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Cette entreprise chalonnaise est dirigée depuis trois générations par un Rossignol. Axée au départ sur la charpente pour bâtiments agricoles et industriels, elle s’est progressivement ouverte à d’autres marchés plus porteurs. Le charpentier est en passe de devenir métallier.

L’histoire est classique. La France de l’après-guerre est en pleine reconstruction et modernisation. Quand Georges Raymond Rossignol créé en 1959 son entreprise de construction métallique, couverture et bardage, il y a du travail pour tous. Ce mécanicien de formation a construit son premier atelier (ouvert sur les quatre côtés) à deux pas de la maison familiale, à Saint-Rémy, à l’ouest de Chalon-sur-Saône (71). L’économie locale était à dominante agricole et industrielle lors des Trente Glorieuses. Logiquement les chantiers sont majoritairement constitués de hangars et le succès est au rendez-vous. « Nous exposions sur les foires où les clients achetaient les bâtiments à la travée. Il arrivait que le hangar qui faisait office de stand soit vendu dès le premier jour », se souvient Christian, le fils du fondateur, qui a repris la gérance en 1993. Auparavant, en 1963, l’entreprise déménage dans de nouveaux locaux modernes et pleinement adaptés à son activité. La première qualification Qualibat est obtenue en 1965 et le marché est alors à dominante industrielle. CM Rossignol se lancera même un temps dans la menuiserie aluminium. Les temps difficiles, entre 1993 et 1998, suite à la première crise du Golfe, ont failli être fatals. « Il y a eu l’effet Coupe du Monde de football qui a heureusement relancé la machine. C’est à cette époque que le marché a muté et vu apparaître des entreprises spécialisées dans la pose qui nous ont aidé à répondre à la demande en limitant les investissements difficiles à rentabiliser », se souvient Christian Rossignol. Ce dernier est rejoint en 2005 par son fils Fabien qui, après des études d’ingénieur, a travaillé un temps comme consultant en région parisienne. Ce dernier a pris les commandes en 2018.

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Une réorientation salutaire

Une fois la relève assurée, dans quelle direction s’engager ? Continuer dans le marché traditionnel des prédécesseurs tout en diversifiant l’activité. La concurrence européenne est rude sur les chantiers tels que les équipements sportifs ou les grands ensembles industriels. Seuls les charpentiers français ayant fait d’immenses investissements en machines automatisées peuvent encore participer à cette course où les prix sont tirés vers le bas. Justement qu’en est-il du parc machines de Rossignol ? Il est à l’image du bâtiment : « dans son jus ». Plieuses, cisailles, poinçonneuses, table d’oxycoupage, ponts roulants, banc de perçage à commande numérique, scies… tout y est, en bon état de marche malgré les années de fonctionnement. À défaut de pouvoir jouer sur la vitesse de production et le volume, le nouveau dirigeant vise des projets plus modestes (moins de 2 000 m2 de surface) dans lesquels il puisse prendre à son compte toute la chaîne, de la conception à la pose, voire la maintenance. « Nous savons concevoir des plans de locaux industriels en fonction du type de production et des besoins de nos clients », souligne Fabien Rossignol. Pour les dessins (logiciels Advance Steel et Tekla) et les études, il peut s’appuyer sur Gérald Prompt, spécialiste de la construction métallique, qui l’a rejoint récemment. Parallèlement, le charpentier de Saint Rémy qui ne s’aventure pas ou peu en dehors de son département, se développe vers la métallerie. Des auvents, des brise-soleil, des garde-corps, des escaliers et des passerelles constituent un volant important d’activité notamment en direction des équipements publics, du collectif et du tertiaire. Le dirigeant veut faire de son ancrage local un atout.

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Garde-corps prêts à partir sur chantier. _Chantier2MoingeonBeaune_GF.JPG_Auvent.JPG
L’entreprise a une vraie compétence dans la réalisation d’ouvrages pour des process industriels.

La carte du circuit court

« Nous voyons apparaître une catégorie de décideurs qui sont soucieux de faire vivre le tissu économique local. Ce sont des entrepreneurs et des élus ayant un sens éthique mais qui sont aussi pragmatiques. Ils veulent un entrepreneur local et lorsqu’il y a une modification à apporter sur leur ouvrage, ils veulent que ça se fasse vite », explique Christian Rossignol qui, bien que retraité, garde un bureau dans l’entreprise. Le conseil, le service et la réactivité se conjuguent avec le goût du relationnel. Fabien est depuis trois ans président de la FFB 71 et adjoint du maire de Givry. « Dans notre région, tout le monde se connaît et nous avons intérêt à bien faire notre travail. Nous misons sur les solutions que nous pouvons apporter, les idées nouvelles auxquelles le client n’a pas pensé, des variantes intéressantes pour tout le monde », s’enthousiasme Fabien.
Cette stratégie doit s’appuyer sur un travail de notoriété et de communication en même temps qu’une meilleure anticipation des besoins. Ce dernier point peut se traiter notamment avec un outil ERP. Ça tombe bien, avant de rejoindre son père à Saint Rémy, Fabien travaillait sur la mise en place de logiciels ERP dans les grands groupes. Il en mesure parfaitement les avantages, mais aussi les contraintes.

Un trio de tête

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Fabien Rossignol, Gérald Prompt et Christian Rossignol

Ça n’est pas parce que Christian Rossignol a cédé les commandes à son fils qu’il n’a plus rien à dire dans l’entreprise. « Je suis encore utile pour le chiffrage de charpentes métalliques ou, par exemple, pour m’occuper du renouvellement des qualifications Qualibat », lâche-t-il en souriant. Fabien, 40 ans, ingénieur Arts & Métiers, est gérant depuis 2018. Il a été rejoint en janvier dernier par Gérald Prompt, 39 ans, BTS CM de La Mache, ancien responsable du BE d’un confrère local. À eux deux ils traitent les études et les dessins des ouvrages à fabriquer et à poser. Fabien ayant cependant en plus une fonction commerciale et un mandat de président de la FFB 71.

Entreprise : Constructions Métalliques Rossignol
Effectifs : 14
Chiffre d’affaires : 1,7 million d’euros
Surface couverte : 2 000 m2  d’atelier + 800 m2 locaux annexes et bureaux
Investis­sements récents : Matériel pour équipe de pose et véhicules
Investis­sement à venir : Logiciel ERP