La pose est une affaire de professionnels expérimentés qui n'est pas confiée à la sous-traitance.
Installée dans la campagne normande, proche de la région parisienne, cette PME s’est spécialisée sur le créneau des boutiques de marques. La situation sanitaire affecte cependant ses clients, ASMT s’est donc ouvert à de nouveaux marchés.

La pose est une affaire de professionnels expérimentés qui n’est pas confiée à la sous-traitance. C’est un cheminement à contre-courant que celui d’ASMT. Installée depuis 2018 à Saint-Marcel, près de Vernon dans l’Eure, cette PME créée en 2001, est à l’origine un sous-traitant de pose. Le travail ne manquait pas, mais il y avait aussi une frustration. « Le poseur est la dernière roue du carrosse. En général, quand il y a un impayé, c’est pour lui », lâche Jérôme Souday, le dirigeant. Alors que bon nombre de métalliers ont cessé la pose, ASMT a fait le choix de garder ses poseurs et d’intégrer la fabrication. Dès 2006, avec SMAL, la métallerie dirigée par Jean-Pierre Souday, son oncle, il décide de voir plus grand et de prendre ses propres chantiers. Dans un premier temps avec des ouvrages de technicité courante avant de changer d’univers : celui des magasins de grandes enseignes. « Sur ce terrain il est vital de maîtriser la chaîne. Le meilleur travail en atelier risque d’être sabordé avec des poseurs peu scrupuleux ». Au fil des années, ASMT qui a fait de SMAL une filiale, est devenu un des acteurs majeurs de la métallerie pour les boutiques des grandes marques, notamment celles du luxe.

GlorietteRogerGallet.jpg
Une gloriette habillée de métal déployé pour une boutique Roger & Gallet.

L’EXTRÊME ATTENTION AU DÉTAIL

Les références ne manquent pas. Quelques-unes sont prestigieuses comme les boutiques du maroquinier Longchamps des Champs Élysées et de la rue Saint-Honoré à Paris. ASMT a livré l’Hôtel Martinez à Cannes, la boutique Lancôme des Champs Élysées et réalise en ce moment la boutique Hermès de Lyon. Les architectes-décorateurs de Chanel, Audemars Piguet, Hermès, l’Oréal, H&M, Lancel… ont été convaincus par la PME familiale. Celle-ci est qualifiée pour travailler en zone dédouanée des aéroports, une habilitation qui n’est pas donnée au premier venu. « Gagner la confiance des clients est capital sur ces marchés. Nous sommes aussi les sous-traitants des agenceurs (TCE) qui traitent la globalité de l’exécution ». Les ouvrages sont variés. Des escaliers, des rampes, des façades et des verrières, mais rien d’ordinaire. Chaque boutique a son identité en phase avec la marque qu’elle représente. Cela peut se traduire par des détails originaux et inédits. « Nous sommes serruriers d’agencement plus que métalliers et apportons un soin extrême au détail de la conception, jusqu’à la pose », souligne Jérôme Souday. Pas question de tricher ; si la soudure doit être invisible le client ne se satisfera pas avec un cordon meulé. Le travail doit être parfait. L’ouvrage pourrait être une rampe et un garde-corps en laiton avec effets cuivrés et finition dans un bain de nikel brillant, le tout assemblé mécaniquement, sans vis apparentes. Pas un travail courant... Un chantier atypique ? Le magasin Etam rue Halévy à Paris. S’y trouve un plancher de verre de 150 m2 conçu par le BE Eckersley O’Callaghan. Il est composé de panneaux 3 x 12 mm Centryglass extra-clair avec des volumes de 4 x 3 m. L’ouvrage a un verre sacrificiel de 12 mm trempé extra-clair composé du film Lintec, d’un traitement lite Floor dessinant une fibre de bois réalisé en partenariat avec TGVI. Là encore, ça n’est pas banal. Un des atouts d’ASMT, sa localisation. Avec un accès aux autoroutes A13 et A14, l’entreprise est à une heure de Paris tout en ayant des locaux spacieux et modernes.

Etamplancher.jpg
Le plancher de verre de la boutique Etam près de l'Opéra à Paris a été imprimé avec un motif de veinage bois.

UNE SITUATION QUASI IDÉALE

Les équipes du bureau d’études, du chiffrage et de l’administration profitent d’un espace lumineux et convivial. « Nous nous appliquons la qualité et la rigueur que les clients attendent de notre travail. Nos locaux sont le reflet de cette exigence. Ils permettent de recevoir les clients dans de bonnes conditions et aussi de séduire les candidats de bon niveau que nous recrutons ». Le recrutement est une des difficultés de ce métier qui suppose une multitude de compétences, au-delà de la maîtrise technique. « Nos interlocuteurs sont exigeants. Ils ont besoin que nous trouvions des solutions pour leurs projets qui sont souvent inédits. Cela implique une bonne écoute et pas mal d’imagination ». La crise sanitaire a cependant obligé 80 % des clients d’ASMT à « fermer boutique ». Le travail ne s’est pas arrêté car la maintenance et les transformations des lieux de vente continuent. D’autant que les entreprises étrangères ont été pour la plupart empêchées d’entrer en France. Le dirigeant a engagé son entreprise sur d’autres terrains.

MAINTENANCE ET RIDEAU MÉTALLIQUE

Le luxe et les boutiques de marques resteront la carte maîtresse. Mais la maintenance est une activité en développement. Par exemple, avec la décision de fabriquer en interne les grilles et rideaux métalliques qui étaient auparavant commandés chez des industriels. « Nous achetions pour 300 000 à 350 000 euros de grilles et rideaux par an. Ça justifie une fabrication en interne ». Ce choix qui ne remet pas en cause les relations historiques avec Eurolook, est aussi déterminé par l’impératif de réactivité. Quand le client voit sa grille vandalisée, pas question d’attendre deux semaines. En lançant une fabrication maison, il sera possible de livrer en 48 heures. ASMT envisage même de livrer les confrères métalliers. Cette nouvelle activité permettra de diversifier le chiffre d’affaires et de se remettre un peu de la pression des chantiers du luxe « source de satisfaction mais aussi de stress considérables avec des délais toujours ultracourts ».