Dans un quartier huppé de la capitale, Jim de Missolz dirige un des derniers ateliers de métallerie et de ferronnerie de Paris. Des conditions de travail atypiques qui étaient pourtant courantes il y a encore une vingtaine d’années.

La rue de Grenelle dans le 7e arrondissement se situe dans un carré chic de la capitale. Le prix du m2 y dépasse facilement 15 000 euros. Sans doute faut-il avoir un brin de folie douce pour imaginer allumer ici une forge, frapper le fer au martinet, usiner des tubes, souder et meuler… En bref, quelle idée de lancer une métallerie-ferronnerie et serrurerie d’art en plein Paris ? Cette idée n’a pas effrayé Jim de Missolz. Au 42 de cette rue truffée de boutiques de luxe, ce jeune compagnon de 34 ans a repris en 2013 l’échoppe de Jacques Bonpunt. L’ancien président de l’Union des métalliers disparu en novembre 2020, a passé toute son enfance à cette adresse qui comprend trois niveaux : le sous-sol avec la forge, le martinet, le tour, les outils d’usinage des clés, le rez-de-chaussée avec l’atelier à proprement parler et l’étage où Jim a installé son bureau. Autrefois l’étage servait d’appartement à la famille Bonpunt (le couple avec trois enfants). L’ensemble ne dépasse pas 120 m2 et l’entreprise occupe aujourd’hui cinq personnes. Quels types d’ouvrages peuvent bien sortir de cet atelier atypique ? « Nous avons une préférence pour la serrurerie traditionnelle (crochetage de meubles anciens, restauration de serrures, reproduction de clés de type à chiffre labyrinthe, à tige en trèfle, triangle double fut…), mais aussi pour la réalisation d’ouvrages sur mesure pour la décoration d’intérieur de luxe tel que du mobilier, des luminaires, des escaliers, des rampes de style », raconte Jim de Missolz.

Plaintes du voisinage…

Forcément, vu le voisinage, ce dernier veille particulièrement à réduire le bruit autant que possible. Par exemple, l’enclume a été posée sur des amortisseurs et la dalle au sous-sol a été ceinturée par une tranchée avec du sable pour réduire la transmission vibratoire. Pour autant, Jacques Bonpunt aimait raconter que le martinet parvient à faire tomber les chaussures des présentoirs des boutiques du coin… La cohabitation a été jusqu’à présent pacifique. « J’ai eu mes premières plaintes au moment du premier confinement. Des personnes qui habituellement étaient au bureau n’ont assurément pas apprécié le bruit qu’engendre l’activité ». Autre contrainte : la livraison de matière première. Pas question de « surstocker », il n’y a pas la place. KMF livre la matière directement sur l’étroit trottoir et, à ce moment, il faut s’empresser de tout rentrer dans l’échoppe. Mais alors, pourquoi rester dans ce lieu où les conditions ne se semblent pas idéales ? « La clientèle sait que nous sommes là, c’est une adresse centenaire. Aussi, comme les décorateurs et architectes sont dans Paris, c’est un atout déterminant pour discuter sur place des projets », explique le dirigeant. Ce dernier est cependant à la recherche d’un atelier en banlieue où il pourrait réaliser des ouvrages plus volumineux. Idéalement en mode collaboratif, avec d’autres métiers complémentaires.