Le nouveau bâtiment d'Oriel est à quelques pas de l'ancien où se trouve toujours Sinfal. © Pyc
Le nouveau bâtiment d'Oriel est à quelques pas de l'ancien où se trouve toujours Sinfal.
À quelques pas du lac Léman et des Alpes, en face de la Suisse, les conditions de travail sont plutôt agréables. Les deux entreprises dirigées par David-Alexandre Giraud sont en pleine expansion grâce notamment à la vitalité économique en Haute-Savoie.

Sinfal et Oriel à Amphion-les-Bains (74)

Daniel Giraud, ex-cadre de l’industrie de l’ameublement, rachète en 1988 une serrurerie artisanale à deux pas du lac Léman, entre Thonon-les-Bains et Évian. Il n’imaginait sans doute pas que, 33 ans plus tard, son fils David-Alexandre allait se trouver à la tête d’une structure florissante constituée de deux sociétés : Sinfal et Oriel. Au départ il y a Sinfal, le nouveau nom de ce qui fut la Ferronnerie du Gaveau, pour « Service Inox Fer Aluminium ». De la petite activité de menuiserie aluminium (gamme Technal) est créée en 2000 une société à part entière qui porte le joli nom d’Oriel (le bow-window en français). David-Alexandre rejoint son père en 2005. Ils travaillent ensemble durant trois ans et, en 2008, le jeune homme rachète les parts de sa sœur et de son frère et prend les commandes de l’entreprise. « J’ai vraiment appris à connaître mon père durant ces trois années d’accompagnement. À la fin de la période de transition, il m’a laissé me débrouiller seul. C’est important pour les salariés comme pour les clients de savoir qui décide en fin de compte dans l’entreprise », raconte celui qui a démarré sa vie professionnelle chez Bouygues Constructions.

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Vue de l'atelier aluminium d'Oriel. /Sinfal réalise aussi de la charpente en complément de la métallerie.

Deux entreprises complémentaires

Les deux structures correspondent à deux activités distinctes. La métallerie acier et Inox pour Sinfal, la menuiserie aluminium pour Oriel. Cette dernière dispose depuis 2020 d’un bâtiment rutilant de 1 300 m2 à quelques pas de la métallerie. Aux yeux de certains, investir près de 250 000 euros dans une unité de production de menuiserie aluminium peut paraître risqué. David-Alexandre est sûr de lui et de la pertinence de son choix. « Nous sommes positionnés sur des opérations plutôt haut de gamme. Le panier moyen du client local est plus élevé chez nous qu’ailleurs. En revanche cette clientèle veut de la proximité pour le service et de la réactivité dans l’intervention. Aussi, la crise du Covid nous a montré combien le circuit court et la production locale sont des arguments porteurs », lâche-t-il. Oriel est actuellement en phase de recrutement d’un commercial pour développer plus activement cette clientèle des particuliers. L’offre va de la menuiserie, à la véranda en passant par les portails et la protection solaire. L’idée est aussi d’avoir un espace de production à l’unité ou en petites séries de menuiseries PVC. Toujours pour être plus réactif et disposer ainsi d’une offre complète. Forcément, il peut y avoir ses synergies avec Sinfal. Dans la métallerie qui occupe près de 3 000 m2 couverts, il y a deux espaces de travail distincts, un pour l’acier et un pour l’Inox. Pas question que des outils migrent d’un atelier vers l’autre. On y fabrique tous types d’ouvrages de métallerie jusqu’à de la petite charpente. La particularité, outre le fait que toute la surface est solidement desservie par des ponts roulants, ce sont les cabines de grenaillage, de métallisation et de peinture qui se trouvent en bout de ligne. Entendez de la peinture liquide en qualité « carrosserie automobile », ce qui n’est pas courant dans le métier. L’optique à court terme est de développer la menuiserie acier (gamme Forster) et celle-ci sera également traitée en peinture liquide avec cuisson au four.

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Dans l'atelier dédié à Inox il n'est pas question que l'on fasse entrer des tôles d'acier.

Plein emploi et zone frontalière

L’activité économique au bord du lac Léman est soutenue et le taux de chômage y est un des plus faibles de France. Les sites industriels de Danone, de Weka, des eaux minérales d’Évian, de Thalès et de papeteries diverses, en plus du tourisme avec, par exemple, le Golfe de Thonon, assurent le quasi plein emploi dans la région. Une situation forcément positive pour le pouvoir d’achat des particuliers et l’investissement en général. En revanche, c’est moins favorable pour les recrutements. En effet, frontaliers de la Suisse, les entrepreneurs locaux font face à la concurrence des salaires sensiblement plus élevés sur l’autre rive du lac. Du coup, « on soigne un peu plus ses salariés et on propose un management plus à l’écoute des besoins des uns et des autres ». David-Alexandre Giraud joue aussi la carte de la convivialité. Par exemple, au dernier niveau du bâtiment d’Oriel, se trouve une véritable salle des fêtes décorée et équipée comme un bar branché du centre-ville. Une des solutions connues pour attirer des jeunes dans l’entreprise est de soigner les liens avec les établissements de formation et d’accueillir des apprentis. Mais le dirigeant reste pragmatique : « Nous embauchons tout le monde… Du moment que la personne veut travailler et qu’elle montre de la bonne volonté, nous lui enseignerons le métier ».

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Le show-room d'Oriel offre au visiteurs une vue sur l'atelier. C'est désormais primordial, comme dans les restaurants. /Un espace a été spécialement conçu pour recevoir les salariés à des occasions festives et conviviales.

Un goût pour l’art

L’objectif du dirigeant est de parvenir à proposer une « réponse globale » avec l’aluminium, l’Inox, l’acier et le PVC. Le tout avec une préoccupation élevée de qualité de réalisation et de rapidité dans l’intervention. « Pour l’activité PVC, il ne s’agira pas de livrer 200 fenêtres sur une opération. Le but est de ne pas être retardé sur un chantier à 600 000 euros à cause d’une fenêtre à 600 euros. Pour être tranquille nous la fabriquons nous-même ». Notons que David-Alexandre est amateur d’art contemporain. Pour preuve son étonnant bureau fabriqué dans son atelier selon les esquisses du célèbre dessinateur et scénariste de BD science-fiction Philippe Druillet (auteur de Lone Sloane). Au mur du bureau est accroché un grand tableau de l’artiste Philippe Pasqua, connu pour ses crânes et plus récemment ses requins géants en Inox. Sinfal fabrique d’ailleurs les supports en charpente de ces grands squales métalliques. « Les gars dans l’atelier ont été fiers de travailler sur ces œuvres. C’est une source de motivation supplémentaire pour nous tous. J’aimerais, dans les prochaines années, pouvoir développer plus intensément cette activité de fabrication d’œuvres d’artistes ».

Entreprises

Sinfal et Oriel

Effectifs

Sinfal : 30

Oriel : 17

Chiffre d’affaires

Sinfal : 4,5 millions d’euros

Oriel : 2,3 millions d’euros

Surface couverte

Sinfal : 3 000 m2

Oriel : 1 300 m2

Investissements récents

Nouveau bâtiment pour Oriel, plieuse + cisaille Combi JC Colombo, centre d’usinage Elumatec.

David-Alexandre Giraud

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Âgé de 43 ans, il a repris l’entreprise de son père alors qu’il venait d’en avoir 28. Diplômé de l’école de commerce Idrac de Lyon + DESS de gestion, il se sentait un peu « déconnecté du réel ». Cela le pousse à poursuivre son cursus avec un CAP d’assistant chef de chantier. Sa carrière a démarré rapidement chez Bouygues Constructions Île-de-France. Il apprend tout sur le terrain au contact des hommes de métier. L’envie de reprendre l’entreprise du père était cependant plus forte que celle de gravir les échelons chez un major du BTP. « Enfant, quand je venais à l’atelier, mon père me faisait voir les ouvrages en cours de fabrication. Ça m’avait marqué pour toujours ».

www.sinfal.com / www.oriel-technal.fr