatre-vingt-dix pour se souvenir de ses grands « faits d’armes ». Ce forgeron de métier, ancien poseur de portes industrielles, avait mis au point un système de frein permettant de sécuriser les grilles et rideaux métalliques des commerces. Michel Javey avait créé en 1986 à Gy, petite commune de Haute-Saône, son entreprise de fabrication de fermetures commerciales. Or, à cette époque s’appliquait la norme NF P 25-362 et notre homme avait réussi à développer un système de sécurité qui avait le mérite d’être le seul « conforme à la norme ».

David contre Goliath

Il était un nain et avait en face de lui un géant, l’entreprise La Toulousaine qui occupe une part de marché considérable sur ce segment des grilles et rideaux. David contre Goliath en somme. « Cette rivalité avait un effet stimulant sur lui. Il n’était pas impressionné du tout par la taille des acteurs du marché. La conformité à la norme était devenue une obsession et il pouvait épuiser ses interlocuteurs avec ce sujet », se souvient un participant actif aux réunions du SNFPSA, le syndicat de la fermeture et du store devenu depuis Actibaie. Mais cet acharnement et cet entêtement ont fini par payer. Javey s’est taillé une réputation de petit qui tacle les gros et ça a plu à bon nombre d’artisans qui sont devenus ses clients. L’entreprise s’est ensuite lancé dans la porte de garage pour les particuliers, là encore sans craindre un seul instant la puissance des acteurs implantés de longue date sur ce marché. Cet autodidacte qui s’est forgé tout seul une connaissance aiguë des règles du commerce et du marketing, s’était vu décerner un prix par le Harvard Business School Club de France et a été élevé au rang de Chevalier de l’Ordre National du Mérite en 2006. Il devait en tirer une certaine fierté, bien que les honneurs des remises de prix n’étaient pas son terrain favori. Fin cuisinier lui-même, il n’était jamais aussi heureux que lorsqu’après une matinée de travail il pouvait faire découvrir un des restaurants de sa région. Nous en gardons un souvenir ému.