Alors que la sécurité au travail a fait des progrès considérables, le bruit et ses conséquences restent sous-estimés voire méconnus.

Gare à l’acouphène

Près de 10 millions de personnes de tous âges en France disent souffrir d'acouphènes. Selon une enquête Ifop pour le compte de l’association JNA (Journée nationale de l’audition), les Français se considèrent à 55 % « peu ou pas du tout informés » sur cette question alors qu’ils ne sont plus que 9 % dans ce cas sur le sujet du Covid, 11 % sur le tabac et l’alcool. Le mal est donc à la fois répandu et méconnu. 41 % des jeunes de moins de 35 ans se disent inquiets sur la surdité et l’acouphène alors qu’en même temps ils sont les moins informés. Toujours selon l’enquête Ifop, pas moins de 56 % des interrogés évoquent une perte de concentration à l’exposition au bruit qui entraîne également une irritabilité, de la fatigue et du stress. Il est étonnant que 77 % des interrogés n’évoquent jamais cette question de la nuisance sonore à l’occasion d’une visite chez leur médecin traitant. Seulement un Français sur cinq a fait un bilan ORL il y a moins de cinq ans…

Terrain favorable de la métallerie

Les sources d’apparition de ces troubles sont multiples. Ils peuvent survenir autant dans la vie privée qu'au travail. Avec le développement de la téléphonie mobile, les écouteurs étroitement glissés dans les oreilles ont nécessairement un impact négatif. Sur le plan professionnel, reconnaîssons que la métallerie est un « terrain favorable » dans les ateliers de production. Entre les bruits de machines (perceuses, meuleuses, scies, perforateurs…), les coups de marteaux sur l’enclume ou sur un ouvrage en fabrication et celui des chutes de tôles ou de barres, le métier est connu pour son caractère sonore… Le métal sonne fort, c’est un fait. La particularité de la métallerie par rapport à d’autres secteurs, industriels notamment, c’est que la source de bruit n’est pas constante ni cantonnée à un seul endroit. L’émission d’un son puissant et potentiellement générateur d’acouphène peut survenir à tout moment et quasiment à chaque endroit de l’atelier. Difficile dans ce contexte pour l’employeur d’engager des travaux de cantonnement, par exemple. Les murs absorbeurs de bruit permettent de réduire le volume global et la réverbération du son en question. Viennent ensuite les protections auditives individuelles qui sont plus ou moins faciles à porter et plus ou moins efficaces. Par exemple, manipuler avec des mains sales une protection à glisser dans l’oreille peut engendrer d’autres désagréments, encore plus pénibles. Mettre un casque auditif en même temps qu’un masque de soudage est également délicat. Les solutions à préconiser en métallerie sont nécessairement multiples. Elles passent aussi par des comportements à corriger et une organisation à améliorer. Installer le réflexe du bilan auditif au même titre que le bilan de santé est déjà une manière de sensibiliser l’ensemble du personnel. Enfin, une visite du site de l’association JNA est une piste d’information intéressante et gratuite. (www.journee-audition.org)

Photo : Chair Alfajar - Unsplash