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Ce groupe familial drômois a deux activités principales : l’automobile et le bâtiment. Il y a une complémentarité entre les deux. Là n’est pas sa seule particularité. Le regard sur l’activité et le management y sont atypiques.

À l’origine il y a Maurice Bonhomme, agriculteur ardéchois qui fabriquait ses machines. Un poste à souder, une scie à ruban, des tubes… avec ça l’homme né en 1933 transformait une remorque en « un engin spécial ». Il créa son entreprise en 1963 avec l’idée de fabriquer des hangars et des machines agricoles. D’où la double culture du Groupe Bonhomme aujourd’hui dirigé par les fils, Christophe, 55 ans, et Thierry, 53 ans. Le premier à la tête du pôle bâtiment, le second du pôle automobile (garage, vente multimarques, pneus). Une association insolite ? Au vu de l’histoire de l’entreprise c’est une répartition logique. D’ailleurs, nombre de métalliers ne cachent pas leur passion pour l’automobile et Maurice est toujours fier de montrer ses voitures anciennes. Les deux univers ne partagent pas seulement une surface commune de cette zone d’activité à
dix kilomètres de Valence. Christophe et Thierry partagent aussi une même approche commerciale privilégiant « l’offre globale ». Pour le pôle bâtiment cela prend une dimension stratégique.

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Au premier plan se trouvent les hangars de stock avec leur toiture photovoltaïque.

Offre tous corps d’état et au-delà

Christophe Bonhomme rejoint son père en 1984 après ses études. Il apprend le métier sur le tas et, en 1986, il a l’opportunité de construire un garage automobile pour un concessionnaire local. Il choisit de tout prendre en main, comme une entreprise générale et de piloter les intervenants autres que sa propre équipe de charpente et couverture. Il se fait la main et ça tombe bien, tout a fonctionné comme prévu. Christophe est convaincu que son choix a été le bon. « Nous ne sommes pas là pour répondre à la demande du client, mais à ses besoins. Ça n’est pas pareil ». Le ton est donné. L’homme a une curiosité et un intérêt particulier pour le management, la stratégie commerciale et le développement personnel. Les résultats sont parlants. La structure comptait quatre salariés dans les années quatre-vingt, plus de 100 aujourd’hui. Bonhomme Bâtiment, qui comprend les activités charpente-couverture-bardage, accessibilité et métallerie est engagé dans une démarche proactive de conseil et d’élaboration en amont des projets. Un client souhaite une extension pour son site ? Bonhomme lui fait acheter un terrain et y construit une nouvelle usine jusqu’à trouver un locataire pour l’ancien site. Au-delà du service, c’est une approche poussée du « travail collaboratif ». La démarche est pragmatique pour échapper à la « spirale du coût bas ». Selon Christophe Bonhomme « la condition pour passer à l’offre globale est d’être capable de combler les manques dans les dossiers. Recadrer et pérenniser des projets mal fagotés au départ ». L’entreprise intervient avec une équipe constituée. Pas à la manière d’une entreprise générale sous-traitant au moins-disant qui n’est jamais présenté au client. « Nous ne cachons rien, nos partenaires architectes et entreprises, sont connus ». Parmi les bâtiments notables citons STI Plastic à Saint-Marcellin (38), Wittman à Voiron (38), Prodeval à Châteauneuf-sur-Isère (26) et Octogone à Rovaltain (26). L’édifice en R+3 à énergie positive héberge Icare, un cabinet d’intelligence collective axé sur la transition énergétique. Des sujets chers à Christophe Bonhomme.

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Outils de production et management

Chaque entité, charpente, accessibilité et métallerie, conçoit, fabrique et pose. Maîtriser la chaîne et les savoir-faire fait partie de sa culture. C’est dans cette optique qu’a été décidé en 2018 un investissement d’un million d’euros. Une ligne de grenaillage – perçage/fraisage et débit conçue et mise en œuvre avec le fabricant Vernet-Behringer. Sur une longueur de 80 m, les profils et les tubes sont acheminés automatiquement jusqu’à la zone d’assemblage après avoir été travaillés sur les trois machines qui communiquent entre elles. Cette ligne est supervisée par une seule personne et sera une des clés pour réussir à doubler le chiffre d’affaires d’ici 2024. « Passer de 33 millions d’euros à 60 millions est notre Challenge olympique », indique le dirigeant. D’autant que les effectifs ne devraient pas dépasser 120 salariés.

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Vue sur la grenailleuse en début de chaîne d’usinage et débit.

Complémentarité des compétences

Côté salariés justement. L’entreprise se distingue, là aussi, par quelques particularités. Une moyenne d’âge de 38 ans, un turnover faible et une centralisation des fonctions administratives pour les entités du groupe. « Synergies au travail et complémentarité des compétences tout comme l’écoute active et le contact direct » sont appliqués en interne comme ils le sont vis-à-vis des clients. Pour aiguiser cet esprit collaboratif, Bonhomme a mis sur pied des groupes de travail entre salariés des diverses entités et services. « Le but des Blabla Team comme nous les appelons est d’apprendre à se connaître pour mieux s’aider, créer du lien et faire progresser l’organisation », souligne Gwendoline Perrin en charge de la communication interne et de la sécurité au travail. Plusieurs des œuvres d’art accrochées aux murs des bureaux proviennent d’ailleurs de ces réunions, ils en sont la partie visible. Ce qui est moins visible mais palpable est un sentiment de bien-être. Des valeurs comme le respect de la sécurité et de l’environnement, par exemple, ne sont pas vues comme un « outil de communication » mais sont affaire de conviction. Par les temps actuels, c’est un détail d’importance.

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Table à souder Jansen dans l’atelier de métallerie. / Une nouvelle identité visuelle a été mise en place en 2019.

Parcours

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Christophe, 55 ans, à ses côtés son fils Maxime, 26 ans. Ils ne sont ni charpentier ni métallier. Deug de physique pour le père et Licence de gestion pour le fils. Pourtant personne n’imagine un instant remettre en cause leur légitimité. La réussite du management se mesure à sa capacité à faire progresser ensemble des compétences complémentaires, c’est de l’intelligence collective. Cela vaut aussi pour, Thierry, 53 ans, frère de Christophe et en charge du pôle automobile.

www.bonhomme-groupe.com

Entreprise : Bonhomme Pôle bâtiment
Effectifs : 106 salariés
Chiffre d’affaires : 35 millions d’euros
Surface couverte : 13 000 m2 dont 6 000 m2 de toiture photovoltaïque
Investis­sement récent : Ligne de grenaillage, perçage-fraisage et débit Vernet Behringer